La Theorie quantitative de la monnate
Compte Rendu : La Theorie quantitative de la monnate. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Midi94 • 25 Avril 2014 • 1 140 Mots (5 Pages) • 798 Vues
JEAN-BAPTISTE SAY ET LA THÉORIE QUANTITATIVE DE
LA MONNAIE
Alain BÉRAUD
THÉMA
Université de Cergy-Pontoise
La théorie monétaire de Say découle de sa théorie de la valeur. Ricardo
et son école pensaient que les coûts de production des métaux précieux
expliquent la valeur des lingots. Say soutient, contre eux, que l’offre et la
demande déterminent aussi bien le prix de l’or et de l’argent que la valeur des
monnaies. Il va progressivement approfondir cette idée pour construire une
analyse qui est plus proche que celle de Ricardo des interprétations que l’on
donne aujourd’hui de la théorie quantitative de la monnaie.
L’inspiration première de Say se trouve dans La Richesse des Nations. Il
emprunte à Smith sa définition de la monnaie ; il s’appuie pour comprendre le
fonctionnement du système bancaire sur la doctrine des effets réels. Cependant,
dès la première édition du Traité, il s’oppose à Smith sur la question de l’étalon
et il rejette l’idée que les autorités puissent intervenir dans la formation du taux
d’intérêt1. Progressivement, il élabore ses propres thèses et s’écarte de
l’orthodoxie smithienne.
L’influence qu’exerça Ricardo sur Say est ambiguë. Souvent, elle est, si
l’on peut dire, négative : la lecture de l’oeuvre de Ricardo incite Say à
reformuler ses idées pour mieux s’opposer à lui. Mais, il existe aussi des cas où
il reprend simplement à son compte des propositions ricardiennes. L’exemple
le plus typique est celui du rapport entre le prix des métaux précieux et celui
des monnaies métalliques. Abandonnant la formulation maladroite des
premières versions du Traité, Say s’appuie sur le texte des Principes pour
expliquer le rapport de ces deux grandeurs.
Sans que l’on puisse parler de rupture, il faut admettre que les positions
de Say ont progressivement évolué. S’il reste toujours fidèle à sa thèse initiale,
la valeur de la monnaie est déterminée par l’offre et la demande, il la précise en
expliquant les effets du monopole d’émission que l’État s’est attribué. S’il
maintient l’idée d’une relation entre la quantité de monnaie et les prix, il
s’écarte très tôt des versions trop simples de la théorie quantitative en
soulignant le rôle qu’a la demande de monnaie dans la détermination de sa
valeur. Mais, surtout, il met l’accent sur les effets réels qu’entraînent, sur la
répartition des richesses et sur le taux d’intérêt, les émissions de billets. Mieux,
en s’appuyant sur son analyse des relations entre l’activité et le mouvement des
prix, il peut élaborer les prémisses d’une théorie monétaire des cycles.
Cette analyse des effets réels d’une émission de billets implique
l’abandon des thèses que Say avait initialement soutenues sur la question des
débouchés. Les Lettres à Malthus et le Cours témoignent de cette évolution.
Analytiquement, le problème tourne autour de la notion de produit. Dans le
Cours, Say (1828-9, t. 1 : 345) définit le produit comme une chose qui vaut ce
qu’elle coûte. Dès lors, la proposition selon laquelle l’offre de produit crée sa
propre demande prend un sens particulier. Il ne s’agit pas de nier l’existence
des crises. L’intérêt de Say se porte sur un tout autre point. Il veut écarter la
thèse de Malthus qui soutenait qu’une augmentation de l’épargne pouvait, en
réduisant la demande, bloquer la croissance. Say rejette cette proposition en
affirmant que l’accroissement de l’épargne augmente le stock de capital et le
revenu et qu’elle accroît ainsi la demande de biens. Une augmentation de
l’épargne ne peut pas se traduire par un ralentissement de la croissance.
L’influence de Say sur le développement de la théorie monétaire fut
moins profonde que l’on pourrait le penser et prit des formes un peu étranges.
Michel Chevalier adopte des thèses très éloignées de celles qu’avait défendues
Say.
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