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Pierre Garrow

Commentaire d'oeuvre : Pierre Garrow. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  20 Mai 2015  •  Commentaire d'oeuvre  •  1 723 Mots (7 Pages)  •  745 Vues

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Je suis étudiante infirmière en première année et suis en stage à l’hôpital gériatrique Pierre Garraud dans un service pour les patients en soins de longue durée. Mon thème de mon analyse de pratique sera «la spécificité que représente la différence de sexe entre le soignant et le soigné pendant les soins intimes».

Nous verrons en premier lieu, la description de la situation, en second lieu nous étudierons les différents concepts pouvant entrer en jeu et pour finir nous observerons la place qu'a le patient durant un soin avec un soignant.

Tout d'abord pour que nous puissions mieux comprendre la situation, je vais expliquer le fonctionnement du service où il y a 30 patients. Celui ci est divisé en deux, nous avons donc 15 patients de chaque côté du service. Chaque matin, pour les toilettes, les aides-soignants se répartissent les patients qu'ils souhaitent prendre en charge. Nous avons donc 2 soignants de chaque côté, plus un soignant qui s'occupe de l'office et qui effectue 3 toilettes.

Peu de temps après mon entrée en stage, je me suis retrouvé un matin avec un aide-soignant que nous nommerons X. Nous nous sommes rendus dans la chambre d'une patiente de confession musulmane et pratiquante (aux convictions religieuses prononcées que nous nommerons Madame A). L'aide-soignant lui expliqua qu'il allait lui faire la toilette. A ce moment-ci, elle s'y opposait et s’énerva. X lui expliqua que cela ne pouvait pas se faire autrement; dès lors, durant toute la toilette Madame A se cacha les parties intimes, et lui cria dessus tout en l'insultant. A la fin de la toilette, lorsque nous sommes sortis de la chambre je lui ai alors demandé pourquoi il lui faisait la toilette s'il savait qu'elle ne voulait pas que ce soit un homme qui la lui fasse, tout en sachant en plus qu'elle est musulmane. Il me répondit que nous étions dans un service public hospitalier et qu'il n'y avait pas de possibilité de choix du soignant selon le sexe et que l'organisation du service ne permettait pas que ce soit une autre personne qui prenne le relais en cas de besoin. Quelques heures plus tard, nous nous trouvions de nouveau face à une patiente de la même religion que Madame A. Nous étions à nouveau confrontés à une personne refusant le soin.

A midi, X racontait ce qu'il s'était passé tout en disant «cela n'est pas normal, elle n'a pas à choisir non?». Face à cette question, les aides-soignants présents ont tous répondu qu'ils étaient d'accord avec lui.

Cette situation m'a marquée, c'est donc pour cela que j'ai essayé d'avoir un esprit critique en améliorant mon savoir-faire et mon savoir-être dans ma pratique d'étudiante infirmière. Pour une meilleure prise en charge du patient et de son entourage, je me suis alors questionné : pourquoi fait-il la toilette, alors que la patiente refuse? Pourquoi le rapport au sexe opposé influe-t-il sur la relation soignant-soigné et plus particulièrement en situation de soins intimes? Est-il possible de réorganiser un service, ou bien d'échanger une toilette avec un autre patient dans ce cas là?

Tout d'abord, dans cette situation, nous nous trouvons face à une personne. Malgré le fait qu'elle soit de religion musulmane, je pense que toute autre personne aurait pu refuser que ce soit un homme qui lui fasse la toilette. Car, en faisant un soin nous rentrons dans l'intimité du patient.

Nous pouvons ainsi voir qu'à travers le concept de proxémie1 théorisé par Edward T.Hall il existe 4 distances :

-la distance publique qui est de plus 3,5m,

-la distance sociale qui est de 1,2m à 3,5m,

-la distance personnelle qui est de 45cm à 1,2cm,

-et enfin la distance intime qui est de 15cm à 45cm2.

Ainsi, en situation de soin, le soignant pénètre dans la sphère intime et la pudeur du patient. D'après le groupe d'éthique de l'APF, nous pouvons décrire l'intimité comme «la sphère du privé ne [pouvant] se limiter au corps visible mais [s'étendant], par lui, à la vie intérieure (pensées intimes, opinions personnelles...) ainsi qu'à la privatisation (caractère privilégié et personnel) des relations.»3 Cette définition fait apparaître ainsi le caractère intérieur de l'intimité montrant par là que ceci est plus que personnel. Il se peut qu'un patient ou une patiente ne souhaite pas qu'un soignant du sexe opposé fasse leurs toilettes, car il entre dans leur intimité. Nous devons laver, voir leurs parties intimes, leur peau, leur corps. Quelque chose, qu'ils n'ont peut-être jamais montré. Le fait que nous entrons dans cette sphère privée, peut leur procurer un sentiment de honte, de gêne, de mal-être.

A l'intimité, se mêle la pudeur, qui est la «disposition à éprouver de la gêne devant ce qui peut blesser la décence, devant l'évocation de choses très personnelles et, en particulier, l'évocation de choses sexuelles.». Nous nous devons de respecter l'intimité et la pudeur du patient lors de tous les soins, comme l'indique la charte du patient hospitalisé de la manière qui suit : «le respect de l'intimité du patient doit être préservé lors des soins, des toilettes [...] à tout moment de son séjour»4. A cela s'ajoute un décret qui dispose que «l'infirmier

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