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Souvenir D'Alfred De Musset

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Par   •  16 Avril 2013  •  1 489 Mots (6 Pages)  •  1 985 Vues

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‘’Souvenir’’ d'Alfred de Musset

(février 1841)

Poème

«J’espérais bien pleurer, mais je croyais souffrir

En osant te revoir, place à jamais sacrée,

Ô la plus chère tombe et la plus ignorée

Où dorme un souvenir !

Que redoutiez-vous donc de cette solitude,

Et pourquoi, mes amis, me premiez-vous la main,

Alors qu’une si douce et si vieille habitude

Me montrait ce chemin?

Les voilà ces côteaux, ces bruyères fleuries,

Et ces pas argentins sur le sable muet,

Ces sentiers amoureux, remplis de causeries,

Où son bras m’enlaçait.

Les voilà ces sapins à la sombre verdure,

Cette gorge profonde aux nonchalants détours,

Ces sauvages amis, dont l’antique murmure

A bercé mes beaux jours.

Les voilà ces buissons, où toute ma jeunesse

Comme un essaim d’oiseaux chante au bruit de mes pas.

Lieux charmants, beau désert où passa ma maîtresse,

Ne m’attendiez-vous pas?

Ah ! laissez-les couler, elles me sont bien chères,

Ces larmes que soulève un cœur encor blessé !

Ne les essuyez pas, laissez sur mes paupières

Ce voile du passé !

Je ne viens pas jeter un regret inutile

Dans l’écho de ces bois témoins de mon bonheur.

Fière est cette forêt dans sa beauté tranquille,

Et fier aussi mon cœur.

Que celui-là se livre à des plaintes amères,

Qui s’agenouille et prie au tombeau d’un ami.

Tout respire en ces lieux ; les fleurs des cimetières

Ne poussent point ici.

Voyez ! la lune monte à travers ces ombrages ;

Ton regard tremble encor, belle reine des nuits,

Mais du sombre horizon déjà tu te dégages

Et tu t’épanouis.

Ainsi de cette terre, humide encore de pluie,

Sortent, sous tes rayons, tous les parfums du jour ;

Aussi calme, aussi pur, de mon âme attendrie

Sort mon ancien amour.

Que sont-ils devenus, les chagrins de ma vie?

Tout ce qui m’a fait vieux est bien loin maintenant ;

Et rien qu’en regardant cette vallée amie

Je redeviens enfant.

Ô puissance du temps ! ô légères années !

Vous emportez nos pleurs, nos cris et nos regrets ;

Mais la pitié vous prend, et sur nos fleurs fanées

Vous ne marchez jamais.

Tout mon cœur te bénit, bonté consolatrice !

Je n’aurais jamais cru que l’on pût tant souffrir

D’une telle blessure, et que sa cicatrice

Fût si douce à sentir.

Loin de moi les vains mots, les frivoles pensées,

Des vulgaires douleurs, linceul accoutumé,

Que viennent étaler sur leurs amours passées

Ceux qui n’ont point aimé

Dante, pourquoi dis-tu qu'il n'est pire misère

Qu'un souvenir heureux dans les jours de douleur?

Quel chagrin t'a dicté cette parole amère,

Cette offense au malheur?

En est-il donc moins vrai que la lumière existe,

Et faut-il l’oublier du moment qu’il fait nuit?

Est-ce bien toi, grande âme immortellement triste,

Est-ce toi qui l’as dit?

Non, par ce pur flambeau dont la splendeur m’éclaire,

Ce blasphème vanté ne vient pas de ton coeur.

Un souvenir heureux est peut-être sur terre

Plus vrai que le bonheur.

Le poète s’indigne ensuite contre les négateurs qui raillent le bonheur éphémère parce que son souvenir enlaidit, par contraste, le reste de l’existence :

«Ce fugitif instant fut toute votre vie : Ne le regrettez pas !»

Il vient lui-même d’être soumis à une épreuve. Il a retrouvé récemment sa «seule amie, à jamais plus chère», «jeune et belle encor» et souriante, mais devenue pour lui «une femme inconnue, une froide statue».

«Eh bien ! ce fut sans doute une horrible misère

Que ce riant adieu d’un être inanimé.

Eh bien ! qu’importe encore? Ô nature ô ma mère !

En ai-je moins aimé?...

Je

...

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