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L'altermondialisme et la troisième voie - banque Triodos

Étude de cas : L'altermondialisme et la troisième voie - banque Triodos. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  28 Décembre 2021  •  Étude de cas  •  2 886 Mots (12 Pages)  •  316 Vues

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Sujet : “L’Altermondialisme et la troisième voie”

2674 mots hors bibliographie

Comment la banque TRIODOS contribue à créer un monde différent, socialement plus juste, plus sain et plus vert ?

Introduction

La mondialisation peut être définie comme « un mouvement complexe d'ouverture  des frontières économiques  et de déréglementation, qui permet aux activités économiques  capitalistes  d'étendre  leur champ  d'action  à l'ensemble  de la planète »[1].. Ce système économique basé sur la maximisation des profits engendre des effets négatifs à tous les niveaux : une augmentation exponentielle des inégalités sociales et géographiques, des préjudices directs sur l’environnement, un impact climatique irréversible, la concentration des pouvoirs par les milieux financiers et des minorités dominantes comme les multinationales et finalement des États qui servent des intérêts privés.

En réaction, divers mouvements altermondialistes hétérogènes, issus de la société civile, se sont fait entendre au début des années  2000[2], par leur contestation spectaculaire lors de Forum économique sociaux par la dénonciation des effets du néolibéralisme, et les propositions pour une « autre mondialisation ». Les mouvements divergent sur la forme que celle-ci devrait prendre. Ils proposent un nouvel ordre économique global mieux régulé et plus équitable, une meilleure répartition des richesses (notamment par une annulation de la dette des pays du Sud et la mise en place d’une fiscalité internationale) pour un véritable développement durable et respectueux des droits humains et de la planète. Ils essayent de relier la justice sociale et la justice environnementale. La finance et les banques sont pointées comme responsables de la crise de 2008 et de ses conséquences.

Dans ce contexte financier délétère, la banque Triodos se détache du système bancaire classique de par ses valeurs et de par ses pratiques. Fondée en 1980 aux Pays-Bas, elle été créée pour financer des changements positifs dans la société. Son nom signifie en grec, trois voies : personnes, planète profit. Elle considère que l’argent n’est pas une fin en soi, mais un moyen de promouvoir la dignité humaine, la protection de la planète et la qualité de vie[3]. Notre analyse vise à expliquer comment Triodos contribue à créer un monde différent, socialement plus juste, plus sain et plus vert à travers la perspective altermondialiste. Tout d'abord, nous définirons des concepts clés pertinents pour le cas d’étude, spécifiques à la démarche altermondialiste développée par S. George. L'analyse se concentrera ainsi autour des concepts de financement du développement durable, de « mythos » ou de rêve partagé, et de société résiliente. Nous analyserons ensuite les actions de la banque Triodos en fonction de ces différents concepts théoriques.

La perspective altermondialiste

La notion d’altermondialisme comme le rappelle E. Fougier est difficile à circonscrire[4]. Elle regroupe des mouvements hétérogènes avec néanmoins des caractéristiques communes : ils appartiennent à la société civile, se reconnaissent dans le slogan écologiste « penser global, agir local », et s’opposent à la mondialisation néolibérale tenue pour responsable des maux de la terre. Leurs propositions alternatives aux effets dévastateurs de la mondialisation divergent par leur forme et leurs moyens.

Susan George, politologue engagée, active depuis 1973, est une des figures emblématiques de l’altermondialisme. Elle s’inscrit dans un courant modéré mais déterminé, et propose de redistribuer les pouvoirs et les règles du système actuel : « jouer avec les cartes que l’histoire nous a distribuées ». Les moyens d’action proposés se déclinent à plusieurs niveaux :  international, pour l’élaboration et l’application d’une autre fiscalité, régional tant pour le rôle potentiel à jouer par l’Union Européenne que pour cibler et informer les élus, qui sont des relais plus efficaces du plaidoyer des altermondialistes que ceux des Forums sociaux mondiaux[5] et finalement national, pour le retour d’un État régulateur, surveillé par les citoyens actifs, conscients et engagés, et des entreprises éthiques et conscientes dans une démocratie élargie participative, inclusive et responsable.

La priorité au financement du développement durable

Les rapports de forces mondialisés contemporains sont imagés par S. George, comme quatre cercles décroissants en taille, à l’intérieur les uns des autres. Celui à l’extérieur, le plus puissant, est la finance qui, par sa recherche de profit, oppresse et domine, le cercle suivant, l’économie, qui à son tour, contraint le cercle suivant : la société et ses citoyens, et finalement pèsent sur le dernier cercle, la planète. S. George exhorte les citoyens à renverser l’ordre de ces cercles[6],  et affirme, « Si nous voulons continuer à vivre dans des conditions décentes,  notre objectif et notre devoir n’est rien moins que de renverser l’ordre de ces cercles et de les mettre à l’envers » : la planète, la société et ses citoyens, l’économie et finalement la finance qui serait au service de tous les autres. Elle ajoute : « Le plus important est sans conteste la Planète :  Nous ne pouvons vivre sans elle ; elle serait sans doute bien mieux sans nous ».  

Pour remettre la planète et donc le développement durable au centre des priorités, la finance doit être au service de la planète et de l’économie réelle. « La priorité absolue serait de prêter au entreprises et aux individus qui ont un projet vert. […] On imposerait à toute banque de consacrer un certain pourcentage de son portefeuille à ce type de prêts […]  l’important c’est de favoriser l’activité dans l’économie réelle et de remettre la finance à sa place »[7].

Le « mythos » ou le rêve partagé

S. George insiste sur la nécessité d’une éducation populaire orientée vers l’action. La priorité est de déconstruire l’idée artificielle du capitalisme[8]  (la sacro-sainte croissance) et de s’opposer à l’hégémonie culturelle instillée par les dominants[9], au sens « gramscien », soit un ordre fondé sur une domination non ressentie comme telle par ceux qui la subissent[10]. Il est à noter que la violence d’état n’est plus légitime dans ce paradigme[11]. Puis, les citoyens ont avant tout à imaginer cet autre monde et partager ce rêve commun dans lequel tous les acteurs présents en seraient des bénéficiaires heureux. C’est cette projection mentale, qui est à la base de tout changement : le « mythos ». Alors, tous les acteurs « pourraient chanter ensemble ».

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