Y a-t-il de l’indicible ?

Dissertation de philosophie 2

Y a-t-il de l’indicible ?

L’indicible est l’impossibilité de décrire une pensée ou une réalité ; c’est ce qui ne peut pas être dit, c’est-à-dire qui ne peut pas être exprimé par la parole.  Il est donc directement lié au langage qui se définit par un système de signes permettant l’expression ou encore la communication. De ce fait, une question se pose alors : « Y a-t-il de l’indicible ? ». Pour y répondre, nous allons distinguer trois parties. D’abord, nous montrerons qu’il peut exister de l’indicible, ensuite nous le contredirons en soumettant la possibilité que tout puisse être dit dans une deuxième partie et enfin nous essaierons de mettre en évidence le fait que le langage peut censurer l’esprit.

   Tout d’abord, la parole dispose de conditions extralinguistiques qui nous empêchent de pouvoir dire tout ce que l’on souhaite dire et d’être écouté de tous. En effet, on dit seulement ce qu’on est permis de dire de par les normes sociales ou politiques d’un Etat. La valeur d’un discours ne tient que de celui qui l’énonce, il faut donc être socialement ou politiquement autorisé à tenir ce discours. Saussure nous l’explique en définissant la langue comme un système de relations qui contient un certain nombre de nécessités et affirme que lorsque qu’il y a un échange linguistique, des gens sont plus autorisés à parler que d’autres. Par exemple, le président Emmanuel Macron peut aller baptiser le paquebot de Saint Nazaire mais pas un professeur de philosophie. Son simple statut lui donne toute crédibilité et il sera forcement pris au sérieux contrairement au professeur qui n’aura aucune légitimité face à la population. Le linguiste américain Austin (20e siècle) a distingué dans son livre Quand dire, c’est faire ce type d’acte de langage comme un énoncé performatif c’est-à-dire qu’il réalise une action par le fait même de son énonciation.        

   Ensuite, certaines pensées, même en étant exprimées, ne peuvent pas être dites. Souvent, des mots sont trop lourds à prononcer alors on préfère utiliser certains synonymes pour rendre l’expression plus facile. Ce sont des euphémismes, ils servent à atténuer des paroles lourdes de conséquences à cause des situations délicates. Par exemple, si on voulait annoncer la mort de quelqu’un, on va préférer utiliser des termes comme « elle est partie » ou encore « elle nous a quittée » plutôt que d’énoncer les vrais mots qui définissent ce qu’il s’est passé. C’est une sorte de protection afin de ne pas être trop dur envers le ou les interlocuteurs.

   Après avoir vu qu’il existe de l’indicible, nous allons tenter de montrer qu’il peut être contester

   En premier lieu, il est impossible de ne pas pouvoir dire quelque chose d’un aspect seulement auditif ; tout peut être dit et affirmé puisque des mots existent pour les dire. Chaque mot peut être relié avec d’autres et n’importe qui est capable de les prononcer donc de parler. Le langage humain est constitué de monèmes, qui sont équivalents aux mots, tous présents dans le dictionnaire, et eux-mêmes composés de phonèmes, qui correspondent aux syllabes, dénouées donc de sens. Il combine les monèmes et phonèmes entre eux afin d’articuler un discours, il y a donc des milliers de combinaisons possibles qui constituent alors une langue. Par exemple, le fait que quelqu’un dise qu’il est incapable d’annoncer la mort de quelqu’un à ses proches est en l’occurrence faux puisque techniquement il a appris à le dire et sait donc s’exprimer, c’est une simple association de sons que tout être sachant parler est capable de sortir.

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