Mérimée sur l'esclavage

aMérimée utilise un ton ironique pour convaincre son lecteur de la monstruosité de l’esclavage. De fait, l’auteur relate les conditions de vie à bord des navires de transport d’esclaves mais, si sa description n’épargne aucun détail, elle ne prend jamais une tournure ouvertement dénonciatrice. Mérimée préfère plutôt utiliser un ton plus acide, très « mordant » à certains endroits précis du récit. Or, ce ton indique au lecteur ce que l’auteur pense vraiment de l’esclavage et de ceux qui le pratiquent:

[I]l faut avoir de l’humanité, et laisser à un nègre au moins cinq

pieds en longueur et deux en largeur pour s’ébattre durant la traversée

de six semaines et plus: « Car enfin, disait Ledoux à son armateur

pour justifier cette mesure libérale, les nègres, après tout, sont des hommes

comme les Blancs. » (182)

La dernière phrase révèle tout le paradoxe de ce genre de commerce où des hommes exploitent d’autres hommes en vertu de la seule différence de couleur de peau. Le lecteur comprend vite que la méthode décrite est justement tout sauf libérale. Cette utilisation de l’ironie est d’ailleurs systématique tout au long du texte. Refusant la complaisance et les sermons, Mérimée réussit à livrer sa pensée encore plus efficacement par l’humour noir et grinçant qui est le sien. En somme, l’écrivain fait confiance à l’intelligence de son lecteur en ayant recours à cette façon de faire.

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