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Les protagonistes de ‘’La peste’’ sont présentés selon la grande tradition psychologique

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Par   •  18 Avril 2015  •  Analyse sectorielle  •  783 Mots (4 Pages)  •  651 Vues

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Intérêt psychologique

Les protagonistes de ‘’La peste’’ sont présentés selon la grande tradition psychologique : typiques dans leur manière d'agir, individualisés dans leur manière d'être. Surtout, ils incarnent chacun une des attitudes que l'être humain peut prendre face à la peste, face au mal.

Remarquons d’abord que Rieux, Tarrou, Rambert, Paneloux, Grand, Cottard, sont des hommes. Et Camus constata dans ses ‘’Carnets’’ : «En pratique, il n'y a que des hommes seuls dans le roman». Il songea même un temps à faire de la séparation des êtres qui s’aiment «le grand thème du roman», les séparés étant, à ses dires, les seuls personnages vraiment intéressants. Au début de la deuxième partie du roman, il analyse de la façon la plus pénétrante cette expérience de la séparation dont il a fait lui-même l’expérience puisque, de 1942 à la Libération, il vécut «exilé» et séparé des siens : à partir du moment où portes de la ville sont fermées «un sentiment aussi individuel que celui de la séparation d'avec un être aimé devint soudain, dès les premières semaines, celui de tout un peuple». Jouant en véritable virtuose sur les ambiguïtés que renferment les mots «séparation» et «exil», il nous introduit dans une espèce de labyrinthe de la solitude au bout duquel nous nous trouvons en face de cette solitude ultime qui accable l’être humain et fait de lui un étranger dans l'univers qui l'entoure quand, coupé de ses liens affectifs les plus chers et privé de leur aliment charnel, il se voit livré sans secours aux assauts de la conscience réfléchie.

Il s’employa à dresser une véritable phénoménologie de la séparation. Elle a des effets néfastes sur l'amour : l’apparition de la jalousie, l’exacerbation de la passion, l’obsession des souvenirs, le doublement de la souffrance (celle de l'absence et celle de l'imagination de ce qui peut arriver à l’être aimé), la substitution de l’obstination à la tendresse, la progression de l’oubli. Les séparés deviennent ainsi les représentants les plus marqués de la «condition de prisonniers» des Oranais (page 71) : «Nous ressemblions bien ainsi à ceux que la justice ou la haine humaines font vivre derrière des barreaux.» (page 72). Paradoxalement, la séparation peut représenter un antidote contre les horreurs de la peste : «Ces exilés, dans la première période de la peste, furent des privilégiés. Au moment même, en effet, où la population commençait à s'affoler, leur pensée était tout entière tournée vers l'être qu'ils attendaient. Dans la détresse générale, l'égoïsme de l'amour les préservait.» (page 75).

La présence des femmes est donc singulièrement discrète. Certaines sont restées dans Oran, comme la vieille hôtesse de Rambert, une catholique naïve ; comme la mère de Rieux qui reste confinée dans sa chambre, assise à l'ombre, taciturne et effacée, par une humilité qui se double de compassion, de compréhension et de chaleur humaine ; comme l'épouse de Castel qui, plutôt que d'accepter la séparation, revient dans la ville séquestrée, préfère le risque de la contagion, ce qui fait que ce couple, qui n'allait pas très bien avant l’apparition de l’épidémie, connaît un amour

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