Controverse Youssoupha Eric Zemour
Mémoires Gratuits : Controverse Youssoupha Eric Zemour. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar dissertation • 8 Avril 2014 • 3 325 Mots (14 Pages) • 1 344 Vues
En 2009, un rappeur français nommé Youssoupha Mabiki, chante dans l’une de ses chansons intitulée « À force de le dire », issue de son album « Sur les Chemins du Retour » : «A force de juger nos gueules, les gens le savent, qu'à la télé souvent les chroniqueurs diabolisent les banlieusards, chaque fois que ça pète on dit qu'c'est nous, je mets un billet sur la tête de celui qui fera taire ce con d’Éric Zemmour»1. Éric Zemmour, est un chroniqueur français, entre autres connu pour son dégoût et ses propos injurieux envers le rap français qu’il décrit publiquement comme étant une « sous culture d’analphabètes ».Le 25 mars 20093, peu de temps après la mise en ligne des paroles de cette chanson, accompagné de ses avocats, M. Zemmour dépose une plainte au procureur pour « menaces de crimes » et « injure publique » contre Youssoupha. Peu de temps après, de nombreux médias s’emparent de l’histoire et la diffusent avec des titres aussi racoleurs que « le rappeur qui veut faire tuer Éric Zemmour » 4. De son côté, le lyriciste (parolier) se défend notamment dans une interview avec le journal « Le Parisien » ainsi que dans une chanson intitulée « menace de mort » où il explique son expérience et ses sentiments qui en découlent. Petit à petit, la controverse prend de l’ampleur médiatique, le journal « Le Figaro » diffuse un article intitulé « E. Zemmour fait condamner un rappeur », Youssoupha écrit une tribune dans le journal « Le Monde ». Lors du procès, le rappeur est jugé coupable et reçoit donc une peine en conséquence. Mais ce dernier n’a pas dit son dernier mot, il fait appel à la décision de la cour et le 2 juillet 2012 relâché par la chambre de la cour d’appel spécialisé dans les affaires de presse qui estime qu’il n’y a ni diffamation ni injure publique3.
Les principaux acteurs de cette controverse sont bien sur le chanteur Youssoupha et le chroniqueur Éric Zemmour, il n’y a pas eu d’autres acteurs conséquents. Malheureusement, malgré le fait que M. Zemmour soit chroniqueur, il m’est impossible de trouver un texte ou une vidéo où il s’exprime sur son différend. La seule foi où il y fait référence, c’est dans une émission de télévision où on le questionne sur le sujet. Il justifie donc sa plainte en citant les paroles reprochées et en insistant sur le fait que c’est clairement une menace de mort5. En revanche, Youssoupha étant visé, a manifestement ressenti le besoin de s’exprimer sur l’injustice qu’il ressentait. Il participe à une entrevue avec le journal « Le Parisien » où dit assumer cette virulence, mais il s’attriste de la reprise de l’évènement par les médias, qui selon lui, retransmettent une image des rappeurs infidèle à la réalité. Il explique que M. Zemmour tient des propos discriminatoires sur des sujets parmi lesquels il se sent concerné (sur les rappeurs, les immigrants…). Il appuie cet argument en amenant le fait que ces mêmes propos son tenus sur une chaine étant un service public pour lequel il cotise et qu’il est « hors de question » de se faire insulter et marginaliser de cette façon sans réagir. Il explique ensuite ses paroles en disant que « je mets un billet sur la tête de celui qui fera taire ce con d’Éric Zemmour » signifie qu’il est prêt à donner une récompense à celui qui arrivera à mettre M. Zemmour « à sa place ». Il rajoute que faire taire quelqu’un par rapport à des propos injurieux ou discriminatoire va dans le sens de la république et qu’il existe même des lois pour cela. Cette entrevue, ayant le titre ironique « le rappeur qui veut faire tuer Éric Zemmour », est intégralement disponible sur Dailymotion6.
Tout au long de la controverse, Youssoupha poste des capsules vidéo où il explique à ses fans le déroulement des procédures. Trois d’entre elles sont encore disponibles sur Youtube. Dans la plus ancienne d’entre elles7, le rappeur sort du premier procès et répond à quelques questions. La première étant sur la réception de l’absence de M. Zemmour au procès, il explique le sentiment de mépris de la part du parti adverse. Il souligne cela avec le fait que même la plaidoirie de son avocate était bâclée et « pleine de raccourcis comme lui il a l’habitude d’en prendre » sur les rappeurs et banlieusards. Il se dit déçu du fait que, malgré qu’il juge M. Zemmour comme quelqu’un d’intelligent, il rentre dans un « mécanisme de la bêtise ». Il explique ensuite la facilité de créer des clichés et de classer les gens dans des cases quand on est dans l’ignorance. Il rajoute préférer prendre le temps et faire l’effort d’avoir un discours différend, fidèle aux nuances qu’il perçoit. Il conclut la vidéo en disant souhaiter qu’à l’avenir on puisse se concentrer sur des cas plus sérieux que ces « guignoleries juridiques qui font perdre du temps à beaucoup de gens ». La seconde vidéo8 encore disponible sur internet est tournée juste après le premier verdict du juge, celui qui condamne Youssoupha. Il dit être déçu d’être condamné, mais qu’il n’y a rien de particulièrement grave, car la peine reste légère (amende avec sursis et versement des dommages et intérêts au parti adverse). Il remercie ensuite tous ses fans qui l’ont soutenu jusque-là. Pui il dit que, malgré son ras-le-bol (après deux ans de procédure) et son envie de passer à autre chose, il réalise en parlant avec son entourage que l’issue de ce procès dépasse son propre cas juridique. Il dit que le conflit représente maintenant la question « est-ce que le rap à le droit de réagir quand on l’insulte, le méprise ou le stigmatise ? ». Il affirme que malgré une intention contraire au début, il compte maintenant faire appel à la décision du juge pour défendre la cause par solidarité avec tous ceux qui s’investissent dans ce milieu et qui se sont sentis concernés par ce procès. Il conclut cela en disant souhaiter « qu’on sorte du délire » où les rappeurs sont stigmatisés en tant que personnes violentes et agressives.
La dernière vidéo disponible sur le sujet9 est tournée juste après l’annonce de la relaxe de Youssoupha. Il commence en exprimant son soulagement, d’un ton beaucoup plus léger que les autres vidéos. Il se décrit content de la décision des juges et dit espérer que son parti adverse n’ait pas la « bêtise » d’aller jusqu’en cours de cassation pour faire de cette affaire qu’il juge dérisoire « une affaire d’État ». Il se dit ravi de ne pas avoir accepté la première décision et qu’il puisse enfin, après 2 ans et demi, chanter la chanson « À force de le dire » sans se censurer.
Mais Youssoupha est un rappeur, et le moyen d’expression des rappeurs est bien entendu la musique. C’est donc avec sa chanson
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