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Féminisme et antiféminisme

Dissertation : Féminisme et antiféminisme. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  10 Avril 2017  •  Dissertation  •  3 407 Mots (14 Pages)  •  990 Vues

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UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À MONTRÉAL

Travail de Mi- session :

Dissertation

Comme exigence  du cours POL-5185

Département de Science Politique et de Droit

Le 20 Octobre 2016

       Francine Descarries, avançait dans son ouvrage L’antiféminisme «ordinaire» que « l‘antiféminisme se nourrit du ressentiment explicite à l’égard des femmes et de leurs avancées vers l’égalité »[1]. Notre définition de l’antiféminisme poursuit sur une trajectoire qui que calque sur cet axe de pensé de l’auteure féministe québécoise. Il en convient que l’antiféminisme, se présente avant tout comme un mouvement qui vise à ralentir ou à faire régresser le mouvement féministe : celui-ci est donc un contre-mouvement fondé non seulement sur  une image essentialisée de la femme, mais aussi sur des représentations préfaites de celle-ci, dans le but de lutter contre son émancipation sur toutes les sphères de la vie (tel que dans le domaine personnel, social, etc.). Ce mouvement qui traduit un rejet du concept d’égalité dans les rapports entre les hommes et les femmes s’oriente sur plusieurs thèmes, tels que celui de la reproduction et du corps des femmes, ou bien sur le féminisme en général.

Mais quelles sont leurs positions vis-à-vis de ces deux thèmes? Comment les définissent-ils? Si notre étude vise à discuter de la continuité historique de la pensée et des arguments antiféministes sur les deux thèmes énoncés précédemment, il est essentiel d’éclaircir les portraits qu’ils établissent sur le sur féminisme, ainsi que sur la reproduction et le corps des femmes. Tout d’abord, la reproduction/le corps de la femme, qui est un sujet très développé au 18e et 19e siècle, traduit selon ce mouvement, d’un différentialisme entre la femme et l’homme. Les femmes selon eux, par la spécificité de leurs attributs physiques, mais aussi de par leurs destins inévitables à devenir fécondes, présentent une infériorité et une soumission naturelle au genre masculin. Dès lors, la faiblesse de leurs corps, l’instrumentalisation de leurs sexes à la conception humaine et donc la maternité, leur donne toute sa signification de « femme » à celle-ci : ceux-ci lui donnent donc une raison d’exister. « La fonction de maternité est inscrite dans la constitution « psychophysique de la femme »,énonçait le Saint-Siège; la femme a ainsi organiquement pour mission la reproduction et se développe dans la trajectoire continue de « vierge-mère-épouse »[2].

En ce qui concerne le féminisme, les antiféministes définissent ce mouvement comme faisant obstacle aux hommes de par la création de divers problèmes : les transformations sociétales et d’ordre social qui s’opèrent, de par la participation des femmes à la sphère publique, ou par le changement de la trajectoire de leurs rôles d’épouse et de mère représentent ainsi un danger pour le genre masculin. Le féminisme change donc de revendications et avance selon les époques. Dès lors, notre étude visera ainsi à montrer les diverses positions et arguments que Rousseau, Proudhon, Joran et Bourassa tiennent sur ces deux thèmes énoncés précédemment.

      Dans son ouvrage Émile ou de l'éducation, Rousseau nous expose sommairement une argumentation de sa position par rapport à l’origine et à la fonction de la femme en vertu de sa nature physique. En outre, si l’écrivain genevois présente l’homme comme un être impliquant la force, le pouvoir, la domination, etc.; il en est tout autrement pour la femme. En effet, Rousseau annonce que la femme doit tout d’abord par son statut « avoir tout ce qui convient à la constitution de son espèce et de son sexe pour remplir sa place »[3]. En soi, Rousseau admet que la femme doit physiologiquement intégrer la féminité, de par le sexe qui lui est attribué, et est ainsi l'antinomique de l’homme, par cet attribut qu’elle possède. En cela, à travers une logique binaire, celui-ci démontre que la femme doit se différencier de l’homme par les traits de son visage ainsi que de son corps ; dans le but premier de plaire à l’homme: « la femme est faite pour plaire à l’homme et pour être subjuguée, elle doit être agréable à l’homme au lieu de le provoquer, sa violence à elle est dans ses charmes » nous dit-il[4]. Pour plaire, la femme doit donc posséder du charme, mais doit aussi être physiquement faible, passive, réservée et vertueuse dans son corps. Ainsi, la femme est, pour Rousseau, non seulement physiquement et sexuellement inférieure à l’homme dans sa puissance corporelle, mais elle a aussi le devoir de préserver son corps en restant fidèle, car « la femme infidèle […] dissout la famille et brise tous les liens de la nature ; en donnant à l’homme des enfants qui ne sont pas à lui, elle trahit les uns les autres, elle joint la perfidie à l’infidélité »[5]. En soi, si une femme n’est pas chaste et vertueuse, celle-ci perd de son utilité, et devient une ennemie/un monstre pour l’homme. Finalement, Rousseau admet une dernière déclaration dans son discours: les femmes sont entièrement limitées aux rôles d'épouse et de mère; et nous montre donc que la nature a déjà physiologiquement dicté le destin de la femme. « Sans cela, l’espèce dépérirait », nous annonce-t-il, et il faudrait que « chaque femme fasse à peu près quatre enfants »[6]: la femme a donc pour but originel de porter les enfants, et doit dès son enfance, avoir une bonne constitution pour entretenir ce rôle indispensable à son genre.

      La pensée de l’écrivain anarchiste, Proudhon, suit cette continuité de position à l’égard des femmes. En effet, Proudhon nous dit que la femme est naturellement inférieure physiquement à l’homme : si celui-ci présente de la « force, l’ardeur, le courage » et possède la virilité, la femme, elle, par son sexe, son corps et sa « non-masculinité » représente la beauté, la grâce, la chasteté, mais aussi l’infériorité physique[7]. « La femme est le diminutif de l’homme, à qui il manque un organe pour devenir autre chose qu’un éphèbe »[8]. Proudhon poursuit le chemin de pensée de Rousseau à propos de la femme : celle-ci est un être passif et doit attirer l’homme par sa « délicatesse du corps, tendresse des chairs», etc.[9]. Mais Proudhon va plus loin que Rousseau, dans le rôle soumis de la femme : pour celui-ci, elle est intellectuellement et moralement inférieure, de par son « étroitesse et compression du cerveau »[10]. Celle-ci est aussi faible physiquement, et ne peut travailler, car elle ne possède pas la capacité physique adéquate à la production : Proudhon utilise d’ailleurs le rapport numérique pour prouver son propos[11]. La femme est donc diminuée autant physiquement qu’intellectuellement, et a donc pour seule vocation d’être un « réceptacle pour les germes que seul l’homme produit »[12]. Elle est ainsi présentée tel un objet/instrument, qui est le récipient des semences masculines, et trouve sa raison d’être dans cette tâche/responsabilité. Si celle-ci n’a pas cette finalité, elle « n’a pas de raison d’être [et] serait pour sa part une erreur » de la nature[13]. Proudhon y fait d’ailleurs un lien entre ce rôle de réceptacle et la maternité : dès que la femme reçoit les semences et entre dans la maternité, celle-ci présente une « subordination encore plus grande [et] est  condamnée par sa nature à ne subsister que de la subvention de l’homme »[14]. Celle-ci tombe dans la dépendance de l’homme, qui la fait subsister. Finalement, Proudhon finit par échelonner le corps de la femme en un juste milieu entre l’animal et l’homme : celui-ci est un peu plus avancé dans l’échelle animale que des primitifs, mais reste tout de même inférieur à l’homme qui lui « est le produit final de l’élaboration embryonnaire pour une destination supérieure »[15].

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