L'école et la démocratie

UE : Préprofessionnalisation (ME1)

Sujet de réflexion :

« L’école est-elle une démocratie »

09/12/20

Dans notre société actuelle, la démocratie politique, responsable de l’organisation du partage du pouvoir, correspond à une certaine conception de la vie sociale dans laquelle l’instruction occupe une place fondamentale. Pour fonctionner, une démocratie nécessite des citoyens animés de valeurs communes en accord avec le fonctionnement sociétal. L’école quant à elle, est l’une des premières institutions présentes dans la vie des jeunes individus qui seront, dans leur vie future, des citoyens à part entière. Il s’agit alors d’interroger le lien entre démocratie et école, de questionner et d’analyser les paradoxe inhérent à cette dernière. Dans un premier temps, nous discernerons le lien entre la démocratie et l’école, pour dans un second temps analyser comment le fonctionnement de l’école s’articule avec celui de la société.

Définir la démocratie semble d’abord être primordiale. A l’origine, la démocratie désignait un régime politique au sein duquel les individus participent, au moins par le vote, aux décisions politiques. Vivre en démocratie sous-entend alors la possibilité pour chacun d’être considéré comme citoyen à part entière, participant aux décisions, à la construction et au fonctionnement de la société. Aujourd’hui, la notion de démocratie s’étend à d’autres strates de la société, du fonctionnement des organisations au système de valeur. Elle porte également en elle les valeurs de liberté et d’égalité.

L’école est aussi un sujet à définir. Au long de notre réflexion, lorsque nous évoquerons l’école, nous ferons référence à la pédagogie qui s’y exerce. En son sens le plus courant, la pédagogie désigne l’art de transmettre une compétence. Elle rassemble les méthodes et pratiques d’enseignement nécessaires à la transmission d’un savoir, d’un savoir-faire et d’un savoir-être. Selon P. Merieu, la pédagogie est « un travail sur les conditions d’émergence d’un sujet autonome dans un collectif solidaire », et selon E. Durkheim, elle « a pour objectif de susciter et de développer chez l’enfant un certain nombre d'états physiques, intellectuels et mentaux que réclament de lui et la société politique dans son ensemble et le milieu social auquel il est particulièrement destiné ». Ces définitions nous permettent d’entrevoir le lien entre l’école et la démocratie.

L’école serait le lieu de « fabrication » des futurs citoyens, elle doit former des individus à la fois libres et conscients mais aussi capables de s’associer en collectivité. Ce sont là des conditions de la vie en démocratie. On retrouve ici l’un des grands paradoxes inhérent à la pédagogie qui se veut à la fois individualiser et unifier les élèves. En effet, l’école est un lieu au sein duquel s’entremêlent individus dans leur individualité et individus dans leur collectivité, émancipation et association aux autres, unicité et pluralisme. La société démocratique requiert des citoyens ayant à la fois conscience d’eux-mêmes, une vision d’ensemble du monde et la capacité à dialoguer pour trouver ensemble des solutions communes respectueuses de chacun. Un premier lien entre école et démocratie se dégage : l’école forme les futurs citoyens en leur transmettant les qualités humaines spécifiques et exigeantes de la démocratie. L’école apparait alors comme le chemin vers la démocratie, formant les jeunes individus à être en mesure d’adhérer et de participer pleinement à la vie démocratique.

Une autre tension interne à l’école fait émerger un autre paradoxe pédagogique : la tension entre liberté et éducabilité, entre autonomie et autorité. Cette dernière découle de la contradiction entre le principe d’éducabilité, selon lequel tous les êtres ont la capacité d’apprendre, et le principe de liberté, qui affirme que l’on ne peut contraindre quiconque à apprendre. C’est l’éducabilité, utilisée comme légitimation de l’autorité dont fait preuve le pédagogue qui vient entraver le principe de liberté et d’autonomie. Ainsi, la prise de pouvoir et la contrainte, inhérente à toute pédagogie, entre en contradiction avec la volonté de créer un citoyen autonome, libre d’être et de penser. L’école n’est pas démocratique, ou du moins presque jamais. Les élèves ne participent que rarement et modestement à l’élaboration

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