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Marivaux, l'île aux esclaves

Dissertation : Marivaux, l'île aux esclaves. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  20 Février 2020  •  Dissertation  •  904 Mots (4 Pages)  •  898 Vues

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Pierre Carlet de Chamblain de Marivaux, dit Marivaux, est né à Paris dans une famille de petite noblesse. Inscrit à la Faculté de droit à Paris en 1710, il préfère à ses études la fréquentation des salons célèbres (Mme de Lambert et Mme de Tencin) où il découvre la préciosité. En 1712, Marivaux publie son premier texte Le Père prudent et équitable. Il s'essaie à différents genres littéraires : romans, feuilletons, poèmes, chroniques journalistiques, comédies théâtrales. A partir de 1722, Marivaux rencontre ses premiers succès : La Surprise de l'amour, La Double Inconstance, Jeu de l'amour et du hasard. Il publie une quarantaine de pièces, comédies de sentiment, comédies d'intrigue, comédies de mœurs, comédies sociales et philosophiques. Marivaux est un témoin majeur de la vie de la société au XVIIIe siècle. Il décrit toutes les nuances et les troubles de l'amour. Son style à la fois libre et sophistiqué, mais sans mièvreries est parfois considéré comme superficiel et frivole. Son nom a donné naissance au terme de marivaudage pour décrire des échanges de propos galants d'une grande finesse dans un but de séduction amoureuse. Marivaux est élu à l'Académie française en 1742. Malade à partir de 1758, il meurt d'une pleurésie en 1763.

La scène X de L'île aux esclaves de Marivaux est la deuxième scène du dénouement et c’est le véritable dénouement de la pièce. Cette scène constitue le deuxième aveu d’Euphrosine (le premier étant dans la scène IV avec Trivelin). Euphrosine, comme Iphicrate, avoue à son tour avec + de sincérité les abus qu’elle a fait endurer à Cléanthis grâce à sa supériorité sociale. La scène X est la suite logique de la scène IX où Arlequin et Iphicrate se réconcilient moralement et reprennent leur statut initial : « Pourquoi avez-vous repris votre habit ». Cléanthis est étonnée de constater cette réconciliation générale : « Mais enfin notre projet ? ». Elle se lance alors, dans un réquisitoire constitué par sa longue tirade (« Ah ! vraiment, nous y voilà... »), et elle pardonne également les actes d’Euphrosine.

La scène compte 18 répliques : 6 sont attribués à Cléanthis, 4 à Euphrosine, 6 à Arlequin et enfin 2 à Iphicrate. La parole des valets domine. C'est Arlequin qui mène la scène, il persuade Cléanthis de pardonner à sa maîtresse et tire une leçon de morale : Se repentir est être bon, comme l’explique la troisième réplique d’Arlequin « je me repens, …repentez-vous, …se repentira aussi ; et vive l’honneur après ». Iphicrate corrige la première réplique d’Euphrosine (« Dites plutôt ») et lui propose de suivre l’exemple d’Arlequin. Le projecteur est braqué sur les femmes. La réconciliation générale n’aura lieu qu’après celle d’Euphrosine et Iphicrate.

Cette tirade est la plus longue de la scène (très construite), Cléanthis dominant la langue (style soutenu) porte ici le message de Marivaux sur les « honnêtes gens du monde » dont la bonté (le « bon cœur ») s’oppose à l’hypocrisie des privilégiés et l’orgueil des aristocrates avec un ton colérique (exclamations, langage commun), accusateur. Marivaux dénonce l’abus des maîtres en un réquisitoire contre la société bourgeoise et ses mœurs. Ce réquisitoire est destiné à une classe sociale déterminée « les honnêtes gens du monde » qui vise le public. Cette longue tirade laisse douter les spectateurs sur le choix que va prendre Cléanthis (Va-t-elle pardonner à sa maîtresse ?). On ressent une certaine ambiance de suspens. Une opposition se distingue entre les maîtres et les valets « de pauvres gens (domestiques) que vous avez toujours offensés … tout riches que vous êtes » . De nombreux procédés littéraires sont utilisés pour appuyer son argumentation : l’hyperbole « cent fois plus honnêtes qu’eux », comparaison « regardant comme de vers de terre », l’accumulation « de l’or, de l’argent, des dignités » (-> rythme ternaire), répétition du terme « voilà » à la reprise qui insiste sur la dénonciation du caractère des privilégiés. Questions rhétoriques (accompagnées des réponses afin de faire avancer le récit) (« Où en seriez-vous aujourd'hui, si nous n'avions point d'autre mérite que cela pour vous ?...  », « que faut-il être s’il vous plait ? ». Il y a un jeu de miroir qui reflète l’opposition sociale maîtres/valets + une gradation rythmique « qui…qui…et qui » quaternaire.

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