Subprimes, titrisation, panique boursière, faillite en chaine
Commentaire d'arrêt : Subprimes, titrisation, panique boursière, faillite en chaine. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar 75Zinedine • 7 Décembre 2014 • Commentaire d'arrêt • 2 737 Mots (11 Pages) • 583 Vues
Subprimes, titrisation, panique boursière, faillite en chaine...
10 clés pour comprendre la crise
Par Michel Aglietta, professeur de sciences économiques à Paris-X, spécialiste d'économie monétaire internationale, auteur de travaux sur le fonctionnement et les failles du système financier. Il a publié en 2004, avec Antoine Rebérioux, «Dérives du capitalisme financier» (Albin Michel).
Jean-Gabriel Fredet, Nicole Pénicaut, Sophie Fay, Thierry Ph
Le Nouvel Observateur le 25/09/2008
Un ménage du Minnesota ne peut plus rembourser son crédit et c'est la planète entière qui s'affole ! Le système financier est aujourd'hui tellement complexe que même les banquiers semblent y avoir perdu leur latin. Aveuglement des autorités, irresponsabilité des investisseurs, recherche du profit à court terme, fuite en avant des établissements de crédits... Comment les spéculateurs ont-ils mis en danger l'économie réelle ? Pourquoi les organismes de contrôle n'ont-ils rien vu venir ? Et qui va en payer le prix aujourd'hui ? Décryptage du krach le plus grave depuis 1929 avec l'économiste Michel Aglietta
1) Le laisser-faire en procès. Ou comment le krach accuse les excès du capitalisme
Cette crise marque la faillite d'une croyance selon laquelle le système financier peut s'autoréguler. C'est donc l'échec d'une idéologie qui s'est développée il y a trente ans sous Ronald Reagan et Margaret Thatcher puis a atteint son paroxysme avec George Bush et Alan Greenspan (ex-patron de la Réserve fédérale). Elle a permis non seulement à l'ingénierie financière de se développer mais aussi d'être exploitée de manière perverse. La prise en charge du système financier par l'Etat (comme on le voit aujourd'hui aux Etats-Unis) clôt une époque d'une trentaine d'années, celle de tous les excès, du crédit mais aussi de l'élargissement inadmissible des inégalités dû à l'emballement sans contrôle de la finance de marché. L'énormité du déficit public américain à venir et le retour des réglementations indispensables dans les banques et les marchés de capitaux vont durablement accroître les coûts du crédit et limiter les leviers d'endettement. La croissance débridée à crédit de l'Occident, alors que la grande majorité des revenus réels stagne, est parvenue à son terme. A l'avenir, l'activité économique devra être financée davantage par des fonds propres consacrés à des investissements à long terme. La Chine développe un modèle alternatif de capitalisme maîtrisé par l'Etat et fondé sur la puissance de l'épargne. L'essor de la finance asiatique qui va progressivement organiser ses marchés financiers et développer ses investisseurs institutionnels permet d'envisager un système financier selon de nouveaux schémas. L'épargne occidentale s'investira dans les pays émergents. Et les fonds souverains gérés par les Etats et les entreprises des pays émergents viendront acquérir des actifs en Occident.
2) La folie des hypothèques. Ou comment la crise financière a éclaté
Un mécanisme diabolique s'est mis en place aux Etats-Unis. Il puise son origine dans la débauche des crédits hypothécaires dans l'immobilier. Le processus est le suivant : un ménage emprunte de l'argent pour acheter une maison. Cette maison est la garantie de l'emprunt. Au départ, elle vaut 100. Le ménage emprunte donc 100. Et puis le prix de l'immobilier augmente; la maison vaut 150. Le ménage peut donc accroître son emprunt de 50 et en profiter pour acheter d'autres biens, une voiture par exemple. Une maison peut ainsi garantir plusieurs prêts. Cette démarche a été encouragée par les banques. Mais aujourd'hui on en paie les effets pervers. En effet, lorsque le marché de l'immobilier baisse, ce qui est le cas depuis deux ans, la maison vaut moins cher que le crédit contracté pour l'acheter - moins de 100 dans notre exemple. Et le ménage ne peut plus honorer ses dettes. Aujourd'hui des milliers d'Américains engagés dans ces crédits hypothécaires n'ont d'autres solutions que d'abandonner leurs biens aux banques pour rembourser leurs prêts. La méthode est brutale : les établissements prêteurs leur demandent de renvoyer la clé de la maison par la poste. Ces ménages sont libérés de leur dette mais ils se retrouvent alors sans toit. La banque, elle, récupère un bien dont la valeur ne fait que baisser. Dès la fin de l'année 2005, les prix de l'immobilier ont marqué le pas et la baisse a commencé à l'automne 2006. Et pourtant, preuve de l'incroyable irresponsabilité des banques et des agences de notation chargées d'évaluer la qualité des crédits subprimes : leur distribution, et leur transformation en titres financiers, s'est accélérée !
3) Les crédits subprimes. Ou comment les ménages américains se sont surendettés
Les crédits subprimes sont des crédits qui ont été distribués à des ménages sans aucun plancher de ressources. En clair, sans vérifier qu'ils n'étaient pas trop élevés pour leurs revenus. Ces crédits d'une durée de trente ans ont été construits de la façon sui vante : deux ou trois années de taux d intérêt très bas, puis une renégociation à des taux plus élevés et variables. Ainsi la charge de paiements mensuels sur les ménages a-t-elle pu s'accroître brusquement de 25% à 40% au-dessus de son niveau initial. Il faut savoir qu'aux Etats-Unis les crédits peuvent aussi être accordés par des courtiers spécialisés hors de toute supervision. Ceux-ci ne les conservent pas, mais les transfèrent à des banques d'affaires qui les regroupent pour les vendre à des investisseurs sous forme de titres financiers. Ces courtiers sont rémunérés par une commission et cherchent donc à faire le plus de volume, sans se soucier de la capacité du ménage à rembourser. Le système reposait donc sur une incitation perverse. C'est ce type de crédit distribué à des ménages qui a augmenté à une vitesse vertigineuse.
4) La titrisation. Ou comment le mal s'est propagé
Ces crédits se sont disséminés à cause de la titrisation. La titrisation est une technique qui consiste à loger dans une société ad hoc toute une série de crédits consentis à des ménages par exemple, puis à vendre les titres de cette société à des investisseurs pour
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