Le système scolaire français est-il méritocratique?
Dissertation : Le système scolaire français est-il méritocratique?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar man0n_wbr • 5 Janvier 2022 • Dissertation • 2 172 Mots (9 Pages) • 1 612 Vues
Dissertation écrite par Manon WEBER
Le système scolaire français est-il méritocratique ?
Introduction
Depuis la démocratisation du système scolaire français entre 1959 et 1975 avec la réunification de l’école primaire puis la création du collège unique notre système éducatif prône la sélection juste. Cette préoccupation vise à mettre fin à la logique des héritiers et ainsi assurer la démocratie en instaurant une logique égalitaire au sein de l’école.
Ainsi, nous pouvons nous demander si le système français a véritablement réussi à instaurer cette logique égalitaire et donc si celui-ci est devenu méritocratique.
Avant d’introduire le terme « méritocratie » nous devons nous pencher sur sa racine « le mérite ». En effet, celui-ci est un principe de justice social auquel les sociétés d’aujourd’hui cherchent de plus en plus à se conformer. Une société est alors dite méritocratique si les positions sociales découlent du mérite de chacun avec son travail et ses efforts, et non de son origine sociale. C’est donc à cette problématique que nous allons tenter de répondre en interrogeant le lien entre origine social et performances scolaires au sein de l’école, une institution qui se voudrait méritocratique. La méritocratie scolaire est un sujet en constante évolution depuis plusieurs décennies qui soulève de nombreux enjeux comme celui de la justice scolaire mais aussi des enjeux politiques et sociétaux importants.
En première partie nous étudierons une évolution au sein de l’école qui va dans le sens de la méritocratie puis nous verrons les limites qu’a celle-ci et enfin nous verrons pourquoi celle-ci a une place importante dans notre système.
Une évolution qui va dans le sens de cette méritocratie avec une sélection juste
Même si c’est vraiment à partir des années 60 qu’on voit apparaître cette logique méritocratique, le principe d’égalité des chances naîtrait entre autres des lois de Ferry avec une scolarité gratuite et obligatoire dans un premier temps qui permettrait aux individus issus de n’importe quelle classe sociale de s’instruire. Cette instruction autoriserait donc une certaine mobilité sociale avec des individus qui auraient la possibilité de s’élever socialement. Ensuite, c’est la sélection juste qui fait son entrée dans le système éducatif français avec la réunification de l’école primaire et la création du collège unique dans les années 1960 et elle devient un argument de taille de la démocratie. Cette nouvelle préoccupation égalitaire permettrait de faire évoluer le système scolaire.
Cette idéologie méritocratique va commencer à prendre de l’ampleur au sein de l’école pour se substituer, au fur et à mesure, au moins en principe, aux avantages hérités. En effet, l’institution scolaire constitue le premier espace où l’individu se compare via les appréciations reçues de ses maîtres qui plus tard s’accompagneront de notes. Ainsi, des hiérarchies se produisent au sein de la classe normalement juste puisqu’elles sont expliquées par des contrôles identiques entre les élèves et notés impartialement. Les valeurs de ces tests devraient donc être proportionnelles à l’effort fourni et les résultats scolaires devraient alors être le fruit du travail et donc du mérite.
C’est pour cela que la méritocratie est notamment invoquée à l'école pour justifier la réussite des élèves par l'ardeur au travail.
En théorie, l’école devrait donner les mêmes chances de réussite à tous les élèves ce qui est mis en avant comme nous l’avons vu précédemment par les notes, les appréciations, les bulletins scolaires au début de la scolarité. Une compétition scolaire et une sélection qui s’accentue à l’entrée au lycée avec un système de sélection sur Parcoursup par exemple et qui atteint son maximum avec les concours d’entrée dans les grandes écoles ou encore les bourses aux mérites en enseignement supérieur qui sont destinées aux élèves dits « méritants ». Cette logique méritocratique est d’ailleurs institutionnalisée par des lois dans le code de l’éducation telles que « Pour garantir ce droit dans l’égalité des aides sont attribuées aux élèves et aux étudiants selon leurs ressources et leurs mérites ». Une politique d’équité a également été mise en place pour favoriser la réussite scolaire des élèves issus des milieux les plus modestes : l’éducation prioritaire. Pour cela des dispositifs de discrimination positive ont été mis en place avec la création des Zones d’Education Prioritaires (ZEP) en 1981 qui ont pour objectif de « corriger l’impact des inégalités sociales et économiques sur la réussite scolaire par un renforcement de l’action pédagogique et éducative dans les écoles et établissements des territoires qui rencontrent les plus grandes difficultés sociales".
Sur le même principe en 2014 sont mis en place les Réseaux d’Education Prioritaires (REP) qui regroupent les collèges et les écoles rencontrant des difficultés sociales plus significatives que celles des collèges et écoles situés hors éducation prioritaire.
Les REP+ quant à eux concernent les quartiers ou secteurs isolés qui connaissent les plus grandes concentrations de difficultés du territoire.
Grâce à toutes ces initiatives du gouvernement depuis plusieurs décennies la démocratisation scolaire permet de réduire les inégalités sociales en réduisant les différences d’accès à l’école entre catégories sociales. En effet, selon le ministère de l’éducation nationale ils étaient 45 % d’enfants de cadres à obtenir le baccalauréat, contre seulement 5 % d’enfants d’ouvriers en 1961. Alors qu’en 2016, c’était 90 % des enfants de cadres qui l’obtenaient, contre 45 % d’enfants d’ouvriers. Mais est-ce que ces efforts sont suffisants ? Si non, quels sont leurs limites ?
Les limites de cette méritocratie : les enfants issus d’une famille ayant une proximité avec la culture écrite sont avantagés
Malgré la dominance de l’idéologie méritocratique à l’école force est de constater que l’égalité des chances est loin d’être acquise. En effet, l’origine sociale détermine en grande partie la réussite scolaire dans notre système éducatif.
Dans les années 60, alors que l’école présentait les inégalités scolaires comme découlant d’inégalités personnelles avec des différences de niveau, Bourdieu et Passeron ont affirmé que celles-ci trouvaient plutôt leurs origines dans les héritages sociaux. Ils vont argumenter leur thèse en expliquant que la sélection juste est complètement dérisoire puisque l’école privilégie ceux qui ont un héritage culturel avec la diffusion de la culture bourgeoise au sein de son institution. Selon Pierre Bourdieu, dans Les Héritiers (1964), c’est la dotation des élèves en capital culturel dans les familles aisées qui explique le mieux leur réussite scolaire. Celle-ci s’expliquerait donc par : une manière de parler valorisée en classe, une culture générale valorisée en classe et des informations sur le système scolaire qui aident à s’y repérer.
...