L'approche économique contemporaine de l'éducation
Compte Rendu : L'approche économique contemporaine de l'éducation. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar beaulijo • 6 Juillet 2014 • 2 197 Mots (9 Pages) • 941 Vues
L'approche économique contemporaine de l'éducation s'est développée à partir de la fin des années 1950 avec les travaux de Theodore Schultz (Prix Nobel 1979, Gary Becker (Prix Nobel 1992) et Jacob Mincer qui ont fondé la théorie du capital humain. Selon cette théorie, les compétences acquises dans le système d'enseignement (école, collège, lycée, université, enseignement et formation techniques et professionnels, etc.) augmentent la productivité des individus et accroissent les revenus qu'ils tirent de leur travail. En d'autres termes, elles constituent une forme de capital dont la particularité est d'être « incorporée » dans les personnes qui la détiennent, d'où son nom de capital humain. L'éducation est représentée comme un investissement en capital humain : les individus décident de la durée et du contenu de leurs études en fonction de leurs coûts ainsi que des bénéfices qu'ils espèrent en retirer. De ces décisions résulte la demande d'éducation ; le système d'enseignement est l'offre qui vient répondre à cette demande. L'enseignement est conçu comme un processus de production de capital humain dont on peut analyser l'efficacité, c'est-à-dire la façon dont les dépenses d'éducation sont traduites en résultats scolaires.
Les préoccupations des fondateurs des systèmes d'enseignement modernes en Europe aux XVIIIe et XIXe siècles n'étaient pas principalement économiques, mais plutôt religieuses, militaires ou politiques. En France, les fondateurs de l'école républicaine lui donnaient pour mission de former esprits et citoyens. Depuis lors, la prise en compte de la dimension économique de l'éducation s'est imposée : les liens entre l'éducation, les salaires, le chômage, la croissance économique et les inégalités sociales sont au cœur du débat public. À l’échelle mondiale, les Nations unies avaient inscrit l'universalisation de l'enseignement primaire parmi les « Objectifs du millénaire » à atteindre en 2015 pour réduire la pauvreté. De plus, Le Conseil européen de Lisbonne de mars 2000 s’est ainsi fixé comme ambition de faire de l’Union européenne l’économie du savoir la plus dynamique et la plus compétitive du monde. Pour atteindre ce but, elle préconise toute une série de mesures passant par un investissement accru dans les connaissances et les compétences : relèvement du niveau d’instruction au-delà de la scolarité obligatoire, développement d’un système de formation tout au long de la vie. Le capital humain se voit attribuer un rôle privilégié pour favoriser l’innovation et faciliter l’utilisation et la diffusion des nouvelles technologies, en particulier dans l’information et la communication. Nous proposons de dépasser les aspects rhétoriques de ces déclarations de principe pour examiner de façon plus approfondie l’importance de l’éducation et de la formation pour les économies contemporaines. On peut tout d’abord se demander dans quelle mesure l’investissement en capital humain est socialement rentable. L’enjeu est théorique : démontrer que le capital humain peut avoir ou non des effets sur la productivité ou la croissance. Mais il est aussi politique : déterminer dans quelles circonstances l’investissement en capital humain est réellement nécessaire (Alexandre Léné, société de la connaissance et l’école Éducation et Sociétés n° 15/2005/1).
Mais au-delà du problème de la contribution de l’éducation à la croissance économique, de nouvelles questions surgissent quant au rôle et aux effets de la formation dans les économies développées. D’un côté, l’émergence d’une nouvelle vague technologique vient modifier la nature du travail ainsi que les compétences exigées par les employeurs. Dans un tel contexte, l’éducation se voit attribuer de nouvelles fonctions et les modalités de la formation sont amenées à évoluer. De l’autre côté, la hausse généralisée du niveau d’éducation a d’importantes conséquences sur le fonctionnement du marché du travail et engendre certains effets pervers.
L’ensemble de ces transformations pose de redoutables problèmes, en termes d’efficacité pour les différents systèmes de formation et en termes d’équité pour les individus concernés. Il convient donc non seulement de les identifier, mais également d’en saisir les mécanismes. Pour cela, nous mobiliserons les travaux les plus récents dans le champ de l’économie.
La demande d'éducation
• Analyse théorique de l'investissement en capital humain
La théorie économique de la demande d'éducation, due à Gary Becker, repose sur l'idée que les individus déterminent leur parcours scolaire et universitaire de façon rationnelle, en fonction du rendement de l'investissement en capital humain qu'il représente. Ce rendement est la différence entre les bénéfices de l'éducation, qui incluent notamment des revenus du travail plus élevés reflétant la productivité accrue des travailleurs les mieux formés, et les coûts de l'éducation, qui sont de deux ordres. Il existe, d'une part, des coûts « directs », frais de scolarité et autres dépenses nécessaires à la poursuite des études, et, d'autre part, des coûts « d'opportunité », à savoir les revenus qu'il aurait été possible de percevoir en travaillant plutôt qu'en étudiant. Les bénéfices ont tendance à décroître avec le niveau d'éducation (le gain de salaire permis par la poursuite des études est de moins en moins élevé) alors que les coûts augmentent (plus on a déjà étudié, plus le coût d'opportunité des études est élevé). Le niveau d'éducation optimal est celui où le bénéfice d'une année d'étude supplémentaire (le bénéfice marginal) est égal au coût correspondant (le coût marginal) : en deçà, on gagnerait à poursuivre ses études ; au-delà, on y perdrait. Cette règle d'investissement est commune à tous les types de capital : l'apport de Gary Becker est de l'avoir appliquée à l'éducation.
2. L'offre d'éducation
• La relation entre dépenses d'éducation et résultats scolaires
L'analyse économique de l'offre d'éducation a pour point de départ une analogie entre l'enseignement et le processus de production d'une entreprise : les écoles sont assimilées à des unités de production où des employés (les professeurs) transforment
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