Pauvrete et exclusion
Recherche de Documents : Pauvrete et exclusion. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar emmalan • 4 Octobre 2014 • 1 708 Mots (7 Pages) • 765 Vues
Sept ans après la création de l’observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale (ONPES), les violences urbaines de 2005 ont relancé avec force le débat sur l’exclusion sociale. Cinq ans plus tard, l’Union européenne s’est associée aux États membres pour faire de 2010 l’Année européenne de lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale Les réponses politiques ont néanmoins semblé insuffisantes puisque depuis 2004, la pauvreté et l’exclusion sociale n’ont cessé d’augmenter en France. La crise de 2009 a d’ailleurs encore accru le taux de pauvreté qui s’élève en 2011 à 7,9% ou 14,3 % de la population selon le seuil utilisé. On le voit d’emblée : définir avec précision la pauvreté n’est pas chose aisée. En effet, la définition de la pauvreté varie dans le temps et l’espace mais, nous allons le voir, elle diffère également selon l’angle pris (on peut parler de fait social total au sens de Marcel Mauss). Monétairement parlant, la pauvreté peut être définie de deux façons : de manière relative, c’est à dire proportionnellement au revenu médian comme c’est le cas en France et en Europe ou encore de manière absolue, à partir d’un ensemble de biens et de services minimum jugés indispensables, comme c’est le cas aux Etats-Unis ou au Canada. La pauvreté peut également être définie non pas par des définitions de vie objective mais par le regard que la société porte sur lui. Ainsi, Simmel explique que le pauvre est « celui que la société désigne comme pauvre. » (Les Pauvres, 1907) Mais la pauvreté peut également être définie en terme de privation. C’est l’approche de Peter Townsend qui considère qu’un individu pauvre est un individu qui est privé de biens et de services valorisés par la société. On parle alors de pauvreté d’existence (The meaning of poverty, 2010).
On le voit, la pauvreté est une notion difficile à objectiver. Nous retiendrons principalement l’approche monétaire qui permet de mesurer quantitativement la pauvreté des individus sans renvoyer à leur degré d’intégration dans la société. Cette approche nous permettra d’étudier plus facilement les liens qui unissent la pauvreté à l’exclusion, même si, nous allons le voir, l’exclusion pose également des problèmes de définition. Le terme d’exclusion apparaît au milieu des années 1960 et connaît un succès grandissant avec le livre de René Lenoir (Les Exclus, un Français sur dix,1974). Le fait de parler d’exclusion a transformé le regard porté sur la marginalité : on est passé d’une approche individuelle à une approche plus structurelle. Néanmoins, cette approche structurelle ne suffit pas à en faire un concept sociologique. Selon Serge Paugam, l’exclusion n’est pas un concept scientifique mais un concept-horizon dont les réalités sont multiples et difficiles à appréhender. Pour Robert Castel, la notion d’exclusion ne renvoie pas non plus à un concept sociologique. Selon lui, l’exclusion renvoie à une prénotion sur ce qu’est une société. La société serait vue comme un espace dual composé d’individus IN ou OUT, ce qui ne correspond pas, selon l’auteur, à la réalité. On tentera néanmoins de définir l’exclusion par opposition à une notion qui est sociologique : l’intégration. L’exclusion serait donc l’inverse de l’intégration, c’est à dire l’inverse d’un processus par lequel un individu est inclus dans différents groupes de la société (ce qui lui confère un sentiment d’appartenance). L’exclusion sociale renverrait donc à une vie sociale dégradée. On notera que de nombreuses instances ou travaux ont tendance à assimiler la pauvreté à l’exclusion. Nous allons voir cependant que ces deux notions doivent être
distingués et ne sont pas assimilables. Ce qui nous amène à nous poser les questions suivantes : De quelle manière peut-on lier la pauvreté à l’exclusion ? La pauvreté engendre-t-elle mécaniquement de l’exclusion ? L’exclusion engendre-t-elle à son tour de la pauvreté ? Enfin, les pauvres sont-ils tous exclus ? Et les exclus sont-ils tous pauvres ? Nous tenterons de répondre à ces questions à l’aide d’un plan en deux parties. Dans une première partie, nous verrons que pauvreté et exclusion sont liées. Dans une deuxième partie, nous montrerons que ce lien n’est pas mécanique et doit être nuancé.
I - PAUVRETE ET EXCLUSION SONT LIEES…
1) LA PAUVRETE PEUT MENER A L’EXCLUSION
A – A l’origine de la pauvreté, un effritement des liens sociaux…
On montrera que la pauvreté est généralement liée à une faible intégration du marché du travail (chômage, emplois précaires) et à des ruptures familiales.
B – Qui peut conduire à l’exclusion… On montrera le caractère cumulatif de la pauvreté (la pauvreté entraîne des difficultés de logement, d’accès à la consommation, à la santé mais également des problèmes d’estime de soi...). Ces différentes composantes de la pauvreté finissent par ébranler les liens sociaux des individus concernés. On exposera alors les différentes théories sociologiques qui font le lien entre la pauvreté liée à une faible intégration du marché du travail et l’altération des liens sociaux (on notera que les auteurs n’emploient pas le terme d’exclusion). On citera les travaux de Marie Jahoda, Paul Lazarsfeld et Hans Zeisel, Serge Paugam, Robert Castel et Dominique Schnapper.
2) PAUVRETE ET EXCLUSION SEMBLENT MEME INDISSOCIABLES
On montrera que le lien entre pauvreté et exclusion n’est pas à sens unique et que ces deux processus peuvent finir s’auto-entretenir.
A – L’exclusion peut aussi mener à la pauvreté On exposera l’idée selon laquelle l’exclusion liée aux discriminations/stigmatisations peut mener à la pauvreté. On expliquera
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