Pardon avec Titus et Antiochus

est très pathétique parce qu’elle se double d’une déclaration d’adieu à Titus et à Antiochus, elle aussi répétée : adieu, Seigneur (v.1494 et 1506), adieu (v.1495 et 1502). [...]

[...] ce que souligne le rythme ample de ces vers. On observe ici que Racine met dans la bouche de Bérénice un vocabulaire amoureux attire tous ses voeux v.1486, goûte les prémices v.1487, ses délices v.1488) pour désigner la relation entre Titus et l’univers : cela donne l’impression que Bérénice cède devant une rivale. Dans la certitude d’être aimée par Titus Votre cœur s’est troublé, j’ai vu couler vos larmes. v.1483, votre amour v.1485), Bérénice puise donc le courage du renoncement. [...]

[...] La répétition du verbe aimer à trois reprises souligne l’amour de Bérénice et l’imparfait exprime en même temps l’impossible accomplissement au présent de cet amour. Mais le sommet pathétique de cette tirade réside sans doute dans le vers 1500. Ce vers concentre en effet l’expression du déchirement auquel les amants sont confrontés. La contradiction de la situation est formulée de manière éclatante par la symétrie parfaite, à la fois syntaxique et sonore des deux hémistiches aime ( . ) fuis ( . [...]

[...] / La grandeur des Romains, la pourpre des Césars / N’ont point, vous le savez, attiré mes regards. et au v.1490 véritable amour renforce la valeur du sacrifice : Bérénice n’aimait pas Titus pour devenir impératrice, mais elle l’aimait pour lui-même ; cela souligne donc la noblesse de son attitude. Sa grandeur est enfin magnifiée par l’éloge qu’au moment même où elle le quitte, elle fait des qualités politiques de Titus vos vertus v.1487) et la dimension cosmique à laquelle elle l’élève en le faisant maître de l’univers (v.1485). [...]

[...] (v.1506) prononcée par Antiochus et Titus reste silencieux, ce qui donne l’impression que la douleur l’empêche de réagir. C. Le lyrisme d’une plainte contenue Toutefois, la tirade de Bérénice est rendue d’autant plus émouvante qu’elle n’est pas excessive et ne s’épanche pas dans l’expression de la douleur : Racine ne multiplie pas les exclamatives (deux en 37 vers) ni les accumulations (une au v.1474) ou les hyperboles (deux au v. 1503), mais utilise un langage simple et des phrases souvent courtes. [...]

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