L'euthanasie
Étude de cas : L'euthanasie. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Jodickson Yaay • 23 Novembre 2015 • Étude de cas • 2 573 Mots (11 Pages) • 1 442 Vues
Selon un sondage réalisé par l’Association pour le droit de mourir (ADMD) en 2013, 92% des français seraient favorables à l’euthanasie pour les personnes qui en font la demande et qui souffrent d’une maladie incurable et insupportable.
À la question, "selon vous la loi française devrait-elle autoriser les médecins à mettre fin, sans souffrance, à la vie de ces personnes atteintes de maladies insupportables et incurables si elles le demandent?", 44% répondent "oui absolument" et 48% répondent "oui dans certain cas" soit un total de 92% de réponses positives. Cependant, ce procédé de mettre fin à la vie des patients incurables est illégal dans beaucoup de pays notamment en France. Toutefois, la loi Leonetti a été adoptée en avril 2005 : cette loi condamne l’acharnement thérapeutique, qui permet au patient de demander un traitement moins lourd.
C’est pourquoi nous allons tenter de répondre à la question suivante : comment expliquer que dans une société basée sur le droit de l’individu à disposer de sa propre existence, on ne puisse pas décider de sa mort dans le cadre hospitalier.
Après avoir décrit le contexte juridique, nous allons étudier le cas de deux affaires : celui de Vincent Humbert en 2003 et celui de Vincent Lambert. Pour terminer nous allons évoquer la complexité de ce problème
I – Le contexte juridique et enjeux du monde
1) Le contexte juridique
Étymologiquement le mot « euthanasie » vient du grec « euthanasia » qui signifie bonne mort. Cela désigne l’acte médical qui consiste à abréger les souffrances physiques ou morales d’un patient, dues à une maladie incurable. Ce procédé est illégal dans beaucoup de pays notamment en France. Toutefois la mort du patient est encadrée par 2 lois : la loi de 2002 sur le droit des malades et la loi Leonetti d’avril 2005 relatives aux droits des patients en fin de vie. Selon le code de déontologie médicale français, article 38 alinéa 2, le médecin en charge du patient n’a pas le droit de provoquer délibérément sa mort. Il est mentionné que "le médecin doit accompagner le mourant jusqu'à ses derniers moments, assurer par des soins et mesures appropriés la qualité d'une vie qui prend fin, sauvegarder la vie du malade et réconforter son entourage. Il n'a pas le droit de provoquer délibérément la mort". S’il y a violation de cette loi, le médecin encourt des sanctions disciplinaires. En général, ces sanctions consistent en l’interdiction d’exercer le métier pendant une période définie. Quant à la loi Leonetti votée en avril 2005, suite à la demande de Jacques Chirac après l’affaire Humbert, elle permet d’arrêter le traitement et l’acharnement thérapeutique qui est défini comme une « obstination déraisonnable, refusant par un raisonnement buté de reconnaître qu'un homme est voué à la mort et qu'il n'est pas curable ».
- 2) Les enjeux
Plusieurs enjeux s'articulent autour de ce débat, aussi bien éthique, juridique, sociologiques ou encore religieux. Du point de vue éthique, le droit au refus d’un traitement, les soins palliatifs et la lutte contre la douleur sont des attitudes qui répondent au respect de l'autonomie du malade. En effet, si les soins palliatifs ou autre traitement n'arrivent pas à soulager la souffrance du patient, personne ne devrait l'empêcher de demander une mort par assistance. L’important, c’est que la personne atteinte d’une maladie mortelle et douloureuse puisse accéder à une mort accordée à son état, à ses exigences de liberté et de dignité. Cependant d'un point de vue religieux et selon le serment d'Hippocrate, il est formellement interdit de provoquer délibérément la mort de quelqu'un, ce qui s'oppose au principe même de l'euthanasie active. C'est justement sur cette dernière que les enjeux juridiques s'articulent car c'est un acte criminel. La loi a pour mission de protéger la dignité de l'homme veillant à ce que ses droits fondamentaux soient respectés comme le droit à la vie. L'interdit du meurtre est l'un des éléments fondateurs de notre société. Le droit a également pour but de protéger les valeurs qui régissent notre société. (Hors la pratique euthanasique va à l'encontre de ces valeurs?)
II- Étude de cas
1)Affaire Vincent Humbert
C'est le 26 septembre 2003 que Vincent Humbert a rendu son dernier souffle de vie à l'âge de 23 ans, dans un centre spécialisé de Berck-sur-mer. Trois jours plus tôt sa mère lui avait injecté une très forte dose de médicament, le plongeant dans le coma. Suite à un accident de voiture en 2000, Vincent Humbert a eu de graves séquelles. Le jeune homme a alors écrit au président de la République Jacques Chirac afin de lui demander le droit de mourir.
Suite à cette affaire, un long débat s'est ouvert sur la question de la fin de vie et de l'euthanasie qui a finalement débouché sur la loi Leonetti en avril 2005. Celle-ci a été amendée mais connaît encore des changements, certains ont été faits pas plus tard que le mois dernier. Une étape de plus dans la marche vers l'euthanasie, entamée dans les années 2000.
Après cela il est devenu tétraplégique, presque aveugle et muet. Malgré le fait qu'il ait conservé ses facultés intellectuelles, il mène un combat contre la souffrance qu'il endure ainsi que celle de sa mère. C'est de là qu'avec l'aide d'une de ses soignantes, il lance un appel de détresse au président Jacques Chirac. Dans sa lettre rendue publique en 2002, Vincent Humbert écrit : « Vous avez le droit de grâce, moi je vous demande celui de mourir. »
Le 20 septembre 2003, Marie, la maman, décide « d'aider » son fils, étant donné l'impossibilité de se rendre dans un pays où l'euthanasie est légalisée, elle lui injecte d'importantes doses de penthiobarbital de sodium. Cet acte plongera son fils dans un coma profond sans toutefois provoquer son décès. C'est 3 jours plus tard que le docteur Frédéric Chaussoy lui administre une dose mortelle de chlorure de potassium. Il assume son geste et est mis en examen pour « empoisonnement avec préméditation ». Marie Humbert quant à elle est poursuivie pour « administration de substances toxiques ». Finalement ces deux personnes bénéficieront d'un non-lieu.
(2005) Quelques semaines plus tard, Jacques Chirac confiera une mission parlementaire sur l'accompagnement de la fin de vie au député Jean Leonetti. Celle-ci débouche en juin 2004 sur un rapport et devient une loi votée en 2005.
Deux principes sont énoncés : l'acharnement thérapeutique et l'euthanasie dite active sont interdits. Elle recommande également des soins palliatifs. Un patient peut refuser tous les traitements qui lui sont proposés même s'ils entraînent sa mort. On parle alors de droit au « laisser-mourir ». De même, le corps médical peut décider d'arrêter des traitements curatifs ou de maintien en vie même si cela peut avoir pour effet secondaire le décès du patient.
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