Problematique de l'excision en cote d'ivoire
Rapports de Stage : Problematique de l'excision en cote d'ivoire. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar dissertation • 14 Septembre 2013 • 3 534 Mots (15 Pages) • 2 552 Vues
Chapitre I : PROBLEMATIQUE
Dans ce chapitre nous exposerons nos motivations, la question générale et le problème général ainsi que la question spécifique et le problème spécifique de recherche.
1- Intérêts de la recherche
Ici, nous essayerons d’exposer les motivations personnelles, sociales et scientifiques qui nous ont poussé à mener cette étude.
En effet, nous venons de deux milieux cultures, l’une de l’Ouest où se pratique fortement l’excision et l’autre du Nord où l’excision a le plus fort taux. Aussi, dans notre famille, presque toutes nos tantes y compris ma mère ont été excisées, ainsi que ma cousines qui a vécu au village.
Cependant, nous n’avons pas personnellement été victime de cette pratique, et dans notre enfance, nous n’avons presque jamais entendue parler de cette pratique. Il arrivait que de jeunes garçons soient circoncis dans notre entourage mais jamais une fille. Cela est peut être dû au fait que ma grand-mère dit avoir arrêté de faire exciser ses filles depuis les années 60, après l’excision de ses cinq(5) grandes filles en même temps. Elle devait à elle toute seule s’occuper du ménage, du commerce et des soins des filles excisées. Débordée de travail et épuisée, elle a décidé de ne plus jamais faire exciser de filles chez elle. C’est pour cette raison qu’aucune de ses petites filles n’a été excisée.
D’où vient donc notre intérêt pour cette pratique ?
En effet, invitée le 6 Février 2006 pour la journée commémorative de la lutte contre l’excision, nous avons visualisé des images insoutenables des conséquences de l’excision sur les femmes et les petites filles, ainsi qu’un film d’excision d’une petite fille. Nous avons été consternée et offusquée au point où nous nous sommes demandé ce qui pouvait motiver nos mères à continuer cette pratique alors que ma grand-mère l’avait arrêtée depuis les années 60.
L’intérêt social qui nous a poussée à mener cette étude est lié à l’étendue géographique et aux conséquences de l’excision ainsi qu’aux actions menées pour éradiquer cette pratique. L’excision est pratiquée aujourd’hui dans 28 pays d’Afrique et du Moyen Orient ainsi qu’en Occident par les immigrés. Selon le centre de recherche Digest Innocenti de l’UNICEF (2005), 13 millions de filles subissent l’excision dans le monde. Chaque année, on estime à 140 millions le nombre de filles et de femmes qui a subi l’excision. Des enquêtes démographiques et de santé (EDS), (2006) ont permis de distinguer trois (3) types de pays concernés par les mutilations génitales féminines (MGF) :
Nous avons les pays à prévalence élevée (70% à 99%) tel que l’Egypte avec 97% de prévalence en 2003 chez les filles et les femmes de 15 à 49 ans ;
Les pays à prévalence moyenne de 25% à 50%. Ce sont les pays comme le Kenya avec 32% de prévalence en 2003. Enfin, nous avons les pays à prévalence basse (05% et 20%) tel que le Ghana avec 05% de prévalence en 2003. La Côte d’Ivoire fait partie des pays à prévalence moyenne. De 42,7% en 1994, elle est passée en 1998-1999 à 44,5% pour atteindre en 2000 une prévalence de 36,4%. Ce qui représente une baisse sensible qui cache mal la réalité sur le terrain. Car selon l’UNICEF (2006), une enquête à indice multiple (MISC) faite chez les femmes de 15 à 49 ans, nous donne des chiffres alarmants sur la prévalence de la Côte d’Ivoire en MGF.
En effet, les régions du Nord et du Nord-Est ont une prévalence de 87,9%, la région de l’ouest est à 73,3% de prévalence, le Nord-Est à 50%, le Sud-Ouest a une prévalence de 35,8%, la partie Sud est à 20,3% et enfin la partie la moins touchée est le grand centre y compris le Centre Ouest et le Centre Est avec une prévalence comprise entre 12 à 15%.
Ces chiffres montrent que l’excision se pratique partout en Côte d’Ivoire même dans les régions qui n’ont pas cette pratique pour coutume.
En outre, l’excision est considérée de nos jours comme une violation des droits de la femme et de la petite fille, du fait des nombreuses conséquences qu’elle engendre .C’est donc une violence basée sur le genre. En effet, l’excision engendre chez les victimes des complications physiques et psychologiques plus ou moins graves du fait des conditions dans lesquelles elle est pratiquée. La pratique de l’excision se fait sans anesthésie et peut engendrer chez les victimes des douleurs intenses, des chocs émotionnels pouvant occasionner des évanouissements, des hémorragies abondantes source d’anémie chez les victimes, voire de décès. Le fait d’utiliser du matériel rudimentaire, non stérilisé et le même pour plusieurs filles, à la fois, exposent les victimes aux VIH/SIDA, au virus de l’hépatite B et à des infections diverses, surtout lorsque les plaies sont mal soignées, (OMS, 1995). Les plaies des victimes guérissent parfois lentement à cause des infections, dues à la contamination par l’urine ou aux frottements que provoque la marche. Il peut y avoir des infections des voies urinaires, de l’utérus, des trompes et des ovaires desquelles résulte souvent l’infécondité chez la femme. Le rétrécissement ou la fermeture totale de l’orifice vaginal rend difficile l’écoulement des menstrues, les rapports sexuels et les accouchements. Des études de l’UNICEF (2005) ont montré que les femmes excisées sont plus exposées aux accouchements difficiles (hémorragies, césariennes, décès…) que les femmes non excisées. Les fistules (perforations entre la vessie et le vagin) dues aux accouchements difficiles, peuvent provoquer une incontinence urinaire ou fécale qui a des conséquences sociales graves, car souvent, les victimes de fistule sont rejetées à cause de leur odeur nauséabonde. Mélanie (2008) à mené en France, pour son Doctorat en Médecine, une étude sur les conséquences de l’excision. Aussi, sur 100 femmes excisées interrogées, un tiers dit avoir eu des complications obstétricales dont 44% une déchirure périnéale, 24% une césarienne, 24% un travail long et 28% pour d’autres complications. 32% des femmes présentaient des infections, urinaires ou des douleurs vaginales hors rapports sexuels. Toujours selon Mélanie (Op- cit), 98 femmes disent avoir déjà eu un rapport sexuel dont 49% d’entre elle présentaient systématiquement ou souvent des douleurs lors des rapports sexuels et 43% présentaient systématiquement ou souvent une sécheresse vaginale lors des rapports sexuels. L’excision engendre également des conséquences économiques, car elle demande
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