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L'économie walrasienne

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Par   •  7 Février 2013  •  Cours  •  1 842 Mots (8 Pages)  •  652 Vues

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L'un des trois courants de l'économie marginaliste, le courant walrasien, s'attache à démontrer l'existence d'un « équilibre général » et à en étudier les propriétés. Pour cela, il faut que les agents soient représentés par des fonctions mathématiques simples. Et puisque l'équilibre est intemporel et se définit par l'absence de mouvement, on se borne à un cadre statique où le temps n'intervient pas. En se focalisant sur les conditions et les attributs de l'équilibre, cette théorie élimine l'action, le temps, et son corollaire l'incertitude, de son modèle du monde.

Dans les premières années du vingtième siècle, l'économie walrasienne est devenue dominante, mais elle se montre impuissante à rendre compte de phénomènes majeurs que sont le chômage, la pauvreté ou l'inflation. Pour y répondre, Keynes propose une théorie où le comportement d'agrégats comme la masse monétaire ou l'emploi est expliqué par celui d'autres agrégats, sans nécessairement remonter aux agents élémentaires. L'économie abandonne ainsi l'« individualisme méthodologique » qui avait implicitement prévalu jusque-là.

La discipline reine devient la macro-économie, d'où on attend non seulement l'explication des grands problèmes du monde, mais aussi les remèdes à ces problèmes. L'analyse des échanges entre les agents individuels, dorénavant appelée micro-économie, n'est plus considérée comme le soubassement nécessaire de toute réflexion économique. Il importe peu que ses hypothèses soient réalistes, du moment qu'elles ne s'opposent pas à l'analyse des grands agrégats.

Les années 1940 à 1970 ont été dominées par la fusion des idées marginalistes et d'une partie des idées keynésiennes en une « grande synthèse » qui sert de référence à l'orthodoxie dominante ou « économie standard », et en laquelle certains voient l'aboutissement définitif de la théorie économique. Dans sa forme académique propagée par les institutions universitaires, le formalisme et le raisonnement mathématiques sont obligatoires et le souci d'élégance théorique et de rigueur formelle l'emporte sur le réalisme. Les agents y sont des automates rationnels omniscients qui recherchent l'équilibre des échanges dans un monde où le temps et l'incertitude n'existent pas. Outre qu'il étudie les échanges et non la production, ce paradigme exclut de fait toute représentation raisonnable de l'entreprise.

C. Critique de l’approche classique de l’entreprise

Que, nous apprend la simple observation des entreprises?

Tout d'abord, ce sont des agents économiques de plein droit au même titre que les individus ou les ménages de la théorie classique. Comme les autres agents, les entreprises produisent, échangent et consomment des biens qu'en leur absence les individus qui les composent ne produiraient, n'échangeraient et ne consommeraient pas, que ce soit isolément ou à travers de simples relations de marché. Ces trois activités sont effectuées par l'entreprise en tant que telle, qui tient bien dans l'économie le rôle d'un agent élémentaire.

Les entreprises sont donc des agents, mais dont la constitution interne et le comportement sont complexes. Le comportement externe d'une entreprise, et les objectifs qu'elle vise sont la résultante de confrontations internes médiatisées par son organisation (dans un sens très large du mot). Les entreprises ne peuvent être utilement appréhendées ni comme de simples « noeuds de contrats », ni comme des agents ponctuels assimilables à une variante de l'homo-œconomicus. Leur existence force à inventer un nouveau concept d'agent, et le langage pour le décrire.

De plus, ce sont des acteurs extrêmement différents les uns des autres. Tant que l'économie ne s'intéresse qu'aux individus humains, elle peut considérer qu'ils sont assez semblables pour les représenter par un modèle unique simple. Au contraire, les différences de taille, d'organisation et d'activité entre les entreprises sont trop importantes et trop significatives pour être ignorées, même dans les théories les plus élémentaires.

La plupart des phénomènes où interviennent des entreprises ne peuvent s'expliquer que par leur hétérogénéité. L'économie doit savoir décrire les entreprises dans leur diversité et non les résumer à ce qu’elles ont de commun sous le nom de « firme ». Si on se borne à ne rechercher que les propriétés communes à toutes les entreprises, on se condamne à ne trouver que quelques banalités inutiles et à passer à côté de l'essentiel de leur problématique.

De plus, la réalité n'est pas faite d'un côté d'un monde d'individus et de l'autre d'un monde d'entreprises disjointes dont on pourrait faire les théories séparément. Les entreprises sont faites d'individus et les individus échangent avec les entreprises. Ce sont bien les mêmes individus qui tantôt sont des rouages d'une organisation complexe et tantôt traitent avec ces organisations d'égal à égal, et ce sont bien les mêmes organisations qu'il faut analyser tantôt comme des agents comparables à des individus, tantôt comme des assemblages complexes de ressources diversifiées. Une théorie générale doit les englober dans un même modèle et reposer sur l'étude de leurs actions et de leurs interactions.

Les actions des entreprises sont fortement conditionnées par l'information limitée dont elles disposent et les capacités limitées qu'elles ont de l'utiliser. Le temps y est une dimension omniprésente, avec ses compagnons l'incertitude et le risque. Bien que les êtres humains qui composent l'entreprise agissent de façon délibérée et intentionnelle, ils ne peuvent pas prévoir avec certitude les effets de leurs propres actions. Ceux-ci dépendent des actions de tous les autres agents, qui sont elles-mêmes délibérées et intentionnelles, et ne peuvent pas non plus être prévues avec certitude. Vue de l'entreprise, l'économie est intrinsèquement non déterministe, et ses lois sont approximatives voire simplement qualitatives. Elles ne se prêtent en tous cas pas

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