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Les humoristes

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Par   •  5 Janvier 2013  •  Cours  •  565 Mots (3 Pages)  •  695 Vues

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" Pour faire de l’humour, il faut être capable d’observer le monde de loin, afin de sentir ce que les faits et gestes des humains ont de risible, explique Catherine Mathelin. Les gens possédant un léger fond dépressif y sont particulièrement aptes, car leurs états d’âme les distancient du reste de l’univers. Leur seul véritable souci, c’est eux-mêmes – leur ego, leurs angoisses. Ou leur maladie, s’ils sont hypocondriaques. Ces préoccupations leur accordent toute latitude pour rire du reste qui, en comparaison, leur paraît dérisoire."

A cause d’une éducation rigide, certains individus sont la proie d’un "surmoi" (conscience morale intériorisée) tyrannique, qui engendre en eux de fortes tendances à la culpabilisation et à l’anxiété. "Pour survivre psychiquement, ils s’efforcent de mettre en scène leurs démons intérieurs, explique le psychanalyste Alain Marquet. D’où l’humour à la Woody Allen ou à la Kafka, description tragicomique d’un univers où les relations à autrui –amoureuses, professionnelles, conjugales, familiales– sont d’une complexité folle."

Dernière particularité psychologique des humoristes : l’agressivité. Meilleur exemple, les Guignols de Canal+, et ce n’est pas Guillaume Durand qui nous contredira. Plus quotidiennement, beaucoup d’entre nous sont pris dans un conflit entre leur moi conscient et des pulsions destructrices, agressives, très véhémentes, qu’ils tentent de dissimuler. L’humour leur permet de passer pour des gens polis, calmes, alors que –exagérons un peu– ce sont intérieurement des assassins en puissance ! "Un mendiant s’approche d’un monsieur bien habillé. Il se plaint : Je n’ai pas mangé depuis trois jours. Réponse de l’interpellé : Vraiment ? Mais, il faut vous forcer, mon vieux !”

Enfants rebelles, blagues à la pelle

Selon la pédopsychiatre Paule Aimard, qui étudie l’humour enfantin, celui-ci émerge pour signifier le refus d’accepter passivement les règles imposées par les adultes. Et ce, dès les premiers mois de la vie. En renversant la cuillère de purée ou de soupe tendue par l’adulte –geste qu’il trouve très comique–, le petit monstre exprime sa volonté de maîtriser ce qu’il avale ou rejette. Vers l’âge de 1 an, après avoir cassé le vase offert par Mamie, il feint l’innocence par un "Oh !" navré… qui signifie poliment : "Je te dis bien des choses."

Dès qu’il saisit que tel mot ou telle chose est tabou, sale, interdit, l’enfant s’en empare. Voilà pourquoi, vers 2-3 ans, "pipi caca popo crotte" le rend hilare. Cet "humour" élémentaire l’aide à mieux assumer cette expérience non négociable de la vie en société qu’est l’apprentissage des convenances.

Contrairement au comique, qui peut être muet et se contenter de quelques grimaces ou tartes à la crème, l’humour est affaire de mots. Impossible de s’y exercer si l’on n’est pas suffisamment à l’aise dans le maniement du langage. Donc "pas d’humour, au sens propre du terme, avant l’âge de 8 ou 9 ans", déclare Catherine Mathelin. Sauf exception. Dès 5-6 ans en effet, les enfants atteints de maladies graves ou de handicaps font très souvent preuve d’un humour étonnamment mâture.

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