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Devoir Culture générale Et Expression session 2012

Fiche de lecture : Devoir Culture générale Et Expression session 2012. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  16 Avril 2015  •  Fiche de lecture  •  979 Mots (4 Pages)  •  786 Vues

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Pour Bergson qui aborde dans son essai la question des rapports sociaux, le rire répond à certaines exigences de la vie en commun. En tant que phénomène collectif, il a d’abord une fonction régulatrice. Le rire serait ainsi une sorte de geste social ayant le pouvoir "d’intimider en humiliant" (Bergson parle de "correction"). On pourrait évoquer ici La Bruyère, qui rappelle combien les rieurs ne pardonnent rien à la personne raillée, "ni son ton de voix, ni son silence, ni sa taille, ni son visage, ni son habillement, ni son entrée, ni la manière dont elle est sortie".

Si la société peut ainsi se défendre par le rire, c’est au détriment et aux dépens d’autrui. Les étudiants les plus curieux auront peut-être en mémoire la théorie bergsonienne du "mécanique plaqué sur du vivant" : il y est fait d’ailleurs allusion à la fin du passage quand le philosophe dit que le rieur "tendrait à considérer la personne d’autrui comme une marionnette dont il tient les ficelles".

De fait, le rire suscite auprès des rieurs moins de réflexion qu’il ne flatte leur instinct de supériorité. Ni bon ni mauvais ("le rire ne peut pas être absolument juste. Répétons qu’il ne doit pas non plus être bon. Il a pour fonction d’intimider en humiliant" rappelle Bergson), le rire se caractérise par l’indifférence et l’insensibilité du rieur qui n’a de cesse de créer grâce au rire une sorte de lien social entre les autres rieurs. On l’aura compris, pour Bergson, la fonction du rire est avant tout positive puisqu’elle remplit le rôle d’un langage de renforcement : en riant d’autrui, les rieurs affirment leur consensus en sanctionnant les attitudes ou les comportements déviants.

L’approche de La Bruyère, si elle rejoint d’une certaine façon les remarques de Bergson quant à la fonction sociale du rire, en diffère sensiblement par l’objet même que poursuit l’auteur des Caractères : en moraliste railleur, l’auteur fait dans ce passage la satire des "bourgeois-gentilhommes" qui cherchent à imiter la cour. Forçant le trait jusqu'au pittoresque quand il décrit la fragmentation de l'espace urbain présenté comme un conglomérat de microsociétés, le satiriste dresse une critique acerbe des institutions sociales.

Pour La Bruyère, si le rire est rassembleur, c'est seulement dans la mesure où il y a consensus des rieurs sur l’objet de la moquerie, mais celle-ci est cependant assez proche chez le moraliste du "divertissement pascalien" : ce que révèle finalement le rire, c'est la misère de l'homme ; il y a en effet une sorte de vacuité des rieurs. Comme nous le voyons, cette approche diffère sensiblement de celle de Bergson. En outre, chez La Bruyère, la verve moqueuse l’emporte quand il évoque "un peuple qui cause, bourdonne, parle à l’oreille, éclate de rire, et qui retombe ensuite dans un morne silence" : si le rire est utilisé comme arme aux dépens d'autrui, il est en réalité une façon d’échapper à un profond vide existentiel. À la

fragmentation de l’espace urbain que nous notions précédemment, correspond la discordance sociale, c’est-à-dire l’impossibilité d’établir des relations

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