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Par   •  16 Décembre 2014  •  4 873 Mots (20 Pages)  •  712 Vues

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LA DISTANCE DANS LA RELATION EDUCATIVE

Cette note de réflexion est le résultat de mon expérience de la relation éducative et de réflexions liées à l’accompagnement éducatif des personnes accueillies. Il concerne la distance dans la relation éducative. Au fil de mes expériences professionnelles j’ai pu observer qu’un rapprochement s’opérait entre moi et la personne accueillie. A cette époque là je n’étais pas encore entrée en formation. Ce rapprochement, dans certaines situations, ne me posait aucun problème et dans d’autres, me poursuivait jusque dans ma vie privé parce que j’y pensais encore après avoir fini mon travail. Je trouvai cela un peu excessif et me suis engagée dans une analyse de ce qui me touchait dans cette expérience du lien. Je me suis également questionné sur la pertinence du travail éducatif quand il y a collage. Est-ce bénéfique pour le sujet accompagné ? J’ai rapidement senti la nécessité de rentrer en formation pour acquérir « la boite à outil » du moniteur-éducateur. Je suis donc actuellement en formation et lors de mes deux stages j’ai été particulièrement attentive à cet aspect de l’accompagnement.

La première situation que j’ai rencontrée était en M.E.C.S. J’étais éducatrice scolaire. L’enfant avait sept ans et était dans une angoisse telle qu’elle m’a ému. Elle souffrait d’encoprésie et je l’accompagnai régulièrementse changer. Je ne comprenais pas ce phénomène et à l’époque je ne savais pas où m’adresser pour mieux l’accompagner. L’équipe éducative était partagée entre l’idée qu’elle le faisait exprès ou qu’ils ne savaient pas quoi faire. Bref j’ai cherché des solutions auprès des psychologues et me suis retrouvée à protéger cette enfant. Ceci nous a rapproché et comme je savais que j’allais partir de la structure je me suis questionnée sur l’évolution de ce lien. N’y avait pas t-il eu trop d’implication ? L’enfant n’allait-elle pas le vivre comme une perte ?

« L’institution place l’éducateur en « mère dévouée » auprès de l’enfant. Ce dernier projette sur lui son espoir de retrouver cette mère perdue ou de trouver celle qu’il n’a jamais eue. Il transfère aussi sur l’éducateur des éléments de la relation à ses parents, images parentales par le biais desquelles se rejouent l’amour, la haine, l’agressivité, le conflit…L’éducateur est lui-même acteur, par les bribes de sa propre histoire qui s’insinuent dans la relation, la relation à ses propres parents, mais aussi il peut se voir dans l’enfant qu’il veut aider. Ce que j’ai pu apprendre de l’enfant carencé me permet de dire qu’il y a une nécessité de distanciation dans la relation éducative. Michel Lemay explique clairement que « tout l’apport d’affection est certes désiré mais il est tellement dérisoire par rapportaux attentes profondes qu’il laisse cruellement insatisfait. Les marques d’affection prodiguées à l’enfant carencé déclenchent également en lui un tel mouvement pulsionnel qu’il devient effrayé par l’intensité des émotions ressenties »(…) S’attacher à une personne signifie pouvoir perdre, c’est recevoir un amour profondément désiré mais aussi risquer de se retrouver dans la solitude si l’objet investi se dérobe. (…) L’enfant qui commence à aimer amorce un mécanisme de rejet dont il va être la victime, tout en fournissant à son entourage par ses attitudes inacceptables des motifs justifiés d’abandon. A ce moment l’enfant peut choisir de rompre la relation : donc un apport trop important d’affection confronte l’enfant à ses angoisses de perte. Une position de rejet le conforte dans son « statut » d’inexorablement mauvais, d’où la nécessité d’établir une relation avec le jeune suffisamment distanciée. » Christine Dorme. Question de distance dans la relation éducative. p.95-96.

Après quelques années, la formation et des étayages théoriques je peux dire qu’il y a eu un manque de distanciation de ma part en rapport avec la situation de cette enfant. Je croyais pouvoir la protéger et la réparer. Il y a eu un lien que je n’ai pas ajusté au mieux professionnellement. J’ai travaillé ce sentiment dans un espace psychothérapeutique. « L’indispensable distanciationentre l’enfant et l’éducateur passe par un travail de ce dernier sur lui-même.» p.97 Christine Dorme. « Question de distance dans la relation éducative ».

Le manque de formation et l’absence de fonction tierce dans le travail d’équipe à cette époque apparait maintenant clairement comme une explication à mon malaise. Il y a également une meilleure connaissance du processus éducatif qui me permet de dire maintenant que c’est avec ce rapprochement qu’on travaille mais avec un itinéraire balisé et des outils éducatifs dont je parlerai plus loin.

Carl Rogers dans « Le développement de la personne » 1966 p° 39-45 pose des questions qui me ramènent à cette situation : « Ma sécurité interne est elle assez forte pour permettre à l’autre d’être indépendant ? Suis-je capable d’agir avec assez de sensibilité dans ma relation d’aide pour que mon comportement ne soit pas perçu comme une menace ? Suis-je capable de voir cet autre individu comme une personne qui est en devenir ou vais-je être ligoté par son passé et le mien ?

La deuxième situation s’est passée en Institut-Médico-Educatif où j’effectuai un remplacement sur un groupe de pré-adolescents. M. faisait partie de ce groupe. Il est né avec une trisomie 21. Il a seize ans à l’époque. Il est agréable et a le sens de l’humour. Il vit en internat à la semaine et rentre chez sa mère le week-end. Il vit parfoistristement l’éloignement d’avec sa mère. Il a parfois m’a-t-on dit des accès de colère. Il a un traitement médical pour l’aider à s’apaiser et à dormir. J’ai établi une relation éducative avec lui depuis un bon moment qui me semble constructive. Un soir je rentre dans sa chambre pour l’aider à se mettre au lit. L’idée, c’est qu’il profite de l’effet du médicament pour s’endormir. Je lui lis une histoire, l’embrasse avant d’éteindre la lumière quand tout à coup il attrape mon collier et le tourne pour m’étouffer. Je le regarde interloquée, il me regarde bien dans les yeux puis lâche la prise. Je sors de la chambre et en avertis le chef de service avant de rentrer chez moi. Je réfléchis à ce qui s’est passé, en parle en réunion. Ce n’est pas la première fois qu’il a des gestes violents envers les éducateurs ou les autres personnes accueillis me dit l’équipe éducative. Moi, je me

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