LaDissertation.com - Dissertations, fiches de lectures, exemples du BAC
Recherche

Sondage d'intention de vote

Étude de cas : Sondage d'intention de vote. Recherche parmi 301 000+ dissertations

Par   •  7 Décembre 2024  •  Étude de cas  •  2 085 Mots (9 Pages)  •  44 Vues

Page 1 sur 9

Félix Héritier et Emilien Guitard – TD Mercredi 8h

Cas d’étude : les sondages d’intention de vote

        Le 21 Avril 2002, le quotidien régional Le Télégramme titre « Un séisme nommé Le Pen », en référence à l’accession au second tour du candidat d’extrême droite. Pour la première fois dans l’histoire des différentes Républiques que la France a connu, un candidat d’extrême droite accède au second tour. Une majorité de sondages d’intention de vote donnait comme vainqueur Lionel Jospin, candidat socialiste, et derrière lui Jacques Chirac, candidat du RPR, qui deviendra finalement Président de la République.

        Ce fait d’actualité prend sens avec les sondages d’intention de vote. Ainsi, un sondage est une enquête statistique visant à donner une indication quantitative, à une date déterminée, des opinions, souhaits, attitudes ou comportements d’une population par l’interrogation d’un échantillon. Selon l’IPSOS – une entreprise de sondage –, une intention de vote correspond à la mesure, avant une élection, de la disposition d'esprit électorale de la population concernée.

        Ainsi, on peut voir qu’un certain décalage entre sondages d’intentions de vote et réels résultats existe. De ce fait, il serait intéressant de se demander si les sondages d’intentions de vote sont légitimes, et quels sont leurs répercussions.

        Dans un premier temps, il est possible de dire que les sondages d’intention de vote sont critiquables mais valides (I), et dans un second temps il est possible d’affirmer que les sondages influent sur la population (II).

I    La validité limitée des sondages d’intention de vote

        A     les critiques apportées aux méthodes utilisées  

-  De nombreux auteurs sceptiques quant à la validité des sondages ont relevé d’importantes limites de forme. Ces limites portent sur la manière dont sont réalisés les sondages, aussi que la manière dont ils sont ensuite utilisés.

-  Des lois mathématiques montrent que pour avoir un échantillon réellement représentatif, l’idéal est de prendre 1000 à 2000 personnes et de les interroger au hasard. Cependant, avoir un échantillons prit au hasard est très difficile car on relève que environs 9 personnes sur 10 refusent de participer au sondage. Or, les personnes qui refusent de participer n’ont pas, en moyenne, le même profil que les personnes qui acceptent donc ce n’est plus réellement du hasard. Ainsi les techniques entreprises dans la grande majorité des cas par les instituts de sondage consistent à recréer en miniature la population nationale ( 1000 – 1500 personnes ). Cette représentation se base le plus souvent sur 4 critères que sont l’age, le genre, la catégorie socio-professionnelle et le lieux de résidence. On constate alors plusieurs limites.

-  Comme évoqué précédemment. Les personnes interrogées ne sont pas représentatives de toutes les personnes concernées par une catégorie. En effet, les personnes qui ont le plus de chance de bien vouloir participer au sondage ont un profil différent des autres personnes au sein de la catégorie concernée. Ainsi en interrogent des ouvriers, il est très probablement que ces dernies, qui sont donc ceux qui ont bien voulu participer, soient ceux qui sont les plus politisés et les plus renseignés sur l’actualité. Ils représentent donc une tranche spécifique et non réellement représentative de leur milieu.

-  On peut aussi remarquer que les 4 critères pris en compte sont quelque peu réducteurs, d’autres critères comme la religion peuvent avoir une très grande influence sur les tendance politiques et donc sur les intentions de vote. Même si il faut prendre en considération que les instituts de sondages sont contraints de faire une certaine sélection car il est impossible techniquement d’appliquer un très grand nombre de critères.

-  Daniel Gaxie a relevé que bien souvent, les individus optent pour des réponses qui ne correspondent pas au fond de leur pensée. Ce comportement peut s’expliquer par le fait qu’il y est une forte conscience du fait que certaines idées politiques sont très impopulaires et discriminantes. Ainsi certaines personnes vont avoir tendance à minimiser ou nuancer leur propos par peur du jugement que leurs idées peuvent provoquées.

Ce réflexe est probablement beaucoup plus fort lorsque le questionnaire se fait en face à face avec une personne venue interroger car la peur du jugement est amplifiée.  

-  Daniel Gaxie explique aussi que les instituts de sondage font tout pour que les personnes répondent aux questions proposées, celles-ci ne permettant pas d’émettre une non-réponse dans la majorité des cas. Ce procéder est fortement critiquable car il sous entend que les personnes interrogées ont un avis tranché sur toutes les questions posées. Or il est certain que les personnes interrogées ont souvent un avis que très peu détaillé, lointain, voir même inexistant sur certain sujet proposés et que par conséquent ils apportent une réponse sans grande valeur, qui peut être prise par simple défaut de pas pouvoir éviter la question.

-  Enfin la manière dont les questions sont formulées nourrie aussi certaines critiques car cela peut fortement influer sur la validité des réponses. Daniel Gaxie prend l’exemple des question comportent le mot « libéralisme » en expliquent qu’il peut être comprit et interprété de différentes manières. Des personnes pouvant par exemple répondre en interprétant le libéralisme comme un synonyme de liberté personnelle alors que la question porte sur le libéralisme économique. Les réponses apportées peuvent donc être très étroitement liées à une interprétation personnelle de certains termes et être plus  ou moins en relation avec le sujet concerné par la question.

Certaines personnes avouent même qu’elle n’ont pas compris un ou plusieurs termes, par conséquent une réponse peut n’avoir aucune valeur. Les sociologues Tversky et Kahenamn ont  démontré que cet effet de cadrage des questions pouvait même conduire à des résultats parfaitement opposés en changeant simplement la formulation des options.

      B    Les critiques apportées à la nature de l’opinion publique relevée

-  Le fait que les instituts de sondages prétendent relever « l’opinion publique » soulève beaucoup de critiques quant à la nature de cette dite opinion publique. Pierre Bourdieu résume bien ce scepticisme en expliquant que l’opinion publique tel qu’elle est implicitement définie par les instituts de sondage n’existe pas. Il la définie comme artificielle, car elle n’existerait pas sans les instruments utilisés pour la mesurer. Pierre Bourdieu parle ainsi d’artefact, un phénomène qui serait produit de manière artificielle par l’étude d’un phénomène naturel.

...

Télécharger au format  txt (13.4 Kb)   pdf (78.9 Kb)   docx (12.5 Kb)  
Voir 8 pages de plus »
Uniquement disponible sur LaDissertation.com