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Londres en 1860 – Le regard d’un géographe français

Mémoire : Londres en 1860 – Le regard d’un géographe français. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  3 Décembre 2012  •  1 597 Mots (7 Pages)  •  2 520 Vues

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Textes extraits de : Élisée Reclus, 1860, Guide du voyageur à Londres et aux environs, Paris, Hachette, coll. « Guides Joanne ».

Doc 1

« L’immensité et les richesses de Londres, ce grand centre du monde commercial, offrent à l’observateur un autre sujet d’étude et d’étonnement. Ces rues interminables, ces places, ces croissants, ces parcs perdus au milieu des maisons comme des îlots au milieu de la mer, ce flot d’hommes qui roule incessamment comme un fleuve, ces convois qui passent en sifflant au-dessus des maisons, ces bateaux à vapeur qui ressemblent à des fourmilières tant ils regorgent de passagers, ces palais de cristal où cent mille personnes circulent à l’aise, ces fêtes où des millions d’hommes assistent à la fois, tout cela jette dans une espèce de stupeur l’étranger qui n’est pas irrévocablement blasé et mort à tout sentiment d’admiration.

D’abord on est ébloui des richesses et des merveilles de Londres, mais bientôt on s’aperçoit que cette Babylone se compose de plusieurs villes entièrement distinctes et n’ayant guère rien de commun que le dôme de fumée qui les recouvre. Chacun de ces quartiers forme comme un monde à part qu’il faut étudier isolément. A Londres, les classes ne se coudoient pas démocratiquement comme à Paris ; elles ont chacune leur ville séparée et ne se rencontrent qu’aux grandes fêtes nationales, telles que les courses de chevaux ou les combats des boxeurs. Le principe de la division du travail qui a fait la puissance industrielle de l’Angleterre, a été introduit à Londres avec la rigueur la plus impitoyable dans la hiérarchie des classes et dans la distribution de leurs demeures. D’un côté, sur le bord de la noire Tamise, toute grouillante d’embarcations , sont les quartiers du grand commerce avec leurs processions de navires, leurs ignobles jetées, encombrées de marchandises, leurs docks où sont empilées des richesses suffisantes pour acheter un royaume d’Asie ou d’Afrique. Dans les faubourgs de l’est et du nord sont les quartiers industriels avec leurs ruelles sombres et tortueuses, leurs montagnes de houille, leurs fabriques toujours frémissantes, leurs cheminées qui plongent dans un éternel brouillard de charbon, leur population hâve et déguenillée qui se traîne dans la dégradation la plus abjecte. Au centre de Londres résident les innombrables shopkeepers et marchands de toute espèce, qui sont le fond même de la nation et dont les magasins et les échoppes, mis bout à bout, feraient le tour de l’Angleterre. Ils ont pour club, pour centre de réunion, le quartier de la Cité où leurs banquiers, pressés à l’étroit dans les ruelles sombres qui environnent la Bourse et la Banque, voient affluer dans leurs comptoirs l’or de tous les continents. Là se concluent en quelques heures les opérations les plus gigantesques et s’ourdissent sans bruit des spéculations commerciales qui entraînent les conséquences les plus importantes et font davantage pour la ruine ou la prospérité des empires que toutes les subtilités des diplomates.

Les faubourgs situés à l’ouest de Londres, dans la partie de la ville diamétralement opposée aux quartiers industriels, sont habités par l’aristocratie. Les rues, interrompues de distance en distance par des jardins et des squares, y sont vastes et silencieuses ; les colonnades des maisons se cachent derrière un rideau de verdure; de frais enfants bouclés jouent au milieu des arbres; des chevaux pur-sang caracolent sur les allées ; des laquais poudrés se prélassent avec dignité sur le siège des voitures somptueuses. Autour des palais, rien ne rappelle le voisinage de la ruche d’ouvriers la plus active du monde : ou se croirait transporté dans une ville de plaisir et de langueur d’où le travail importun est à jamais banni. Les rares magasins se réfugient timidement dans les ruelles latérales, et les fournisseurs apportent les provisions de grand matin, afin de ne pas souiller le macadam de leur présence, à l’heure où les dames élégantes se hasardent hors de leurs palais et vont respirer l’air pur dans Hyde-Park ou Kensington-Gardens. »

pp. VIII-X

Doc 2

« Si l’on divise le globe de la terre en deux hémisphères dont l’un comprenne la plus grande partie des terres fermes et l’autre la partie aqueuse de la surface terrestre, Londres, disent les géographes, est situé au centre de l’hémisphère continental. Grâce à cette admirable position, la capitale du Royaume-Uni est devenue également, parle commerce, le centre de l’hémisphère océanique, le point de croisement des marchandises entre toutes les côtes de l’ancien et du nouveau monde ; ses entrepôts reçoivent les richesses du monde entier, et ses marchands gouvernent les régions lointaines du fond de leurs comptoirs.

Si bien placée par rapport au monde entier, elle n’occupe pas une position moins favorable par rapport à l’Europe. Elle est située à l’extrémité de la Grande-Bretagne, sur la proue même de cet orgueilleux navire dirigé contre le continent, et n’est séparée des pays les plus industrieux de l’Europe, les Flandres,

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