Analyse de pratique infirmier: Rôle de l'IDE face à un patient suicidant
Rapport de stage : Analyse de pratique infirmier: Rôle de l'IDE face à un patient suicidant. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Osef Osef • 16 Mars 2019 • Rapport de stage • 2 491 Mots (10 Pages) • 4 385 Vues
Analyse de situations ou activités rencontrées N°1 Stage n°4-1
Rôle de l’IDE face à un patient suicidant
Lieu : SSR Les Hellenides
Présentation de la situation vécue ou de l'activité réalisée par l'étudiant :
Étudiant en 2ème année d’études infirmières, je suis actuellement en 4ème semaine de stage dans une clinique de SSR polyvalent de 44 lits. Je débute mon service ce matin à 8h en suivant l’IDE qui s’occupe du 2ème étage de la structure où se trouve notamment Monsieur S. Ce patient est à J20 pour une prise en soin de rééducation de l’autonomie à la suite d’un hématome lobaire pariétale droit (non opéré) subi il y a environ 40 jours.
Sous surveillance de l’IDE, je vérifie la planification de soin de la tranche horaire et je prépare les médicaments à apporter à Monsieur S dont 1 comprimé de Xanax et un 1 comprimé de Prozac.
Monsieur S. est un patient dont j’ai participé à faire l’entrée dans l’établissement 3 semaines auparavant et depuis ce jour nous entretenons de bons rapports. Il semble toujours content de voir arriver dans sa chambre et discute volontiers avec moi. Ce matin je suis demandé s’il a des douleurs mais il me répond que non. Il me demande alors quels traitements je lui apporte ce que je lui explique. Quand je mentionne le Prozac, le visage de Moniseur S. se tend et il refuse de le prendre car selon lui ce médicament lui « embrouille la tête ». J’entre alors en négociation avec le patient lui expliquant que la dose de ce traitement avait été diminué de moitié par le médecin et que, en coopération avec l’équipe soignante et le patient, nous essayons de trouver le traitement le plus adapté pour améliorer l’état de santé et le bienêtre de Monsieur S.
A ce moment-là je suis seul dans la chambre du patient et l’IDE que je seconde continue sa tournée des médicaments. Ressentant le besoin du patient d’exprimer son mal-être, je décide de prendre le temps de rester avec lui pour l’écouter activement, en évitant d’apporter de réponses toute faites ou encore de dire des banalités. Monsieur S tient un discours délirant, il me parle d’une « fille noire qui est venue changer un boitier électrique pendant la nuit ». Je lui rappelle ensuite qu’il doit faire appel à l’équipe soignante dès qu’il en ressent le besoin au moyen de la sonnette s’il a besoin d’aide, surtout pour éviter les chutes qu’il fait à répétition (4 la vieille dont 2 fois où je l’ai relevé, rassis et réassuré). Il m’avoue alors avoir aucun souvenir de ces évènements, ce qui semble ajouter encore à sa détresse psychologique. Il avoue également être désespéré « à cause de cette foutue tête qui ne marche plus » et me parle de ses idées noires et commence à pleurer : « si j’ai le courage, en rentrant à la maison, j’achete un Beretta et j’en termine ».
Jusqu’à ce moment-là je me sentais confiant dans mon soin relationnel mais cette confession me déstabilise. Je m’accroupis pour me mettre à son niveau puisqu’il est en position demi-assise dans son lit et je lui explique qu’un processus de guérison est toujours long, surtout pour sa pathologie, qu’un scanner est prévu dans 10 jours pour faire le point sur ce processus et que, entre-temps, l’équipe soignante est à son écoute, que je passerai régulièrement dans la journée pour le rassurer et qu’avec la prise régulièrement de ses traitements et l’aide de l’équipe kiné, nous sommes tous unis avec lui pour l’amélioration de sa santé. Profitant d’un moment de silence, je réfléchis et décide de lui parler de son fils et de ses petits-enfants et à quel point il serait heureux de les voir grandir mais que, pour cela, il fallait qu’il garde espoir. Je quitte le patient qui arbore un sourire qui me parait sincère et qui me remercie plusieurs fois.
En quittant sa chambre, je suis inquiet mais j’ai l’impression d’avoir correctement gérer la situation. Je retrouve l’IDE et lui transmet oralement mon ressenti : « avec Monsieur S. ça ne va pas du tout, il a des idées noires, il parle de suicide et m’a raconté des histoires délirantes ». Elle me demande si je l’ai conforté dans son délire et je lui réponds que non. Je fais une note mentale d’effectuer une transmission écrite sur le logiciel du service plus tard dans la matinée et je continue le tour des médicaments avec elle.
Plus tard dans la matinée vers 11h alors que je termine la toilette d’une patiente au 2ème étage, j’entends du bruit depuis le couloir. J’apprends alors qu’il ne faut pas rentrer dans la chambre de Monsieur S car il a tenté de se suicider en se tranchant un poignet. Je suis sonné par la nouvelle. On finit par me demande de rester avec le patient le temps que les pompiers arrivent, ce dernier est allongé dans son lit, baissé au maximum. Le patient est assez calme, la coupure à son poignet est relativement superficielle mais les draps et le sol de la chambre sont largement ensanglantés. Je suis à nouveau seul avec le Monsieur S. Il pleure et se sent honteux « je ne suis même pas foutu d’arriver à me tuer ». Je me sens complètement démuni face à sa détresse, je m’accroupis à côté de lui et ne trouve rien d’autre à lui dire que « je suis là ». Quand les pompiers arrivent l’infirmier de l’équipe nous demande le dossier du patient que je descends imprimer. Monsieur S. est alors transféré aux urgences de Pasteur. On retrouvera plus tard dans la journée le coupe-ongle dont le patient s’est servi pour tenter de se suicider et que le médecin m’a demandé remonter dans la chambre du patient. Je l’ai jeté à la poubelle.
Remarques, questionnements :
Quel est le rôle de l’IDE face au patient suicidaire ou suicidant ?
Quelle attitude, quelle position et distance professionnelle faut-il adopter en tant qu’IDE ?
Quel est la part de responsabilité du soignant face au patient suicidaire quand celui-ci, pris en soins dans un établissement de santé, devient suicidant ?
Analyse de situations ou activités rencontrées N°1 Stage n°4-1
(Suite)
Difficultés, points à approfondir, réajustements envisagés :
Étant la dernière personne à avoir passé un temps conséquent avec le patient, j’ai immédiatement commencé à penser que j’étais responsable (au moins en parti) de ce passage à l’acte. Peut-être n’ai-je pas été capable établir un lien réel avec le patient, que je me suis satisfait de signes extérieurs d’améliorations verbaux (remerciements, acquiescement vis-à-vis de mes propos de réassurance et découragements) et non-verbaux (attitude calme après avoir pleuré, visage détendu, congruence des gestes et de la parole) alors que ce comportement peut-être également symptomatique d’un passage à l’acte imminent comme je l’ai compris par la suite en faisant des recherches.
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