Le Chevalier Au Tonnelet

Le chevalier au tonnelet

Un chevalier ayant mené une vie de bandit frappe à la lourde porte du monastère. Il est maintenant bien résolu à se confesser. Il a commis tant de mauvaises actions : et si sa vie finissait en enfer ?

Accueilli alors par un bon abbé, le chevalier s'agenouille et commence: « Pardonnez-moi, parce que j'ai péché…. » Il nomme alors une à une toutes les abominables fautes commises envers Dieu, et envers son prochain. Mais combien son attitude est arrogante : il semble si fier de ses péchés.

« Hélas ! dit alors le bon abbé au pénitent, tu montres tant d'orgueil à confesser tes fautes que je ne peux t'absoudre. Il te faut d'abord renoncer au mal et regretter d'avoir offensé Dieu et tous ceux envers qui tu as très méchamment agi. »

Le bon abbé savait que l’attitude qui plait à Dieu est celle du cœur contrit et non l’arrogance et la vanité de notre chevalier !

Le chevalier laissa éclater sa colère: « J'ai pris la peine de venir jusqu'à toi pour obtenir miséricorde de Dieu; tu ne peux pas me laisser comme cela ! Je ferai la pénitence la plus dure que personne n'ait jamais connue afin d’expier mes fautes. » Là encore, le pénitent prétendait se montrer plus valeureux que les autres pécheurs. Avec douceur, l'abbé refusa la proposition du prétentieux mais il lui promit :

« Toute la nuit, je prierai Notre Dame afin qu'elle me suggère une pénitence qui puisse te sauver et guérir ton âme. Reviens demain.»

Le bon abbé se retira pour prier comme il l'avait dit. Notre-Dame lui apparut dans un nuage de lumière, un petit tonneau entre les mains. …

Dès le lever du jour, le chevalier se présenta au monastère. L'abbé lui répéta les mots de Notre Dame: « remplis le tonnelet que voici, et lorsqu'il sera plein, tes péchés seront pardonnés. »

Surpris par la simplicité de cette pénitence le chevalier emporta avec légèreté ce tonnelet, sûr de lui. Il se mit à l’œuvre mais voilà qu'à peine entrée dans le tonneau, l'eau s'échappait par des fentes invisibles…

Croyant à une mauvaise plaisanterie, le chevalier répéta son geste cent fois : et toujours, le tonnelet se vidait. « Cet objet est ensorcelé ! » Furieux, il essaya de le briser en sautant de tout son poids sur le tonnelet d'apparence si fragile. Mais celui-ci resta intact.

Le chevalier retourna alors à l'abbaye raconter ce qui lui arrivait, et réclama une autre peine pour se racheter. « Remplis le tonnelet, et lorsqu'il sera plein, tes péchés te seront pardonnés. » répéta seulement l'abbé.

Très agacé par cette réponse, et plus encore par la pénitence irréalisable, le chevalier fut tenté de tout abandonner et de recommencer à vivre comme avant. Mais heureusement cette tentation ne dura qu’un instant et il se remit au travail.

Il ne ménagea pas ses efforts pour trouver l'eau qui remplirait le tonnelet: il traversa les montagnes les plus hautes, alla jusqu'aux sources les plus pures, accéda aux lacs les plus cristallins, navigua sur les océans déchaînés… Jamais la moindre goutte d'eau ne resta dans son

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