L'urgence A Stopper La Surexploitation Des Abysses

Alors que les scientifiques sont loin d'avoir cartographié le fond des océans, la compétition pour se les approprier se poursuit. Le manque de connaissances des abysses est inversement proportionnel à la convoitise qu'ils inspirent.

Pétrole et gaz, mais aussi or, diamants, argent, platine, cobalt, cuivre et autres métaux rares : les découvertes récentes aiguisent les appétits. Mais la richesse des grands fonds (au-delà de 200 m jusqu'à - 11 000 m), que l'on croyait sans vie jusque dans les années 1950, réside dans son incroyable biodiversité, de plus en plus menacée avec la pêche en eau profonde. Selon un groupe d'experts, les captures des pêcheries des abysses ont augmenté de 440 % entre 1975 et 2005, contre 47 % pour l'ensemble de la pêche.

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Cette question fut au coeur de la conférence internationale organisée par l'Institut océanographique-Fondation Albert Ier-Prince-de-Monaco, à Paris, jeudi 13 octobre. De nombreux experts étaient conviés à un "Voyage dans le monde méconnu des abysses", et à se mobiliser "pour une gestion durable des grands fonds marins".

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L'entreprise n'était pas banale puisque étaient réunis à la même tribune des biologistes, des géologues, des économistes, des juristes ainsi que des représentants des industries d'extraction.

Le prince Albert II de Monaco a donné la mesure des enjeux. "Témoins des origines de la vie et victimes de nos excès, les grands fonds doivent devenir demain les symboles d'une humanité plus responsable", a-t-il déclaré, en dénonçant les "menaces nouvelles et non maîtrisées de perspectives commerciales à courte vue".

La pêche en eau profonde s'est développée pour compenser la diminution de stocks de poissons dans les eaux de surface. La lingue franche - que l'on trouve vers 400 m -, les mostelles, les sébastes, les baudroies, et plus bas - entre 750 m et 1 500 m -, le grenadier de roche, l'empereur, le sabre noir et des petits squales, les sikis, symbolisent le gaspillage auquel l'humain se livre dans les océans.

Sur 70 espèces capturées en eaux profondes, seule une dizaine sont commercialisées - souvent présentées sans tête et sous forme de filets pour ne pas repousser les consommateurs -, le reste est rejeté à la mer, mort. Depuis mai, l'association Bloom a lancé une campagne de sensibilisation : d'après son enquête, 90 % des cantines scolaires servent du poisson profond.

Dans le livre destiné au grand public que vient de publier la Fondation (Les Grands Fonds, voyage dans un monde inconnu, Editions du Rocher), Robert Calcagno directeur général de l'Institut

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