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Analyse économique: Des Crises Financières

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Par   •  19 Mars 2013  •  2 787 Mots (12 Pages)  •  1 027 Vues

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Introduction

La crise des subprimes aux États-Unis, secteur limité du crédit immobilier américain, a mis en émoi la planète boursière au mois d'août 2007 et présente aujourd'hui un certain nombre de risques dans l'économie sans frontière dominante. Un certain nombre de paramètres de contagion nouveaux seraient apparus avec la mondialisation de l'économie et la complexification de la finance internationale.

Une crise est qualifiée de « financière » lorsqu'elle concerne des variables bancaires et financières (crédit bancaire excessif, rationnement, financement de projets non rentables, effondrement des valeurs, etc.) et que le phénomène de contagion prend la forme de retraits généralisés de fonds ou de prêts bancaires de courte durée, laissant les systèmes bancaires en manque de liquidité.

On peut ainsi raisonnablement penser que l'instabilité et les crises récurrentes sur les marchés financiers sont de nature à affecter et pénaliser la croissance économique, à partir de certaines conditions. On décrira alors les caractéristiques de l'organisation mondiale d'un système productif de plus en plus dominé par la finance, pour envisager ensuite les canaux de transmission possible expliquant les risques de contagion d'une crise de la finance.

I. Description d'un régime économique dominé par la finance

Depuis la fin des années 1970, l'économie mondiale a connu de profonds bouleversements, remettant en cause progressivement les acquis de la période keynésienne des années 1945-1975. La logique libérale a guidé l'ensemble de ces transformations dans le sens d'un accroissement des procédures de marché, d'une ouverture accrue des marchés de capitaux, d'une suppression du contrôle des changes, d'une déréglementation des marchés avec un accès largement ouvert aux agents à capacité de financement, un décloisonnement, une titrisation des financements et une certaine désintermédiation de ces derniers.

Les innovations financières, incluant l'apparition de nouveaux instruments et services financiers, ainsi que l'émergence de nouvelles formes d'organisation sur des marchés plus sophistiqués et plus complets, ont eu de nombreux effets positifs. Elles améliorent l'allocation des ressources entre capacité et besoin de financement, le capital se déplaçant là où il est le plus rémunéré, ce qui traduit une rareté de l'offre de monnaie. Cette allocation soutient ainsi les perspectives de croissance à plus long terme parce que les agents peuvent se financer à moindre coût ou faire jouer le levier de l'endettement quand la décrue des taux renforce la profitabilité des capitaux investis et la rentabilité des entreprises. Cela permet aussi aux États de financer leur déficit public récurrent, en émettant des titres publics et en n'ayant plus recours à la création monétaire, source d'inflation combattue comme la peste, depuis le retour en force des idées monétaristes.

La taille et le pouvoir des marchés se sont donc accrus de manière exponentielles depuis les années 1980, sous l'impulsion des États-Unis et des intérêts des grandes firmes transnationales. Cela a aussi été largement rendu possible par une évolution forte des moyens technologiques permettant une accélération de la transmission des informations en réseau. Des masses considérables transitent ainsi au jour le jour sur ces marchés, sans lien avec l'économie réelle (3 200 milliards de dollars par jour).

Dans ce contexte, les fonds de pension (caisses de retraites américaines) et les hedges funds (fonds d'investissement en recherche rapide de rentabilité financés par l'emprunt) ont pris une importance déterminante dans l'évolution des marchés financiers. Ils investissent massivement dans l'actionnariat des entreprises (et détiennent par exemple 45 % des entreprises du CAC 40). Leurs exigences de rentabilité sont très élevées (de l'ordre de 15 à 20 %) et doivent être respectées, sous peine de les voir fuir et vendre les actions jugées trop peu rentables. Les entreprises s'adaptent à ce contexte nouveau en favorisant une hausse du taux de marge, qui se solde par une précarisation accrue des emplois, une baisse de la part des salaires dans la valeur ajoutée, une gestion flexible de la main d'œuvre, variable d'ajustement privilégiée.

Cette transformation de la finance internationale et la forte progression du volume des transactions financières se sont souvent accompagnées de graves crises financières depuis une quinzaine d'années. Les marchés financiers sont inefficaces à détecter l'imminence d'une crise (crise de la suspension des paiements par le Mexique en août 1982, crise « Tequila » toujours au Mexique en décembre 1994, crise asiatique de 1997, crise des GKO - bons du trésor russes - en 1998, crise brésilienne de 1999, crise argentine au début des années 2000).

En 1990, le total des fonds placés sur les marchés du monde entier en actions et en obligations représentait un peu plus des deux tiers de la richesse créée chaque année par l'économie mondiale (selon les estimations du FMI). En 2000, cette proportion avait plus que doublé et les marchés financiers représentaient une fois et demie le PIB mondial. Le krach boursier du début des années 2000 a mis fin à l'euphorie de la « nouvelle économie » et a partiellement « dégonflé » cette suraccumulation financière. Un nouveau cycle conjoncturel s'est enclenché, conduisant à la très forte expansion des bourses des « pays émergents » (Chine, Inde, Brésil, Corée notamment), à une forte croissance dans le monde depuis 2004. Ainsi, en base 100 de l'année 2004, la valeur des indices boursiers mondiaux est passée à 330 dans les pays émergents d'Amérique Latine ou 230 en Asie, contre 190 en France ou 130 aux États-Unis.

Par ailleurs, le système financier international reste très opaque avec le rôle grandissant des paradis fiscaux, qui représentent aujourd'hui plus de la moitié de l'activité internationale des banques et absorbent un tiers de l'investissement des multinationales. Par ailleurs, 85 % des hedges funds sont domiciliés dans ces centres offshore. De plus, une partie de cet afflux de capitaux s'est reportée dans l'immobilier, contribuant à alimenter une bulle spéculative de plus en plus déstabilisante. L'inflation financière qui a résulté de ces quelques années d'expansion ininterrompue a comme souvent débouché sur un éclatement de la bulle spéculative, causant d'importants dégâts

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