Le Makhzen Féodal
Note de Recherches : Le Makhzen Féodal. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar maryam.mamella • 11 Mai 2014 • 1 058 Mots (5 Pages) • 530 Vues
Que signifie le terme ‘Makhzen’? s’agit-il d’un système de gouvernement ? désigne-t-il les dirigeants, c’est-à-dire les individualités derrière les postes de pouvoir ? s’agit-il d’une somme de rites ou de mécanismes typiquement pyramidaux ? Par sa portée floue, abstraite et imprécise, le terme de Makhzen est âprement discuté par les sociologues et politologues, qui ne s’accordent que sur la racine étymologique du terme : Makhzen, (مخزن) du verbe emmagasiner خزن (et qui est aussi l’origine du terme Magasin. En ce sens, le Makhzen, c’est d’abord l’entrepôt des impôts payés par les musulmans (en nature essentiellement); Cependant, en dehors de spécificités linguistiques, les origines du Makhzen, son histoire, sa finalité même ont été sujets à débat.
On peut agréger les théories avancées en 4 grands ensembles :
- ‘Le Makhzen-Tribu’ : idée à l’origine d’Ibn Khaldoun, puis défendue par Cotier et Terasse, selon laquelle l’exercice du pouvoir politique est submergé par sa dimension tribale. L’exercice politique tourne essentiellement autour du conflit Sédentaire vs Nomade (qu’on peut étendre à l’antagonisme Urbain/Rural), le Makhzen s’imposant comme une ‘force de régulation’, il garde sa dimension tribale : il ne s’agit finalement que d’une tribu (ou une fédération tribale) disposant du monopole de la violence symbolique {Note : Dans le contexte actuelle, on peut les assimiler aux grandes familles makhzéniennes, qui continuent de monopoliser la violence symbolique en plus des capitaux bourdieusiens}.
- ‘Le Makhzen Féodal’ : Montagnier voit dans l’antagonisme Makhzen-Tribu une ressemblance avec le modèle féodal occidental : le premier cherche à étendre l’empire du sultan, à soumettre la seconde, qui cherche à garder son autonomie et ses prérogatives. (on reconnaîtra dans cette opposition, celle, plus moderne, de ‘Blad Siba/Blad Makhzen’)
- La dimension religieuse : est soulignée par Greetz, qui fut étonné par le rôle important des Zaouias (sorte de couvent fortifié dirigé par un sage) dans la sociologie politique ‘primitive’. Typiquement, chaque zaouia est un Makhzen en puissance : lors du XVIIe siècle, une zaouia comme celle des Dala’iynes avait un système makhzénien très avancé sur les territoires sous son contrôle.
- Le Makhzen moderne : Laroui y voit l’émanation d’un Etat moderne au Maroc, ou en tout cas, une tentative de rationalisation de l’exercice du pouvoir via la création d’une administration. On rappelle que le Maroc actuel correspond grosso modo à ce qu’on appelait ‘Blad Makhzen’ quelques siècles plutôt. Le Makhzen, enfin, se définit par l’alliance de l’élite urbaine, l’armée, les chérifs et les marabouts (autrement dit, le triptyque Armée, Religion, Aristocratie) ‘le Makhzen, fruit d’une communauté qui se définit comme telle, à un moment de son histoire, jouit de ce fait d’une légitimité historique et ancrée dans l’imaginaire collectif, qui lui reconnait la représentation de l’identité nationale et le monopole des symboles religieux.
‘ {…}Dans un autre registre, Le Makhzen chérifien se pose comme transcendant la prédiction islamique ou le sentiment d’appartenance tribale, (ce qui ne serait pas le cas dans une configuration tribale makhzénienne). L’aspect moderne réside dans cette volonté de centralisation, la création d’une administration forte, ce qui, jusqu’à aujourd’hui une préoccupation essentielle du pouvoir en place.
1. Le champ temporel-religieux
Marcel Mauss avait habitude de dire que les sociétés ont l’habitude de représenter leurs routines par des rites. Dans le cas marocain, la dimension
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