DF: compte rendu d'interventions
Compte Rendu : DF: compte rendu d'interventions. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar zab75 • 11 Août 2014 • 2 188 Mots (9 Pages) • 1 281 Vues
Madame L
Madame L réside dans l’établissement depuis quelques années avec son époux, elle est octogénaire et présente une forte corpulence et elle est assez grande. Durant sa vie elle a travaillé longtemps dans le milieu juridique puis a quitté son emplois pour s’associé avec son mari dans une entreprise d’aménagement mobilier de luxe à Paris. Le caractère de Mme.L. est très autoritaire. Cependant elle possède un humour assez sarcastique et bien placé.
Cette dame souffre de multiples pathologies. Quelques années auparavant, elle a eu un cancer du sein, puis du rein, elle se trouve donc en insuffisance rénale, elle ne possède qu’un seul rein. Elle est également en insuffisance respiratoire et cardiaque. Suite à un risque d’embolie pulmonaire, elle est en restriction hydrique (pas plus de six verres par jour, comprenant le café du matin et les soupes du repas). Depuis quelques semaines, elle suit un régime sans sel, ceci la contrarie énormément et la rend furieuse car elle apprécie la nourriture. Sa santé très précaire la préoccupe énormément et ceci la rend anxieuse. De plus Madame L souffre d’une dépression, elle rencontre parfois le psychologue de l’établissement, mais ne désire pas s’impliqué dans une thérapie. . Elle évoque souvent la mort. Il y a quelque mois Madame L a été hospitalisé pour un « syndrome de glissement » (décompensation rapide de l’état général faisant suite à affection aigue qui est en voie de guérison et qui parait guérir. La personne semble refuser inconsciemment de vivre). Au début de mon stage, Madame pouvait se lever sur ses jambes, à l’aide d’un déambulateur et faire quelques pas. Depuis son retour de l’hôpital, Madame L est affaiblie, et elle a besoin d’une aide technique (lève malade), pour le transfert au fauteuil, lit, chaise et douche. Ces transferts fatiguent Madame et l’agacent. Elle peut être agressive, exigeante, et même tenir des propos orduriers, tantôt elle peut être attentive à l’autre, et enjouée.. Comme l’humeur de Madame L. reste labile, rien n’est jamais acquis et durable, C’est tout bon ou tout mauvais, tout noir ou tout blanc. Ceci en raison de sa grande dépendance physique et psychique. Madame entretient des rapports tendus et conflictuels avec son époux qui lui est atteint de démence. Mme L a tous ces esprits et observe au fur et à mesure du temps qui passe, que son mari « perd la raison »et ressasse le passer en boucle et toujours sur le même sujet. Pour le coup ceci énerve Mme L, et cela l’a rend très mal car à mon avis elle doit éprouver une grande peine voyant son mari devenir de plus en plus confus et surtout qu’elle l’a connu avec toutes ces facultés cognitives auparavant.
Apprenant à la connaitre peu à peu j’ai pu trouver quelques repères dans mon travail d’accompagnement avec elle. J’ai accompagné Madame L tout au long de mon stage de 420 heures, durant deux heures par matinée.
Comment lui proposer mon aide afin qu’elle débute sa journée sans trop d’angoisse et sans qu’elle se sente menacée ?
Comment identifier les pistes qui puissent la mettre en confiance et la rassurer ?
Un début de journée et ses promesses.
Je frappe à la porte de Madame L, il est 8h10, le couple m’invite à rentrer. Après les avoir salué, Madame me taquine d’emblée, elle me dit « Tiens ! Voilà une revenante ! » Je souris et entends dans sa taquinerie que j’ai dû lui manquer pendant ma semaine de cours à l’IRTS. Je réponds de suite à sa provocation « Vous aussi, vous m’avez manqué Madame L ».
Madame L semble aimable et souriante ce matin-là, elle se trouve « dans ses bons jours. » Je sais à ce moment-là qu’il va falloir que je préserve cette humeur favorable afin que son levé soit agréable pour elle.
J’ouvre les volets à moitié, je sais qu’elle est sensible à la lumière du jour, je vérifie qu’elle n’ait pas froid car elle est très frileuse. Après avoir changé la carafe d’eau de Monsieur, je pose également un petit verre d’eau à Madame. Elle ne supporte pas que son mari ait une carafe d’eau et pas elle. Elle peut se mettre dans une colère noire en criant à l’injustice. L’astuce du verre d’eau évite tout débordement qui pourrait faire basculer Madame dans une humeur sombre.
Monsieur a mis le son de la télévision très fort, je lui demande gentiment de le baisser afin de préserver une ambiance apaisante dès le matin. J’ai réalisé que mon travail d’accompagnement s’effectuait beaucoup plus facilement lorsque Madame L était détendue, elle participe volontiers et semble plus alerte. Je laisse le couple le temps qu’ils prennent leurs petits déjeunés. J’avertis précautionneusement Madame que je reviendrai dans quinze vingt minutes afin de l’assister pour ses soins d’hygiènes corporelles et ensuite pour son lever. Il est très important de l’avertir de ce que l’on prévoit de faire, et comment cela va se faire. Je pense que cela lui permet de donner un sens à son lever. J’essaie d’introduire dès lors la dynamique de la journée. Je l’informe qu’aujourd’hui aura lieu le bal bleu à 14h30 dans le hall de l’établissement. Madame L apprécie beaucoup les chansons de bal et l’accordéon, elle m’a confié, que lorsqu’elle était jeune, qu’elle avait usé ses souliers sur les pistes de danse. Elle connait tous les répertoires et toutes les danses (rumba, paso doble, tcha ctha tcha, valse …).
Elle sourit et me verbalise son souhait vif d’y participer.
Je reste vigilante car je sais qu’elle peut changer d’avis à tout moment à la moindre contrariété.
Je souhaite vivement que Madame assiste à ce bal, car j’ai déjà pu constater les bienfaits de ces moments-là, cela lui apporte bien être et regain d’énergie. Il est important de préserver les liens sociaux de madame et qu’elle puisse se trouver entourée des autres résidents « en société ». De plus c’est la seule animation à laquelle Madame L participe.
Vingt minutes sont passées, Madame a terminé son petit déjeuné, son mari a ré-augmenté le volume de la télévision. Ils se disputent. J’invite Monsieur à regarder la télévision dans le petit salon de l’unité, le temps que je puisse préparer son épouse pour la levé. Je lui explique avec diplomatie que sa dame a vraiment besoin de calme. Je tiens à maintenir une atmosphère apaisante et le respect de son intimité. Pendant que je prépare le nécessaire pour effectuer sa toilette, elle me questionne sur le bal. Madame L me redemande l’heure et l’endroit.
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