La Profession IDE, L'histoire Et Le Mythe
Compte Rendu : La Profession IDE, L'histoire Et Le Mythe. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar EIDE39 • 14 Décembre 2014 • 2 568 Mots (11 Pages) • 2 224 Vues
LA PROFESSION INFIRMIÈRE L'historique et le mythe Jean-Bernard Calbéra
ERES | VST - Vie sociale et traitements
2003/3 - no 79 pages 55 à 57
ISSN 0396-8669
Article disponible en ligne à l'adresse: -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------http://www.cairn.info/revue-vie-sociale-et-traitements-2003-3-page-55.htm -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Pour citer cet article : -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------Calbéra Jean-Bernard, « La profession infirmière » L'historique et le mythe,
VST - Vie sociale et traitements, 2003/3 no 79, p. 55-57. DOI : 10.3917/vst.079.0055 -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
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Dans l’Antiquité, la maladie et surtout la folie sont considérées comme l’expression d’un fait surnaturel. Au Moyen Âge, on isole et on contraint pour repérer et écarter celui qu’on ne maîtrise pas. Le soignant est absent, il représente plutôt un assistant à la misère sous la coupe des ordres religieux qui mettent en place des lieux de rassemblements; d’où l’origine du mot «infirmier» dérivé de l’enfermerie (1288)1. À la Renaissance, s’ouvrent en Europe des établissements accueillant des fous, des vénériens mais aussi des malades, des miséreux et des exclus. Le personnel est constitué de médecins et de religieux au statut non défini. Les soins sont assimilés à la charité pour l’amour de Dieu. L’acte de soigner est bénévole, la femme qui aide ne peut être rémunérée en argent; les soins sont inscrits dans un système d’échanges: le remerciement se fait en nature, l’infirmière est prise en charge par la structure qui l’emploie car le soin n’a pas de valeur économique, il a une valeur culturelle. La suprématie religieuse est remise en question vers le milieu du XIXe siècle pour deux raisons2:
– L’avènement de la République: combattre les maladies et répandre la santé devient un objectif séduisant; de plus un certain nombre de républicains n’acceptent plus l’obscurantisme des «cornettes» qui refusent leurs soins aux vénériens et aux filles-mères. – Les découvertes de Pasteur: elles impliquent de nouveaux gestes d’hygiène et de stérilisation, refusés par les religieuses; ce qui amène les médecins à rechercher des auxiliaires «plus dociles». L’infirmière idéale présentée par le corps médical est ainsi définie: «[…] nous la choisirons autant que possible parmi ces vaillantes filles du peuple qui, à force d’intelligence et d’énergie, sont parvenues à s’instruire […]. Nous la désirerions mariée et mère de famille car il est des délicatesses de sentiment pour les faibles et les enfants qui ne s’épanouissent complètement que dans le cœur des mères […]. Cette infirmière plébéienne d’origine serait dépourvue de morgue et de dédain…» Si la laïcisation des soins scelle l’acte de naissance de la profession infirmière, les religieuses resteront encore longtemps dans les lieux de soins à y exercer une très forte influence, en particulier en prenant
en charge un certain nombre d’écoles de formation. Voici donc initié l’ère de l’auxiliaire de soins technicienne, de haute moralité et soumise au corps médical: «une filiation médicale patrilinéaire se superpose à la filiation religieuse matrilinéaire» (Collière, 1982). La Première Guerre mondiale permet à la fonction infirmière de s’affirmer; il existe à présent un corps professionnel, pas encore force sociale mais d’utilité sociale. Voici son rôle, donné par l’Union des femmes françaises en 1920: «Le rôle de l’infirmière est de servir le malade en veillant constamment sur lui et tout ce qui l’entoure, et principalement en secondant assidûment et docilement le médecin.» La Seconde Guerre mondiale a un autre impact: elle marque le début de l’affranchissement de l’infirmière vis-à-vis des médecins. En effet les nouvelles thérapeutiques (antibiotiques, examens biologiques) multiplient les gestes techniques au point que les médecins ne peuvent plus les assumer seuls. Mais le métier d’infirmière reste toujours «une ascèse individuelle au lieu de devenir une fonction sociale3». Jusqu’au début des années 60, la diversité du recrutement retarde l’avènement d’une conscience professionnelle collective: les religieuses côtoient les infirmières bourgeoises de la Croix-Rouge et celles formées en école publique. Mais elles ne s’acceptent pas: les religieuses sont mues par leur dévotion et ont des attitudes réactionnaires; les «demoiselles» de la CroixRouge sont mues par la charité et sont
hautaines; l’élève infirmière de l’Assistance Publique présente une caricature peu charitable, qualifiée souvent de «noceuse». Dans le mouvement général de mai 1968, les infirmières prennent conscience de ce qu’elles sont une profession comme les autres et commencent à se libérer de la sacro-sainte chape de plomb qui pèse sur elles: l’obéissance, la soumission, la charité et le dévouement de la religieuse. Et en même temps que s’efface l’image de la «sainte laïque», la position sociale évolue tant sur le plan privé que professionnel: – Sur le plan privé, on ne conçoit plus qu’elle doive rester célibataire, comme un prêtre, ce qui était recommandé par les grandes figures du monde infirmier au début du siècle. – Sur le plan professionnel, les rapports entre médecins et infirmières se transforment avec une nouvelle position de l’infirmière qui ose s’imposer face à son patron. Les infirmières ont probablement bénéficié des évolutions sociales de
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