Octobre 1968 : Massacre D'étudiants Au Mexique

Introduction : Contexte Mondial

Les années 60 ont été des années particulièrement intenses : Fidel Castro prend la Havane et commence un rêve de libération que va s’étendre vers tout le continent ; Martin Luther King et Malcom X, qui avaient lutté de façon différente contre le racisme et la discrimination, sont assassinés ; la Guerre Froide devient une culture politique dans l’Amérique Latine ; en Occident, on combat pénal et politiquement les communistes et la gauche pendant Les Grandes Fureurs Anticommunistes ; dans les pays socialistes on supprime « les complices de l’Impérialisme ».

Les universités deviennent des foyers de non-conformisme : la jeunesse commence à remettre en question toute sorte de valeurs –de la famille traditionnelle jusqu’á la légitimité des gouvernements-. Ceci peut s’expliquer par une révolution des mentalités marquée par la stabilité économique de l’après-guerre, la déshumanisation causée par la technologie, l’influence d’idoles comme les Beatles, et notamment le refus mondial de la guerre de Vietnam. En Occident les étudiants remettent en question les principes et les mécanismes des sociétés technologiques : ils refusent d’incorporer le circuit de production/consommation, et réclament non seulement le respect des minorités a l’intérieurs du pays, mais aussi, le respect des peuples á l’extérieur. En Europe de l’Est, les étudiants réclament deux éléments dont l’absence les touchaient sinistrement : le Nationalisme face à la domination de l’URSS et la Démocratie face aux bureaucraties communistes.

Des jeunes et des étudiants de tout le monde –influencés paradoxalement d’une part par le pacifisme Hippie et d’autre part par l’esprit révolutionnaire comme celui de Che Guevara- se révèlent contre les pouvoirs établis. En France la révolte d’étudiants paralyse l’économie, des évènements violents se succèdent et aboutissent avec la prise de la Sorbonne par l’armée, et par la détention de nombreux étudiants. La jeunesse, dont la plupart des militants appartiennent á des organisation communistes, réclament une reforme d’éducation intégral. Le 10 mai 1968, les étudiants sont surpris par l’armée dans le quartier latin et construisent des barricades semblables a celles de la Commune en 1871. Ceci étant fortement réprimandé par la police, fait que la population devienne consciente de la magnitude de la répression, les ouvriers prennent partie pour les étudiants (deux tiers de la force productive font grève) : la victoire du mouvement est évidente, les étudiant annoncent le commencement d’une nouvelle époque.

Même si l’idéologie des mouvement d’étudiants n’était pas la même d’une nation a l’autre, ils avaient des points en commun : la rigidité des sociétés face aux désirs de liberté, les obligations sociales face á l’individualisme, l’égoïsme du nationalisme face á la responsabilité humanitaire...la volonté de changement.

Le Système Politique Mexicain

<<La Dictature Parfaite>>

Mario Vargas Llosa

Pendant le XX siècle le peuple mexicain a vécu un système autoritaire : 73 ans d’un seul parti (le Parti Révolutionnaire Institutionnel) au pouvoir a été la preuve. Celui-ci étant l´héritier de la Révolution de 1910, encouragea les organisations corporatives ouvrières et paysannes. Le gouvernement était dirigé par une classe politique composée par des experts dans la manipulation de masses, et par les grands chefs syndicaux. Il dispose d’une armée de bureaucrates et tient sous sa dépendance une énorme quantité de fonctionnaires. Dans ce régime, oú il n’y avait qu’un seul parti, les organisations syndicales (CTM, CNTE...) et populaires étaient la seule source de légitimité.

D’ailleurs, le système politique mexicain était composée par deux éléments -l’un indispensable á l’autre- : Le Parti (celui qui marque la continuité du régime) et le Président (celui qui marque un renouvellement, ou plutôt un relais). Certes, ceci n’est pas un système démocratique, le Pouvoir Législative et le Pouvoir Judiciaire n’avaient aucun pouvoir réel. En effet, le Président, pendant 6 ans dans le poste, concentrait un pouvoir immense et ne respectait pas le droit des minorités de manifester leurs opinions. Ainsi, le Président en tour favorisait un secteur de la société, ce qui entraîna une certaine acceptation du régime par la population, même si d’autres secteurs étaient exclus. De plus, ce siècle a vu l’essor des organisations corporatives des principaux contingents sociaux, aussi bien que son rejet et exclusion du champ politique. Ainsi, dans une époque oú on supposait que le fait de ne pas parler des problèmes de la nation aidait au pays, la discussion politique et la participation citoyenne était minimale, voire même, inexistante. Le Mexique n’était pas un pays pluriel et beaucoup de générations ont vécu et se sont développées, dans une paix autoritaire et simple qui n’allait pas avec un pays moderne et urbanisé.

Le projet économique mis en place par le gouvernement post-révolutionnaire, a permis la consolidation de l’industrie et des classes moyennes. Si on tient compte des destructions matérielles et humaines qui ont causé 20 ans de guerres civils (1910-1929), entre 1940 et 1970, le Mexique a connu un période de grande prospérité économique. La Révolution Mexicaine a réussi à créer des institutions originelles et un État nouveau, ce qui donna au Mexique une reconnaissance mondiale. C’est pour ceci qu’on lui accorde, en 1968, les premiers Jeux Olympiques organisés par un pays sous-développé. Mais dans le contexte des révoltes d’étudiants et, à la suite, la répression, les jeux olympiques semblaient des gestes spectaculaires qui visaient à cacher la réalité d’un pays en crise. C’est ainsi que l’année de 1968, a manifesté le désir de la société mexicaine d’avoir plus d’espace et de participation politique. En effet, avec le mouvement d’étudiants de cette année, est né un grand mouvement social contre l’autoritarisme et la répression, qu’au même temps, reflétait la chute des mythes et mœurs sociaux.

Les antécédents du 2 Octobre

Dans les années 60, le gouvernement de Gustavo Díaz Ordaz considérait que les États Unis avaient une stabilité politique très solide, que le Mexique devait reproduire. Pourtant, les États Unis trouvaient que la situation mexicaine était devenue très dangereuse : elle menaçait ses intérêts dans le continent, et en plus,

...