L'abstention
Analyse sectorielle : L'abstention. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar SDtr • 25 Avril 2015 • Analyse sectorielle • 1 697 Mots (7 Pages) • 1 133 Vues
L’abstention
L’abstention consiste à ne pas participer à une élection ou à des opérations deréférendum. Elle traduit soit un désintérêt total pour la vie publique, soit un choix politique actif consistant à ne pas se prononcer afin de montrer son désaccord. Ainsi, à l’occasion du référendum sur les accords de Matignon portant sur l’avenir de la Nouvelle-Calédonie en 1988, l’un des partis de l’opposition avait appelé ses partisans à s’abstenir pour s’opposer au texte. Néanmoins, l’abstention semble traduire une crise de la représentation et peut poser la question de la légitimité du pouvoir politique élu avec une faible participation.
Quel impact peut avoir une forte abstention sur ces élections ?
L'abstention a toujours une double composante, sociologique et politique. Or on constate depuis les derniers scrutins une abstention différentielle qui se traduit par le défaut de mobilisation d'un camp par rapport à un autre et de cette capacité de donner cette partie de soi-même qu'on met dans son bulletin de vote. Ceux qui sont les moins motivés depuis plusieurs scrutins, ce sont les électeurs de la majorité qui ont fait défaut dans des zones sociologiquement à gauche, permettant ainsi à l'UMP de l'emporter aux municipales. Lors des départementales, les dirigeants de la majorité ne s'y sont pas trompés : ils ont identifié l'abstention comme leur principal ennemi.
Quelles sont les catégories sociales qui s'abstiennent le plus ?
Ce sont les jeunes et les ménages appartenant aux catégories sociales les moins favorisées (employés, ouvriers). Mais le Front national bénéficie d'un atout bien particulier. L'abstention lui est potentiellement propice, non pas parce que les électeurs frontistes sont beaucoup plus nombreux mais parce qu'ils sont plus mobilisables. Enfin, elle est relativement neutre pour l'UMP mais que ce qui affaiblit les socialistes va permettre à la droite de l'emporter car elle se présente plus unie.
EXEMPLE
Près d'un électeur sur deux a boudé les urnes dimanche lors du premier tour des départementales, au vu des estimations des instituts de sondage, mais l'abstention, l'un des enjeux du scrutin, semblait moindre que pronostiqué et qu'observé aux cantonales de 2011.
Signe de l'importance de ce chiffre: le président de la République François Hollande a estimé, après avoir glissé son bulletin dans l'urne dans son fief corrézien de Tulle, que, "aujourd'hui, la question, c'est l'abstention" et "le score du Front national".
Dans l'ensemble de la journée, l'abstention devrait atteindre en métropole 48,5% selon CSA et l'Ifop, à 49,5% selon Harris Interactive et à 48,7% selon Ipsos (estimation affinée), ont annoncé ces quatre instituts.
Un niveau nettement inférieur au taux constaté par le ministère de l'Intérieur au premier tour des cantonales de 2011 (55,68%) ou des européennes de 2014, mais très supérieur à celui des cantonales de 2008 (35,13%).
Les raisons de la montée de l'abstention
Le niveau de l'abstention diffère selon les types de scrutins. L’élection présidentielle, scrutin décisif dans notre pays très centralisé, échappe à la désaffection. En 2002, l'abstention avait battu des records avec 28,4 %, mais en 2007 elle avait atteint l’un des niveaux les plus faibles de toute la Ve République : 16,2 %. En 2012, elle s'est située à un niveau intermédiaire, dans la moyenne des précédents scrutins, sous son niveau de 1969.
L’abstention augmente depuis le début des années 1980 pour les autres types de scrutins. Au premier tour des législatives, elle atteignait autour de 20 % dans les années 1960 et 1970, et a dépassé le double au scrutin de 2012. Les cantonales ont toujours été marquées par un niveau d’abstention élevé : les élections de 2011 ont vu un nouveau record (55,6 %), mais le niveau de 2015 (49 %) est comparable à celui de 1973 (46,6 %).
Le premier tour des élections municipales de mars 2014 a été marqué par un record : 36,45 % des inscrits n'ont pas voté. Même chose pour les régionales de 2010, avec 48 %. Enfin, seul un peu plus d'un électeur sur quatre se déplace pour les européennes depuis 20004.
Alors que les citoyens français qui ne sont pas inscrits sur les listes électorales représentent 6 à 7% du corps électoral potentiel, environ 10% des inscrits sont des abstentionnistes constants, qui ne votent jamais : il s’agit d’une proportion relativement stable dans le temps. Ce qui est en revanche de plus en plus fréquent, c'est la participation très intermittente : des individus qui votent de moins en moins, mais à qui il arrive tout de même de voter, notamment pour les élections présidentielles.
La dernière séquence électorale 2007-2012 fournit une parfaite illustration de ce phénomène : elle est composée de deux tours de scrutins - ceux de la présidentielle 2007 - pour lesquels on a enregistré une très forte participation de 84% - alors que tous les scrutins suivants sont marqués par des records historiques d’abstention (aux élections législatives, municipales, européennes et régionales).
Or l’analyse des listes d’émargement montre que ce sont les mêmes individus qui s'abstiennent la plupart du temps et qui, de temps en temps, se rendent au bureau de vote. La hausse de l'abstention observée au cours des deux dernières décennies années dissimule donc moins un processus de rupture avec le vote que le lien de plus en plus relâché qu’un nombre croissant de citoyens entretient avec les
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