Les lacs d’amour.

Les lacs d’amour.

Dans le livre de JOB, Dieu demande à JOB « Où étais tu quand je fondais la terre ? Parle si ton savoir est éclairé. Qui en fixa les mesures et qui tendit sur elle le cordeau ? ».

En loge notre temple est délimité par cette corde aux nœuds nommés lacs d’amour.

Sous la protection de cette corde traçante, seule ligne visible de matérialisation du temple, nous entrons dans un lieu de création et de lumière

Comme l’arpenteur qui utilise la corde à nœuds pour mesurer et tracer les plans, nous allons arpenter notre chemin de vie dans la limite de cet espace sacré, qui rassemble, unit et met à l’ordre ses membres dans le travail. Nous, éternelles apprenties, qui ne savons ni lire ni écrire,  munies de notre  fil à plomb et de nos mains qui se joignent dans la chaine d’union, nous créons à chaque tenue cet égrégore fertile à notre construction.

Cette corde faites de nœuds entrelacés en forme de huit, symbole de l’infini comme pour nous rappeler l’ouroboros, le mouvement sans fin de l’évolution et de l’involution à travers l’enchevêtrement des faits cosmiques et humains. Dans cet entrelacs figure l’ondulation, et le chevauchement des vagues, ou encore la vibration de l’air, cette vibration nature même de l’action créatrice.  En son centre, le point de jonction, point central de recherche de l’unité perdue. Lieu d’illumination et de transfiguration, d’où la vision de l’homme embrasse dans sa totalité et dans son unité le système de l’univers, en découvre les secrets  et où l’ordre sublime de la nature se révèle à lui dans sa construction harmonieuse.

Symbole de l’amour éternel que ce nœud fait autour des mains des mariés au moyen âge, et encore de l’amitié indissoluble et de la foi jurée des chevaliers.

Ces lacs d’amour, savant mélange d’organisation et d’interdépendance pour l’initié,  symbolisent les liens qui unissent les membres de la FM : par leurs entrelacements répétés ils expriment une union jusqu’à la mort et l’engagement contractés par chacune à l’intérieur et poursuivi à l’extérieur.

Nous pourrions aussi faire le lien avec l’Ubuntu. Comme nos lacs d’amour et leur symbolique, ce mot est porteur de notre humanité. Il représente « la qualité inhérente au fait d’être une personne parmi d’autres personnes »  Associé au proverbe « Umuntu ngumentu ngabantu » « Je suis ce que suis parce que vous  êtes ce que vous êtes » et d’une manière plus littérale « Je suis ce que je suis grâce à ce que nous sommes tous », il nous rappelle que nous sommes tous interdépendants et que nous portons donc une responsabilité universelle. Liés les uns aux autres d’une manière que l’œil ne peut voir ; il y a une unité pour l’humanité. C’est en partageant, en s’ouvrant aux autres,  en œuvrant à cette universalité que nous nous réaliserons. Comme nos lacs d’amour l’Ubuntu est lien, il est relation. Rappel de  cette relation, de ce lien indéfectible, nous comprenons qu’une « injustice commise quelque part est une menace pour la justice dans le monde entier ». L’injustice altère la relation et nuit au bien commun. Héraclite affirmait au Vè siècle avant JC « S’il n’y avait pas d’injustice, on ignorerait jusqu’au nom de la justice ». Ainsi ressentir l’injustice révèle le germe de la justice en nous, mais s’il n’est pas cultivé, ce germe reste insuffisant. Il exige une délibération collective gage d’impartialité. Il est nécessaire que je quitte mon unique point de vue et que j’envisage le bien commun pour savoir ce qui est juste.

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