Que Peut-on Attendre De L'Etat
Note de Recherches : Que Peut-on Attendre De L'Etat. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar christophenchine • 10 Février 2014 • 3 913 Mots (16 Pages) • 1 986 Vues
I. On peut légitimement attendre de l’Etat qu’il nous protège et nous aide en vue d’assurer les conditions de la réalisation de l’existence humaine, malgré les dérives potentielles.
L’Etat offre plusieurs représentations qui répondent à des sociétés données. L’Etat moderne a connu ainsi des figures opposées. Les « Trente Glorieuses » correspondent au passage d’un Etat-protecteur (et dans sa forme la plus avancée : l’Etat-providence) à un Etat impuissant.
A. Un Etat qui nous protège et nous élève
1. Un Etat sécuritaire
Hobbes, dans le Léviathan, cherche à comprendre pourquoi les hommes s’unissent au sein de sociétés. Dans l'état de nature (état fictif des hommes avant l'instauration d'un ordre social), les hommes sont égaux, et donc rivaux. Ils sont mus par le désir de vivre et de conserver leur être, et chacun tend à s'emparer de tout ce qui peut assurer sa subsistance (insuffisance des biens), et à détruire tout ce qui peut la mettre en péril. L'état primitif est donc un état de guerre de tous contre tous, où le seul privilège reconnu est celui de la supériorité physique, acquise par la force et la ruse. C'est une communauté d'insécurité et d'inculture, qui définit une vie bestiale et cruelle où l'homme est un loup pour l'homme. C’est un état de guerre permanent.
Ce sont à la fois la crainte permanente de la mort, ainsi que l'envie de satisfaire ses désirs, qui obligent l'homme à élaborer un compromis, pour assurer à chaque individu la sécurité.
C'est en transférant, par un contrat de soumission totale et inconditionnelle, tout son pouvoir naturel aux mains d'une autorité supérieure, que l'homme sort de l'insécurité naturelle pour entrer dans la sécurité de l'état social. L'État (que Hobbes compare au Léviathan, monstre biblique dont il est dit qu'aucune force terrestre ne lui est comparable) est ainsi constitué souverain unique et absolu. Unique, car il est le seul dépositaire du droit à se gouverner dont chacun s'est dépouillé ; et absolu, car, si tous ont contracté en sa faveur, lui-même n'est lié par aucun contrat avec ses sujets. Ainsi, pour Hobbes, « il est également vrai, et qu’un homme est un dieu à un autre homme, et qu’un homme est aussi un loup à un autre homme ».
Ce qui est attendu de l’Etat, c’est donc qu’il assure notre sécurité. L'État a donc pour fonction essentielle de protéger la vie des individus qui relèvent de sa juridiction. Il doit assurer une protection efficace de ceux-ci contre toutes les agressions.

Cette attente est une exigence qui n’a pas évolué :
- politique intérieure : débats sur l’insécurité qui reviennent régulièrement, lutte contre les cambriolages en est l’exemple même ;
- politique étrangère : protection contre les attentats suite au 11 septembre 2011, mise en place d’une législation spécifique ;
- pb pour pays où pas d’Etat : Etats faillis ou défaillant comme la Somalie. Notion proposée est proposée par le Fund for Peace qui a construit un indicateur composé de 12 variables2 pour tenter de caractériser un État qui ne parviendrait pas à assurer ses missions essentielles, particulièrement le respect de l’état de droit. Cette notion est utilisée pour légitimer une intervention de la communauté internationale, qui serait ainsi autorisée à «reconstruire» les États déficients
2. Un apprentissage de la moralité
Cette conception du contrat social comme contrat de soumission inconditionnel s'oppose à la théorie du contrat de soumission conditionnelle de Locke et la théorie du contrat d'association de Rousseau.
De plus, il semble que l'État représente également un lieu d'apprentissage : il nous permet d’accéder à un état supérieur. L'homme à l'état de nature n'est pas parfait, mais perfectible. Il est à un degré zéro de développement à partir duquel tout est possible, le meilleur comme le pire. Les qualités naturelles de l'homme peuvent tout autant se dégrader que se développer. Ainsi, la perfectibilité, "cette faculté distinctive et presque illimitée, est la source de tous les malheurs de l'homme". (Rousseau, Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes.)
L'État nous permet d’accéder à notre nature d'êtres raisonnables et par là d’avoir une véritable existence en tant qu’hommes. Il le fait par l’intermédiaire des lois qui apprennent à l'homme :
- le respect des uns et des autres sous peine de sanctions ;
- le fait de ne pas écouter nos instincts et impulsion physique.
L’homme passe ainsi de l’Etat de nature à l’Etat civil, il se transforme d’après Du Contrat Social ou Principes du droit politique (1762) de Rousseau. La bonne socialisation permet non pas de retrouver l'état de nature, ce qui serait contradictoire, mais de retrouver le naturel en nous. L'homme naturel, l'homme du Contrat social (ou de l'Émile), contrairement à l'homme de la nature, est un homme qui a porté à la perfection ses capacités naturelles au lieu de les pervertir. Avec des Lois, l'homme accède à la moralité, il comprend qu'il peut obéir à d'autres principes que ceux de l'État de nature.
B. Un Etat qui nous aide voire nous annihile
1. Un Etat protectionniste
Au fil des siècles, les demandes à l’égard de l’Etat ont été de plus en plus grandes. D’abord la sécurité comme nous l’avons vu, puis la moralité avec l’établissement d’une société civilisée.
Mais l’Etat a également investi le champ de la nécessité pour subsister : d’abord l’alimentation. « Du pain et des jeux » (Panem et circenses) de Juvénal qui résume ce que le peuple de Rome demandait à ses dirigeants, lesquels assuraient régulièrement des distributions gratuites. Pour éviter les émeutes et les révoltes,
les consuls et les empereurs ont organisé des distributions de farine gratuite, avec l'aide des boulangers devenus fonctionnaires d'Etat au 2ème siècle avant J-C. Cette tradition s'est maintenue jusque sous Aurélien. Economie administrée
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