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La Place Des émotions

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Par   •  13 Mars 2013  •  947 Mots (4 Pages)  •  932 Vues

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Communication "Vivre la dimension émotionnelle dans la formation à l'accompagnement en fin de vie" lors du 16 ème congrès de la SFAP (Société Française d'Accompagnement et de soins palliatifs) du 17 au 19 juin 2010 à Marseille

Shanti Rouvier, Formatrice psychologue

Face à la maladie grave et à la grande détresse, nous avons tendance à privilégier les soins du corps et à intellectualiser, ceci dans le but de venir en aide à la personne, mais aussi d'une certaine façon, de nous protéger de l'impact émotionnel.

Toute situation impliquant une forte charge émotionnelle est susceptible de générer chez les accompagnants des réactions dans le registre de l'action, action qui court le risque de se muer en "agir", ou dans le registre de la pensée, pensée qui, elle, court le risque d'une mise à distance excessive des ressentis, et de la personne accompagnée.

Il s'agit là de mécanismes de défense maintenant bien connus (activisme, évitement, rationalisation, banalisation,…). En formation, il sera bienvenu de prendre conscience de ces mécanismes, ainsi que d'avoir la possibilité d'affronter, en partie du moins, ce qu'habituellement nous mettons de côté ou fuyons sur le plan émotionnel.

Accompagner en fin de vie va nous demander d'être ouvert à notre propre vulnérabilité, d'être sur le chemin d'apprivoiser nos propres blessures, de ressentir nos propres peurs, nos propres fuites, nos deuils et nos chagrins non apaisés. Autrement dit, accueillir en nous notre propre dimension émotionnelle avant de pouvoir proposer d'accueillir le vécu émotionnel d'un autre.

La formation gagne à permettre de développer cette capacité afin de ne pas se transformer en une défense supplémentaire, elle risque sinon de devenir une accumulation de savoirs permettant de se rassurer, mais aussi de mettre à distance "l'autre" en souffrance, de ne pas se laisser toucher, éclabousser, par son ressenti. Certains participants demandent parfois en début de formation, comment "se blinder", parlent d'une "carapace" qu'ils auraient développée, ou encore viennent "chercher des armes", ce qui traduit leur difficulté tout autant que leur sensibilité face à la souffrance. Il s'agira donc d'expérimenter la dimension émotionnelle touchant à des vécus comme la perte, la souffrance, la mort, la peur, l'angoisse, le regret, le remords, la pudeur, le besoin intense d'amour et de liberté,… Tous les vécus éprouvants, et éprouvés, par la personne en soins palliatifs. Le mouvement proposé est celui de déposer les armes et les armures, d'être ainsi désarmé dans la rencontre, de développer une aptitude à être touché par le vécu de souffrance, voire à en être traversé.

Le vécu émotionnel, souvent mis à distance dans le quotidien, peut être expérimenté en formation tout en permettant aux processus de pensée de se développer dans ce temps de "vacance". C'est le même processus que l'accompagnant proposera à son tour aux personnes accompagnées : ressentir puis penser. Sans le ressenti la pensée se transforme souvent pour celui qui est submergé en projections effrayantes, douloureuses, aliénantes

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