Le contrôle de gestion dans la grande distribution: un exemple pour la banque commerciale?
Cours : Le contrôle de gestion dans la grande distribution: un exemple pour la banque commerciale?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar free13 • 11 Juin 2013 • Cours • 5 877 Mots (24 Pages) • 943 Vues
LE CONTROLE DE GESTION DANS LA GRANDE DISTRIBUTION :
UN EXEMPLE POUR LA BANQUE COMMERCIALE? .
Par Dominique Bessire, maître de conférences
Université de Paris I - Panthéon-Sorbonne
UFR 06 – Gestion Sorbonne
Résumé
Venues tard au contrôle de gestion, les banques ont massivement mis en œuvre des systèmes
transposés du monde industriel. Face aux limites de plus en plus évidentes de ce modèle, elles
cherchent aujourd’hui une source d’inspiration dans la grande distribution Cependant, en
méconnaissant la logique d’entreprise qui sous-tend le design des systèmes de contrôle de
gestion mis en œuvre dans ce secteur, les banques risquent une nouvelle fois d’être victimes
d’une illusion instrumentale.
Abstract: Management control in retail industry : an example for bank industry?
Banks have recently implemented management control systems which are deeply influenced
by the industrial world. Confronted with the more and more obvious limits of this model, they
seek a new inspiration in retail industry. But, in this way, they do not fully appreciate the
logic which underlies the design of the management control systems used in this sector and
run the risk of labouring under an instrumental delusion.
Introduction
" Ce n’est pas enlever au métier ses lettres de noblesse que d’affirmer que la banque
commerciale appartient au secteur de la distribution " ; cette déclaration de B. Tournier
(1995), président de l’Association Française des Contrôleurs de Gestion de Banque, témoigne
d’une profonde évolution. Venues tard au contrôle de gestion, les banques ont en effet
massivement mis en œuvre des systèmes transposés du monde industriel. Face aux limites de
plus en plus évidentes de ce modèle, elles cherchent aujourd’hui une source d’inspiration dans
la grande distribution (14). Les systèmes de contrôle de gestion adoptés dans ce secteur
apparaissent en effet aux yeux d’un nombre de plus en plus grand d’observateurs comme des
systèmes performants et, semble-t-il, aisément transposables (15).
Cependant, en méconnaissant la logique d’entreprise qui les sous-tend, les banques risquent
une nouvelle fois d’être victimes d’une illusion instrumentale (16)1. Les limites d’un modèle classique de contrôle de gestion
La mutation brutale de l’environnement bancaire au milieu des années quatre-vingt
(déréglementation, banalisation, désintermédiation...) a rendu possible et nécessaire la mise
en œuvre de systèmes de contrôle de gestion : " possible, car la liberté sur les volumes et les
prix permet la mesure de performances par rapport au marché ; indispensable, car la chute des
marges oblige à une gestion beaucoup plus fine " (Simon, 1992, p. 5).
Conçus à beaucoup d’égards comme une simple transposition de techniques largement
éprouvées dans les milieux industriels (Simon, 1992, p.15), les systèmes de contrôle de
gestion bancaire élaborés dans les dix dernières années souffrent cependant de handicaps
sérieux.
1.1. La prégnance du modèle industriel
Le contrôle de gestion bancaire, tout au moins jusqu’au début des années 1990, s’est presque
exclusivement identifié à une comptabilité de gestion extrêmement sophistiquée, fondée sur la
méthode des sections homogènes, telle qu’elle a été mise en œuvre dans les grandes
entreprises industrielles.
Nomenclatures, gammes opératoires, catalogues des tâches élémentaires, temps standard et
coûts par unité d’œuvre (Lemaître, 1992-93, p. 18 ; Naulleau et Rouach, 1994 ; de
Coussergues, 1996) sont les maîtres mots décrivant ces systèmes. Beaucoup d’efforts sont
déployés en vue d’une répartition optimale des charges indirectes (sur les centres de
responsabilité, les produits, les clientèles...). La comptabilité de gestion vise en effet à calculer
des marges sur coûts complets par produit ou famille de produit ainsi que par client ou groupe
de clients.
Le système d’évaluation des performances repose principalement sur un découpage très fin de
l’organisation en centres de responsabilité, dont un grand nombre sont érigés en centres de
profit grâce à la mise en œuvre d’un système élaboré de prix de cession internes, notamment
pour la trésorerie, et la mise en équation à grande échelle des prestations réciproques. C’est
notamment le cas des agences, dont la performance est essentiellement appréciée en termes de
résultat comptable (Ardoin, 1995), même si peuvent être également pris en compte des
indicateurs quantitatifs non comptables tels que " le nombre de clients, de comptes à ouvrir,
de produits à placer ou d’argent à placer " (Lemaître, 1992-93, p. 18), voire des indicateurs
qualitatifs
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