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Étude du Discours De Luna Park, Léon Blum, 6/09/1936

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Par   •  9 Mars 2014  •  2 022 Mots (9 Pages)  •  3 285 Vues

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Séance 8

Léon Blum, Discours de Luna Park,

6 septembre 1936

Ce texte est la retranscription du discours de Léon Blum prononcé le 6 septembre 1936 à la fête commémorative de la République, organisée par la fédération de la Seine au Stade Luna Park. Ce discours fût publié le lendemain dans le journal Le Populaire, organe de la SFIO. Il a été quelques semaines plus tard diffusé sous forme de brochure sous le titre « Les événements d'Espagne ». Ce discours fut prononcé trois mois après le début du Front populaire. Ce gouvernement de coalition qui rassemble communiste, socialistes et radicaux est à la fois le résultat et la réponse à la crise économique, à la montée du nazisme en Allemagne, aux scandales financiers, à l'instabilité politique et à l'émergence des ligues d'extrême-droite. Ce nouveau gouvernement est accompagné d'une grande vague d'espoir chez les classes populaires. Ceci est caractérisé par le mouvement de grèves générales spontanées de mai-juin 1936. A la tête de cette coalition, on retrouve Léon Blum, leader de la SFIO, engagé politiquement depuis l'affaire Dreyfus, étant lui-même de confession juive. Mais dès le mois de septembre, l’enthousiasme qui caractérisait les premiers mois retombe, notamment avec la crise politique qui éclate en Espagne à partir du mois de juillet 1936. C'est dans ce contexte qu'est prononcé ce discours de Luna Park. Dans celui-ci, si Léon Blum fait un bilan des premiers mois qui se sont écoulés de puis son entrée à la tête du gouvernement, il cherche surtout à tenter de se justifier auprès des militants de ses choix politiques vis-à-vis de l'Espagne.

Dès lors, on peut se demander en quoi ce discours permet de rendre compte de la tentative de Léon Blum de justifier sa politique de non-intervention en Espagne ?

Nous verrons donc dans un premier temps que ce discours permet de rendre compte des difficultés rencontrées par Blum pour concilier sa position de militant socialiste avec celle de chef du gouvernement, pour ensuite voir dans un second temps l'impossible unité du régime face au problème espagnol, élément déclencheur de la progressive chute du régime.

I) Les difficultés pour Blum de concilier sa position de militant socialiste avec celle de chef du gouvernement

A) Blum, le militant socialiste

Il commence par dire sur le ton de la confidence douloureuse qu'il « a eu une dure journée » et qu'il a ressentit « le besoin impérieux » de s'entretenir avec ses camarades. Il vient ici en tant que militant.

Tout au long de son discours, Blum affirme ne pas avoir changé : « trois mois d'exercice du pouvoir auraient-il fait de moi un homme autre ? Je ne le crois pas » (ligne 18) ; « je n'ai pas changé » (ligne 23). Léon Blum veut en effet prouver aux militants socialistes que, bien qu'il soit à tête du pouvoir, il n'en demeure pas moins le premier délégué du Parti au gouvernement et est donc toujours proche des revendications partisanes. Blum souhaite rétablir une relation de confiance entre lui et les partisans socialistes. Car ces derniers sont déçus de sa politique envers l'Espagne. Partisans de l'envoi d'armes aux forces républicaines espagnoles, ils ne comprennent pas la décision de Blum de ne pas intervenir en aidant les républicains espagnols. Ce discours a donc un double objectif : rétablir une relation de proximité avec les socialistes et justifier sa politique auprès d'eux, comme il le dit d'entrée. (ligne 7 : « je ne voulais pas laisser s'installer un malentendu cruel entre le gouvernement du Front populaire et une partie tout au moins des masses ouvrières ») Blum n'était pas prévu au programme de cette fête, c'est lui qui a demandé à être convié. En s'y rendant, le leader socialiste sait pertinemment que les personnes présentes sont très hostile à la non-intervention en Espagne. Il lui faut un grand courage pour s'exprimer devant une foule de plus de 3000 personnes lui étant hostile Il faut dire que le Frente Popular occupe une place sentimentale particulière dans la gauche française. En effet, en février 1936, l'alliance électorale des partis de gauche espagnols au sein du Frente Popular permet la constitution d'un gouvernement républicain en Espagne. Il est donc considéré comme le « Frère aîné » du Front populaire français, utilisé comme modèle. Pourtant, Léon Blum est d'abord favorable à une intervention en Espagne, répondant favorablement à l'aide demandé par José Giral, son homologue espagnol, lorsque celui -ci lui demande l'envoi d'armes et d'avions. Mais en quelques semaines cependant, Blum va réviser sa position et revient sur son accord initial. Cette décision de non intervention suscite de très nombreuses critiques de la part des forces politiques et syndicales situées les plus à gauche (CGT et communistes). Blum tente de faire comprendre aux militants qu'il est toujours comme eux : au fond de lui, Blum est comme la majorité des partisans : son cœur lui commande d'intervenir en faveur des républicains espagnols. Il a du faire un grand effort sur lui-même pour accepter de ne pas intervenir en Espagne, et parvenir à négocier avec L' Allemagne nazie et l'Italie de Mussolini un pacte de non-intervention en Espagne, pacte que ces deux pays ne respectent pas. Blum parle d'une expérience douloureuse qu'avait été l'abandon de sa première décision.

B) Blum, chef du gouvernement

Blum suit un raisonnement qui se veut particulièrement pédagogique. Les socialistes sont face à une situation nouvelle : en acceptant la responsabilité du pouvoir, ils ne peuvent agir uniquement en fonction des intérêts et des souhaits du parti mais doivent également tenir compte de l'intérêt collectif et national. Si au début du discours, Blum s'adressait en tant que militant aux partisans réunis au stade « Camarades » ; « Mes amis », sur le reste du discours c'est en tant que chef du gouvernement qu'il s'adresse. « Au nom du gouvernement que je préside ». Des raisons de réalisme politique pousse Blum à se rallier au principe de non-intervention car l'Espagne pourrait devenir un champ d'affrontement des puissances européennes et entraîner une nouvelle guerre continentale, que redoute une grande partie de la population. Ne pas intervenir en

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