Rôle de l'armée en Afrique

« Le devoir de solidarité n’est pas un devoir de substitution », disait Germain B. NAMA dans le jour l’Evènement n°284 du 25 janvier 2013. Cette affirmation fait suite au constat que les armées des différents pays membres de la CEDEAO n’arrivaient pas à s’organiser pour aller à la rescousse de l’armée malienne, désemparée face à l’avancée des mouvements djiadhistes du nord malien vers le sud, laissant le grand rôle aux armées française et tchadienne. Cet état de fait a suscité un vif regain pour le débat sur les armées africaines, à propos desquelles l’on se questionne mutuellement : « Quelle appréciation faites-vous de l’armée en Afrique ? ». En d’autres termes, faut-il apprécier positivement ou négativement l’armée dans les pays africains ? Sur les lignes qui suivent, nous allons démontrer, en un premier lieu, que l’armée est presque inutile, voire nuisible en Afrique et, en second lieu, formuler des propositions tendant à l’amélioration du rôle de l’armée en Afrique.

L’armée en Afrique, vue sous un certain angle, est une institution inutile, voire nuisible parce qu’elle est sans moyens d’intervention adéquats, dépourvue de toute fonction républicaine et est fossoyeuse de démocratie.

En effet, d’une part, les armées africaines sont l’image de la plupart des Etats qui tirent le diable par la queue. Elles sont donc sans véritables moyens pour assurer leurs charges. Rien d’étonnant que les chefs d’Etats de la CEDEAO se présentent aujourd’hui en mendiants larmoyants devant la communauté internationale pour demander des soutiens matériels, humains et financiers avant d’envoyer leurs soldats sur le front du septentrion malien. Cela ressemble fort à un marchandage indécent. Plus précisément, pour prendre la relève des forces françaises et tchadiennes qui participent à la libération du nord-Mali, la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ne s’embarrasse pas de soumettre à l’Occident une demande de financement de 950 millions de dollars US.

D’autre part, cette institution supposée assurer la sécurité et la sûreté des frontières n’existe que de nom. Les principaux moyens dont elle dispose sont généralement orientés vers la protection du président et de ses proches, et souvent la répression des opposants. Conséquence : plus de cinquante après les indépendances octroyées, l’Afrique peine à avoir de véritables armées professionnelles et dignes. La crise malienne n’est d’ailleurs que la conséquence d’une inconséquence de l’Armée de ce pays.

Aussi, le rôle nuisible à la démocratie de l’armée en Afrique s’explique par ses multiples interventions funestes au sein des Etats africains depuis les indépendances jusqu’à aujourd’hui. Dans ce chapitre s’enregistrent les coups d’Etat contre des présidents démocratiquement élus ou populaires (Sylvanus OLYMPIO du Togo, Kwamé N’KRUMAH, Séini KOUNTCHE du Niger, Marien N’GOUABI du Congo Brazzaville, Amilcar CABRAL de la Guinée Bisseau, Amadou Toumani TOURE du Mali), les enlèvements, tortures et assassinats de leaders d’opinion (Norbert ZONGO), les exactions et pillages des biens des populations civiles ( lors de la guerre civile en Côte d’Ivoire et lors des 14 et 15 mai 2011 au Burkina Faso).

Tout ceci démontre l’inutilité et l’action nuisible de l’institution

...