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Les SWF - Agents de la vision patrimoniale

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Par   •  4 Mars 2015  •  Analyse sectorielle  •  2 567 Mots (11 Pages)  •  675 Vues

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Les SWF - Agents de la vision patrimoniale

L’émergence des fonds souverains, ces fonds créés par des Etats pour gérer les masses financières considérables tirées de la rente pétrolière ou des réserves de change, met en émoi les pays occidentaux. Ils craignent que les investissements de ces fonds, dans de grands groupes, procèdent de visées politiques. Cependant, nous montrons que les prises de participations des fonds ont d’abord une visée patrimoniale. Celle-ci accroît le basculement du monde en faveur des pays émergents, dans un contexte d’une financiarisation accrue et d’une possible criminalisation des flux financiers.

Nous assistons à un basculement du monde avec l’explosion des fonds souverains. Venus du Sud, ils prennent des positions financières de première ampleur dans les entreprises du Nord en cette année 2008, moment historique très particulier, où se conjugue un mouvement de longue période – la montée progressive de la puissance de ces fonds souverains – avec trois évènements particuliers – l’explosion du prix du pétrole, la chute du dollar et la crise des « subprimes » qui place en quasi-faillite de très nombreuses banques occidentales. Le premier de ces évènements accroît dans des proportions considérables les masses de liquidités détenues par certains de ces fonds souverains. Les deux autres rendent attractives pour ces fonds les entreprises occidentales. La baisse du dollar réduit le coût des acquisitions des entreprises en zone dollar. La crise financière du mois d’octobre 2008 multiplie les occasions d’achat des plus belles banques et entreprises occidentales. Au cours de ce mois, les pays occidentaux ont entrepris de multiples démarches pour que viennent à leur secours l’énorme force de frappe financière que représentent les fonds souverains.

La conjugaison de cette tendance et de ces évènements place les fonds souverains au premier plan de la géopolitique mondiale, dont ils deviennent les acteurs essentiels. Mais qui sont ces nouveaux acteurs de la globalisation ? Un fond souverain, ou sovereign wealth funds, est un fonds de placement financier créés par un Etat et contrôlé par lui qui détient une partie de l’épargne nationale et la place dans des instruments financiers variés, comme des bons du Trésor, notamment américains, des actions, des obligations ou sur le marché immobilier. Les sommes opérées par un fond souverain proviennent d’abord de la rente tirée de l’extraction de matières premières du sol du pays concerné. Elles proviennent également des réserves de change détenues par le pays ou de l’épargne des ménages. Le premier de ces fonds souverains a été crée en 1816 …en France. C’est la Caisse des dépôts et consignations (CDC). Sa puissance est alimentée par les dépôts des notaires et les réserves des caisses d’épargne. Fond souverain en 1816, elle reste fond souverain en 2008. « La Caisse des dépôts, nous allons en faire un instrument de cette politique de défense et de promotion des intérêts économiques primordiaux de la Nation », martèle le président Nicolas Sarkozy, lors de sa conférence de presse du 8 janvier 2008. Plus tard, le Koweït a créé son propre fond souverain en 1953.

Dernier-né de quelque importance, la China Investment Corporation (CIC), le fond souverain de la Chine populaire voit le jour en septembre 2007. Cependant, avec les années 2000 et surtout à partir de 2005, trois faits modifient radicalement l’analyse des fonds souverains. Premier élément, leur puissance financière s’accroît dans des proportions considérables. Elle augmente au rythme de 24% par an au cours des trois dernières années, selon une étude du cabinet d'analyse américain Global Insight. Aujourd’hui, les estimations des sommes détenues par ces fonds varient. Mais les plus fiables les estiment dans une fourchette comprise entre 2.000 et 3.000 milliards de dollars. Selon le Trésor américain, les actifs des fonds souverains se situent actuellement entre 1.900 et 2.900 milliards de dollars. Le Fond monétaire international (FMI), de son côté, estime qu’ils gèreraient entre 2.000 et 3.000 milliards de dollars. Quant à l’avenir, cette puissance pourrait décupler. Un consensus s’est établi pour voir les fonds souverains dépasser la barre des 10.000 milliards de dollars dans 5 ans. Le FMI estime que les fonds souverains pourraient atteindre entre 6.000 et 10.000 milliards de dollars d'ici 2013. Le Trésor américain voit les actifs des fonds souverains atteindre 15.000 milliards d'ici la fin 2015. Soit l’équivalent du PIB américain ou la totalité du Standard and Poor 500, la capitalisation des 500 plus grandes entreprises mondiales. Ils prennent ainsi la place des hedge funds et autres fonds d'investissement dans le financement et le pilotage de l’économie ainsi que celle des banques centrales des pays dans leur rôle de prêteurs internationaux de dernier ressort.

Deuxième fait, ces sommes considérables sont désormais détenues par des pays du Sud. Les fonds souverains alimentés par les pétrodollars dominent. Ils représentent les deux tiers des sommes gérées par les fonds. Mais les pays émergents ont eux aussi créé leurs fonds alimentés par des réserves de change de plus en plus importantes. C’est notamment le cas de la Chine, dont les colossales réserves de 1.680 milliards de dollars sont en parties confiées à la CIC, dotées de 200 milliards de dollars. Les fonds des pays occidentaux – à la notable exception du fond souverain norvégien - ne jouent plus dans la même catégorie. Les 120 milliards d'euros de la CDC ne peuvent rivaliser avec les 850 milliards de dollars de l’Abu Dhabi Investment Authority (Adia), le plus puissant fond souverain au monde. Cependant, il convient de remarquer que la totalité des actifs des fonds ne sont pas destinés à des interventions extérieures. Ainsi, sur les 200 milliards de dollars du fonds chinois, seuls 67 milliards peuvent être investis hors de Chine. De même, certains fonds souverains, comme le fond algérien ou le fond russe n’interviennent pas hors des frontières de leur pays.

Troisième changement, enfin, la stratégie globale des fonds souverains s’est modifiée du tout au tout. Jusqu’au début des années 2000, ils investissaient principalement et sagement dans des bons du Trésor, notamment américains, des placements sûrs et donc aux rendements faibles à compter des années 2000, ces fonds souverains se lancent dans des stratégies très agressives, investissent dans des placements plus risqués mais aux rendements bien plus élevés. Ils entrent en force dans le capital des plus prestigieuses entreprises américaines, japonaises et européennes. Au début 2002, la part des Etats-Unis dans

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