L'art islamique
Cours : L'art islamique. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Andzzouani Dzobi • 29 Mars 2017 • Cours • 8 013 Mots (33 Pages) • 772 Vues
ART DE L’ISLAM
Les mots arabes d'où sont tirés «islam» et «musulman» signifient «abandon» et «celui qui s'abandonne» à la volonté d'Allah, le Dieu seul et unique, tel qu'il a été révélé par le prophète Mahomet (mort en 632) dans le Qor'an, ou Coran selon la graphie française courante. Pour les habitants du ProcheOrient et des rives méridionales de la Méditerranée, islam signifie également, au cours du vile siècle de notre ère, soumission aux armées qui ont déferlé sur la péninsule Arabique (région devenue désertique après avoir été moins aride à l'époque préhistorique) et qui, de là, ont conquis avec une foudroyante rapidité une grande part de l'Orient hellénisé. Sur ce vaste espace autrefois rattaché aux empires romain, byzantin et sassanide, architectes, peintres et artisans furent obligés de se plier aux exigences de leurs maîtres arabes, pour lesquels un nouveau style artistique se développa progressivement à partir de la confrontation des traditions proche orientales, hellénistiques et romaines.
Les attitudes des premiers musulmans à l'égard des arts visuels n'étaient pas définies, émanant autant d'une opposition aux coutumes des autres croyances que d'un désir affirmé de trouver des formes artistiques capables d'incarner leur propre foi. Contrastant ainsi avec les autres, celle-ci aboutit à un art religieux entièrement dépourvu d'images saintes. Même les symboles visuels furent évités ; le croissant de lune, introduit tardivement comme un motif héraldique chez les Turcs au xvie siècle, ne revêtit une signification religieuse qu'ultérieurement, surtout aux yeux des non-musulmans. Les seuls éléments spécifiquement religieux dans les arts de l'islam sont les inscriptions qui conduisent à en faire essentiellement un art de signes et non de symboles ou d'images. La calligraphie elle-même était bien davantage à l'honneur en pays d'islam qu'ailleurs, en dehors de la Chine et du Japon, suscitant plus qu'un simple jeu de lignes fluides dans le décor islamique. Cependant, les inscriptions qui apparaissent sur les monuments et les divers objets en métal, en ivoire, en verre, en céramique ou sur les textiles, aussi bien que sur les pages du Livre saint lui-même ) rappellent constamment aux croyants que la Parole de Dieu constitue la seule réalité dans un monde éphémère et que, en conséquence, tous les travaux de l’'homme, œuvres d'art comprises, ne sont que vanité.
Claude Lévi-Strauss a présenté l'islam comme la troisième tentative religieuse majeure de l'humanité pour se libérer de la persécution des morts, de la malfaisance de l'au-delà et des angoisses de la magie. A l'égal du bouddhisme et du christianisme, dans leurs premières manifestations, l'islam a été uneforce libératrice. Chacune de ces religions a fondu un ensemble de croyances et de coutumes locales dans un système spirituel et éthique cohérent, associé à une promesse de salut.
Des trois systèmes, le bouddhisme était le moins strictement codifié, contrairement à l'islam; à ce jour, il y a moins de différences fondamentales entre les diverses obédiences musulmanes qu'entre celles des chrétiens ou des bouddhistes.
Le Coran offre un guide complet et exhaustif aussi bien pour la vie personnelle et sociale de l'individu que pour la « constitution» d'un Etat islamique. Révélé selon la tradition musulmane par Dieu au Prophète, il reçut sa forme accomplie peu après la mort de Mahomet, sans subir d'altération ultérieure (aucune traduction ou paraphrase n'en fut autorisée officiellement jusqu'à une date très récente).
Mahomet ne prétendait pas être de nature divine, et à cet égard au moins, on peut le comparer à Bouddha. Il avait pour mission de sauver ses semblables, de la damnation éternelle en les exhortant à adorer le Dieu unique - le Dieu d'Abraham dont lui et les Arabes se reconnaissent comme les descendants. Mahomet naquit vers 570 dans une famille modeste de la principale tribu commerçante établie dans la cité marchande de La Mecque, important carrefour caravanier où transitaient les produits de la péninsule Arabique, notamment l'encens, à destination de la Méditerranée. A cette époque, en Arabie, des nomades farouchement indépendants occupaient les hauteurs, les paysans les vallées, et les marchands quelques villes disséminées. On y pratiquait une multitude de croyances religieuses locales, allant de l'animisme et du culte des ancêtres à une forme de monothéisme centrée sur des guides saint
Il y avait aussi de nombreux chrétiens, tant orthodoxes qu'hérétiques: qui ne reconnaissaient qu'une seule «nature» dans la personne du Christ ; et nestoriens, pour lesquels coexistaient en Jésus-Christ deux «personnes» distinctes, l'une, humaine, l'autre divine. Toutes ces populations avaient dans l'esprit de Mahomet dévié de la véritable voie monothéiste; quoiqu'il n'ait jamais mis en doute l'autorité des premiers livres de l'Ancien Testament et qu'il ait accepté Jean-Baptiste et «Jésus, fils de Marie» comme des prophètes inspirés par Dieu, il répudia les pratiques juives et rejeta complètement la complexité de la doctrine chrétienne, en particulier le dogme de la Trinité. Son enseignement était dominé par la notion du Jugement dernier qui détermine le salut ou la damnation éternels - ciel ou enfer - pour chaque être. Aucune religion n'est plus exclusivement monothéiste que l'islam, fondé comme il l'est sur une relation directe entre l'homme et Dieu sans l'intercession des saints du ciel ou la médiation des prêtres sur terre. Tout homme se trouve seul devant Dieu. En l'absence de clergé, le culte islamique est en principe dépourvu de rituel pour accompagner les prières, que les croyants se doivent de réciter cinq fois par jour, généralement seuls, sauf le vendredi. Les obligations faites au musulman sont simples : la prière quotidienne; le jeûne
du mois du Ramadan; la prohibition permanente des boissons alcoolisées et de quelques aliments (notamment le porc, mais non pas tous les autres aliments interdits aux juifs) ; l'aumône légale ; le pèlerinage à La Mecque une fois dans sa vie et, naturellement, l'observation fidèle des préceptes moraux contenus dans le Coran.
Mahomet était un réformateur à la fois religieux et social. Il considérait tous les fidèles comme égaux ; à lui revient l'idée d'une communauté des croyants qui est encore très fortement ressentie aujourd'hui. Il fustigea l'injustice et la soif de richesses des grands marchands de La Mecque, en particulier leur pratique de l'usure, mais l'hostilité qu'il déchaîna l'amena à fuir (ce que l'on nomme l'Hégire, du mot arabe «émigration ») avec sa famille et quelques compagnons en 622, année qui marque le début du calendrier musulman. S'établissant à environ 500 kilomètres au nord, dans la ville de Yathrib, appelée plus tard Médine - la Ville (du Prophète) -, il y assuma la double fonction de chef politique et militaire, se distinguant ainsi des fondateurs du bouddhisme et du christianisme. En une douzaine d'années, il avait unifié la plus grande partie de l'Arabie sous son autorité spirituelle et temporelle. A Médine, il institua la coutume de la prière en direction de La Mecque bien que cette ville ne cessât de lui résister qu'après une lutte acharnée. Dans la dernière année de sa vie (632), il conduisit le premier pèlerinage islamique (hadj) à la Ka'aba de La Mecque, à laquelle diverses traditions rattachent le nom d'Abraham.[pic 1]
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