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La Doctrine Nucléaire De L'Inde

Mémoire : La Doctrine Nucléaire De L'Inde. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  10 Janvier 2014  •  2 170 Mots (9 Pages)  •  1 127 Vues

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Vingt quatre ans après l'expérimentation de son premier engin nucléaire explosif (18 mai 1974), qualifié à l'époque de "pacifique", l'Inde procédait en 1998 à des essais sous-terrain. L'Inde n'est pas soudainement devenue une puissance nucléaire militaire crédible le 11 mai 1998. Sa capacité technique à réaliser trois essais simultanés est le fruit d'une longue expérience acquise dès les lendemains de l'Indépendance en 1947. En 1948, sous Nehru, commençait le programme nucléaire civil avec l'instauration de la commission de l'énergie atomique (AEC). Dès les années cinquante l'option militaire était envisagée avec toutefois une certaine retenue. En effet une quasi "barrière morale" empêchait les autorités de sauter le pas. Comment ce pays qui avait obtenu son indépendance par l'usage massif de la non-violence pouvait il se doter d'une telle arme? Le nucléaire militaire allait demeurer pendant de longues années un tabou.

La défaite militaire contre la Chine en 1962 et l'accession de l'empire du milieu au feu nucléaire en 1964 sont vécues comme un traumatisme. Les pressions en faveur du développement d'armes nucléaires se font alors plus fortes. Cette option demeura ouverte notamment dans le contexte des années 70 (négociation du TNP jugé dès le départ "discriminatoire" et insuffisant en terme de garantie de sécurité, troisième guerre contre le Pakistan en 1971). La situation régionale de l'époque militait également en faveur du développement d'armes nucléaires. La troisième guerre contre le Pakistan avait démontré que la Chine était l'alliée résolue d'Islamabad. De même, la présence d'armes nucléaires américaines à bord du porte-avions USS Entreprise dans le Golfe du Bengale (également dénommé Indian Lake) contribua à ce que New Delhi se sente victime d'un chantage nucléaire. La décision d'Indira Gandhi de procéder à des "essais pacifiques" en 1974 est à placer dans ce contexte particulier qui excluait toute autre option. En effet conformément à sa politique de non-alignement, New Delhi s’interdisait une possibilité d'alliance formelle avec Moscou ou Washington. L'accès au parapluie nucléaire de l'un des deux grands était impraticable notamment en raison de la politique américaine de non-prolifération. Ce contexte défavorable contribua largement au développement d'un sentiment d'insécurité. La marche vers le nucléaire militaire devenait inéluctable:

"A la fin des années soixante notre situation de sécurité s'est aggravée, nous avons cherché des garanties de sécurité, mais les pays vers lesquels nous nous sommes tournés n'étaient pas en mesure de nous donner des garanties attendues", déclaration par l'ambassadeur KUNADI, conférence du désarmement, Genève 6 août 1998

Selon l'expression consacrée, entre 1974 et 1998, "la question nucléaire demeure ouverte". Dans les années 90, les développements en matière des missiles balistiques Prithvi et Agni vont dans le sens de la mise sur pied d'une dissuasion nucléaire. En effet, compte tenu de l'effort économique consenti, le programme (ambitieux) balistique indien n'a de sens militaire qu'avec une capacité nucléaire. C'est également dans les années 90 que des experts indiens conceptualisent une dissuasion à l'indienne. On discute alors de dissuasion en retrait (capacités non concrétisées, avec option de passage à la fabrication d'armement, engagement de non emploi en premier et rejet du concept des armes de batailles nucléaires) ou bien encore de dissuasion minimale (imposition de dommages inacceptables à l'adversaire, engagement de non emploi en premier) .

Les essais de 1998, le tournant nucléaire

Les essais de 1998 ne sont pas une surprise. Les débats des stratèges étaient comme une préparation au passage à l'acte. De même, la réticence indienne à rejoindre le Traité d'interdiction complet des essais nucléaires (TICE) malgré les fortes pressions de la communauté internationale était autant d'indicateurs. Si aux yeux de la communauté internationale les essais de 1998 sont la conséquence directe de l'arrivée au pouvoir du BJP (Bharatiya Janata Party, parti nationaliste hindou qui affichait dans son programme électoral la reprise des essais nucléaires), ce choix a été aussi et surtout dicté par de nombreuses autres motivations:

- l'environnement régional a été un facteur déterminant dans l'acquisition de l'arme nucléaire (traumatisme persistant de la défaite de 1962 face à la Chine, campagne de modernisation de l’arsenal nucléaire chinois à la fin des années 90, échanges de technologies sino-pakistanaise),

- la volonté indienne d'accéder au rang de puissance mondiale via l'arme atomique en tant qu'arme de prestige ;

- enfin l'évolution de l'arms control avec, dans les années 90, une forte pression de la communauté internationale en vue de la conclusion du TICE ont certainement influencé les indiens dans l'agenda des essais. En effet pour New Delhi la conclusion d'un tel traité serait la formalisation et la perpétuation du déséquilibre avec la Chine. Le TICE, qui n’empêche pas la prolifération verticale, est considéré comme le pendant du TNP eux deux symboles de l’interdiction faite à l’Inde d’avoir recours à l’arme nucléaire.

Les essais indiens suivis peu de temps après par les essais pakistanais sont vécus par la communauté internationale comme un véritable séisme. La tradition démocratique de l’Inde (la plus grande démocratie du monde), son rayonnement politique dans les « pays du sud » mais surtout sa revendication de grande puissance l’obligent, vis-à-vis de son peuple mais également à l’égard du monde. Le gouvernement indien passe alors commande à des experts nationaux d’un document présentant la Doctrine Nucléaire du pays. Regroupés au sein d’un comité consultatif, le National Security Advisory Board (NSAB), ils établissent un projet de doctrine nucléaire (Draft Nuclear Doctrine) pour qu’il soit soumis au vote des parlementaires. La Draft Nuclear Doctrine est un document qui présente les motifs de l’accession par l’Inde à l’arme nucléaire. En plus de cette présentation des motifs, le document explicite les conditions d’emploi de l’Arme.

Le projet de Doctrine Nucléaire

Le texte publié par le NSAB est un document ambitieux. La lecture de ce document (cf. annexe)

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