Laura Kasischke - Un oiseau blanc dans le blizzard
Fiche de lecture : Laura Kasischke - Un oiseau blanc dans le blizzard. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar lilirosa123 • 21 Janvier 2017 • Fiche de lecture • 1 047 Mots (5 Pages) • 697 Vues
Fiche de lecture
J’ai choisi de vous présenter le second roman de Laura Kasischke qui s’intitule Un oiseau blanc dans le blizzard. Laura Kasischke est un écrivain originaire du Michigan, elle dépeint, à travers ses romans, la société américaine et est souvent comparée à Joyce Carol Oates pour sa critique. Ce roman a pour décor une petite ville américaine de l’Ohio, nommée Garden Heights. C’est là que vit Katrina Connors, 16 ans, surnommée Kat et ses parents Eve et Brook. Dans sa banlieue, tous les éléments paraissent d’abord très harmonieux, et la vie quotidienne de Kat semble très ordinaire. Un vendredi de janvier, Eve disparaît définitivement, sans être retrouvée par la police. Les nuits de Kat, qui ne ressent ni désespoir, ni étonnement, se remplissent progressivement de cauchemars. Le lecteur suit alors l’enquête intérieure d’une fille pour retrouver sa mère.
Mes sentiments et mes opinions sur ce livre sont assez partagés. En effet, j’ai apprécié la façon dont l’auteure écrit la progression des sentiments de Kat pendant les trois années qui vont suivre la disparition de sa mère. Kat fait référence à de nombreux éléments passés qui lui rappellent sa mère, j’imagine qu’elle essaye de comprendre pourquoi sa mère est partie, pourquoi elle s’est envolée comme un oiseau blanc dans le blizzard. J’ai donc aimé la description de la relation mère fille du point de vue de Kat, puisque c’est elle la narratrice, cette façon qu’elle a de montrer le caractère complexe de sa mère, d’enlever le costume qu’elle porte en permanence. J’apprécie également la façon dont l’auteure dépeint cette banlieue de l’Ohio, où réside la classe moyenne, qui semble très monotone, mais on découvre brutalement que se cachent, derrière cette belle façade, des drames terrifiants. Je me suis donc plongée dans les sentiments de Kat, sa vie quotidienne, sa rencontre avec Phil, le fils de Mrs. Hillman, sa nouvelle voisine qui est aveugle. J’ai trouvé difficile, en revanche, la découverte tout au long du roman, de la relation violente, possessive, haineuse entre Kat et sa mère. Il y a dans ce roman, un côté dominant froid voire glacial, apeurant qui me semble tout à la fois fascinant et terrifiant, d’où la division de mes opinions. Ce côté glacial se retrouve presque dans chaque page, dans les cauchemars obsédants de Kat sur sa mère souvent entourée d’un halo blanc, dans ses révélations sur les rapports tendus avec sa mère disparue, dans les nombreuses comparaisons et métaphores imaginées par Kat. Je trouve ce côté glacial trop présent, il donne au récit une atmosphère, un milieu que j’ai envie de quitter pour retrouver un peu plus de chaleur. Mais, d’un autre côté, je trouve que c’est cet aspect pur, cette blancheur permanente dans les diverses descriptions du livre qui le rendent fascinant. De plus, Kat, malgré elle, recherche sa mère, au fond, elle espère la retrouver bien qu’elle affirme le contraire à sa psychologue. J’ai agréablement ressenti ce lien unique qui persiste entre les deux malgré leur séparation physique. Eve appelle Kat en réalité, j’aime l’effort que le lecteur doit fournir pour percer la véritable relation qui se cache entre elles. J’aime l’ambiguïté de l’auteure, qui se montre réaliste mais aussi un peu fantastique dans la description des cauchemars de Kat qui ont éveillé en moi un sentiment de répulsion, presque de terreur. Je suis fascinée par le fait que ses cauchemars prouvent, selon moi, qu’il existe un lien incassable et intense entre la mère et sa fille. Il y a aussi une relation étrange qui m’a déplue entre Kat et l’inspecteur de police M. Sciezsciez. Ce n’est pas une relation d’amour entre les deux et cela renforce, selon moi, ce côté apeurant et dérangeant. De plus, les évolutions sont très lentes à venir mais finalement, d’une façon brutale, tout s’accélère à la fin avec le départ de Kat à l’université à Ann Arbor, là où enseigne actuellement l’auteure. Sans la rechercher véritablement d’elle-même, Kat va être poussée par une force intérieure à connaître la vérité. Je me suis sentie alors de plus en plus curieuse et intriguée dans les toutes dernières pages qui révèlent le dénouement de l’intrigue. Son père, qu’elle décrit comme un homme naïf, faible, à l’opposé de l’inspecteur, semblait avoir accepté la disparition de sa femme et s’être résigné. Pourtant, j’ai découvert avec étonnement, car je ne m’y attendais pas du tout, que c’est lui qui est à l’origine de la disparition de sa femme. J’ai apprécié le fait que l’auteure joue avec les apparences et la réalité, car finalement, ce sont tous les personnages du livre qui cachent de nombreux non-dits, et ils sont tous remplis de désirs et de frustrations. La note glaciale, reprend le dessus pour le dénouement, qui est à mon goût trop terrifiant : le lecteur comprend que le père a en réalité enfermé sa femme dans le congélateur du sous-sol car sa voisine aveugle l’avait prévenu ce vendredi de janvier, qu’il y avait un homme avec sa femme dans sa maison. J’aurais aimé à ce moment-là, connaître les sentiments de Kat mais l’auteure a décidé d’arrêter brutalement son récit à cette sombre fin pour laisser libre cours à l’imagination du lecteur. J’aurais donc aimé connaître la suite mais j’apprécie aussi le fait que l’auteure garde une part de mystère, et laisse un certain suspense concernant les sentiments de Kat lors de la découverte du corps lié de sa mère. Pour conclure, ce roman familial glacial de la disparition, de la faute, de la culpabilité m’a fait réfléchir sur la relation mère-fille. Laura Kasischke montre en effet que cette relation est indispensable dans la vie d’une adolescente qui cherche à se construire, même si dans le cas de Kat et de sa mère, la relation est tendue, et extrêmement froide, il y a un manque d’amour maternel. Tout à la fois fascinée par cette relation difficile à comprendre entre Kat et sa mère lors de la disparition de cette dernière à travers les cauchemars incessants de Kat, et admirative de l’écriture remplie de métaphores imaginaires de l’auteure, je reste malgré tout apeurée par ce monde malsain et trop noir que Laura Kasischke dépeint. (Il manque à mon goût une touche d’optimisme et de lumière).
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