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Le devoir

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Par   •  17 Mars 2015  •  Cours  •  4 790 Mots (20 Pages)  •  1 055 Vues

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Le devoir est un impératif qui impose à l’homme d’accomplir ce qui est prescrit en vertu d’une obligation (qui peut-être religieuse, éthique, sociale, etc.). Cette définition requiert d’être analysée. Dire que le devoir est un impératif est équivalent à dire qu’il est un ordre : en ce sens, il instaure une relation de commandement et d’obéissance. L’instance qui commande, ici le devoir, doit être dans une position « transcendante » par rapport à celui qui obéit ; elle doit s’imposer à lui et en aucun cas se confondre avec lui. Ce n’est qu’ainsi que le devoir peut se distinguer des simples tendances et désirs pour jouer le rôle de norme de l’action. Il faut préciser que la « transcendance » du devoir ne signifie pas pour autant séparation puisque cette relation peut se jouer au sein d’un seul et même individu divisé en une partie qui commande et en une autre qui obéit (ce qu’a très bien montré Nietzsche dans ce qu’il appelle la psychologie du commandement). On peut dès lors se poser la question de savoir quelle est l’origine des normes. Ce peut être la religion, ce peut être la société, ce peut encore être l’idée de moralité (ces termes étant souvent indissociables). On peut également se demander au nom de quoi il y a une nécessité du devoir. Pour répondre à cette question, l’idée de Bien s’avère fondamentale ; c’est pourquoi nous éclaircirons la signification de cette idée dans la première partie de ce cours. Avant cela, il est nécessaire d’ajouter une dernière précision quant au devoir. Que celui-ci soit une obligation signifie négativement qu’il n’est pas une contrainte. Si tel était le cas, il serait impossible de ne pas accomplir le devoir ; il serait impossible d’agir contre lui et même de lui résister ; Dire « je dois » reviendrait à dire « je fais » (contre ma volonté). Le devoir ne pourrait plus être source d’évaluation des actions.

Le Bien

« Rien n'empêche, même si les plaisirs sont parfois mauvais qu'un plaisir soit le souverain bien; de même, rien ne s'oppose à ce qu'une science soit excellente, quand bien même d'autres seraient mauvaises. Que dis-je ? C'est peut-être là une conséquence nécessaire, du moment qu'il y a pour chaque disposition des activités non entravées, que l'activité de toutes ces dispositions ou de l'une d'entre elles soit le bonheur. Il est nécessaire, dis-je, que cette activité, si elle est libre, soit la plus souhaitable. » Aristote, Éthique à Nicomaque.

Pour Platon, Le Bien est l’Idée suprême qui est au-delà de l’être et source de l’existence et de l’essence de tous les êtres intelligibles. Aristote affirme quant à lui que le Bien (le « souverain Bien ») est la fin (au sens de finalité) de tout ce qui advient dans le monde. D’un point de vue empirique, le premier Bien c’est le plaisir. Malebranche écrit ainsi « Il faut dire les choses comme elles sont : le plaisir est toujours un bien » car « le plaisir rend heureux celui qui en jouit, du moins dans le temps où il en jouit ». Affirmer cela ne signifie pas pour autant nécessairement que l’on considère que le plaisir est le plus grand des biens (ce qui serait une position hédoniste). On peut également dire que le souverain bien c’est le bonheur (position eudémoniste) et, qu’en ce sens, il faut parfois renoncer à certains plaisirs qui ne feraient qu’entraver sa réalisation. Ici, une distinction est nécessaire : on peut envisager le bonheur comme la poursuite de l’intérêt propre ou encore comme la recherche de l’absence de souffrance ; le bonheur n’est ici lié qu’à la sensibilité (et en cela, il n’est pas réellement différent du plaisir). Mais le bonheur peut également être conçu comme intimement lié à la vertu. « Seul le sage est heureux » affirment les stoïciens. Ici encore il faut distinguer une conception dans laquelle la vertu est le moyen d’atteindre le bonheur de la conception dans laquelle la vertu est la fin et le bonheur quelque chose qui s’ajoute à elle, qui en est la conséquence. C’est ainsi que Kant écrit que la morale n’est pas la doctrine qui nous apprend comment nous rendre heureux mais comment nous rendre dignes du bonheur.

Les origines de la notion de devoir

« Extrêmement rare est l'espèce de ceux qui, grâce à une grande supériorité naturelle ou parce qu'ils ont beaucoup de savoir et une forte culture ou pour les deux raisons à la fois, ont pris le temps de s'interroger sérieusement sur la carrière qu'ils voulaient suivre de préférence. Quand on délibère sur un pareil sujet, tout l'effort de la réflexion doit tendre à bien accorder sa vie avec ses dispositions naturelles. Si, en effet, en toute action nous devons chercher ce qui convient le mieux en ayant égard aux particularités de notre nature, quand il s'agit de la vie entière, une bien plus grande attention est nécessaire pour nous permettre de marcher d'un pas égal et de ne boiter en aucune des fonctions que nous remplirons. » Cicéron, Des devoirs.

La première formulation de l’idée de devoir se trouve chez Zénon de Citium, fondateur du stoïcisme. Le terme grec est kathêkon, traduit en latin par Cicéron par officium, lui-même traduit enfin en français par devoir (ou fonction). Pour les stoïciens, le devoir signifie ce qui convient, ce qui est approprié, ce qui est conforme à la nature (le principe éthique premier des stoïciens étant de « vivre conformément à la nature »). Il faut à ce titre remarquer qu’une telle conformité à la nature ne concerne pas uniquement l’action humaine : plantes et animaux accomplissent aussi en un certain sens des devoirs. De plus s’il est possible, c’est que les êtres vivants sont appropriés à leur propre nature, c’est-à-dire ont d’emblée une connaissance de leur propre nature et tendent à rechercher ce qui est bon pour eux et fuir ce qui est mauvais. Les devoirs prolongent cette appropriation naturelle par des exercices répétés se fixant en habitudes. C’est en ce sens que le premier devoir est la conservation de soi-même. Mais la sphère des devoirs dépasse le cadre de l’individu : c’est un devoir d’aimer ses enfants par exemple. C’est ainsi que s’initie le passage du souci de la nature propre à la conformité à la nature en général. Mais pour les stoïciens, ce passage ne saurait être progressif. En effet, les devoirs concernent les choses indifférentes,

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