Le travail n'est-il qu'une contrainte ?
Dissertation : Le travail n'est-il qu'une contrainte ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Brin Noah • 11 Novembre 2019 • Dissertation • 2 557 Mots (11 Pages) • 1 135 Vues
Dissertation de Philosophie :
Le travail n’est-il qu’une contrainte ?
L’origine du mot travail vient du latin tripalium, qui était un instrument de torture à trois pieux. Cela est un bon indicateur de la mauvaise vision du travail par la société, et ce, depuis l’Antiquité Romaine. Dans la Grèce antique, seul le travail agricole était mis en valeur. Il fut exclusif aux esclaves dans la plupart des civilisations jusqu’à l’ère industrielle du XIXe siècle. Au XIIe siècle, le sens de travailleur devient plus moderne, signifiant celui qui tourmente. Au Moyen Âge, les “lettrés” méprisaient ce travail agricole, ainsi que tout ce qui ne relevait pas du domaine intellectuel. Le clergé et la noblesse considéraient les travailleurs comme inférieurs. La corvée était d’ailleurs le travail obligatoire gratuit dû par les paysans à leur seigneur, d’où sa signification actuelle : une corvée est bien une tâche obligatoire déplaisante. Au XIIIe siècle cependant, le principe du travail a une meilleure image, et les moines cisterciens, par exemple, se mettent à cultiver leurs domaines. Le travail devint ensuite facteur de production au XVIIIe siècle, puis vu comme une “liberté créatrice” au début du XIXe siècle, car permettant à l’homme de transformer le monde dans lequel il se trouve, ainsi que de se transformer lui-même. Enfin, la notion de salaire vient en contrepartie de la pénibilité du travail, offrant de ce fait la possibilité théorique de s’enrichir par ce même travail. On voit donc que, même s’il est vrai que le travail n’a pas forcément une excellente image, celle-ci a quand même bien évolué depuis l’Antiquité. On est tout de même passé à une tâche réservée à une classe, certes majeure, mais très mal jugée par les castes “supérieures”, à une valeur vraiment forte de nos jours, qu’on récompense , ne serait-ce que par le salaire. Nous pouvons nous demander ce qu’est-ce exactement que le travail. Au sens le plus large, le travail comprend toute production de biens et/ou de services. Le bricolage, les travaux ménagers, la toilette ou encore les dissertations sur le travail, peuvent entrer dans cette définition. Dans un sens plus restreint, le travail peut se définir par l'action de produire de la valeur, des biens et/ou des services, pour un autre individu. Ce périmètre inclut les travaux ménagers, mais exclut par exemple la toilette. Pour Henri Wallon, philosophe, psychologue, et homme politique, travailler c’est « contribuer par des services particuliers à l’existence de tous, afin d’assurer la sienne propre ». On distingue également 3 formes de travail, le travail libre, comme le bénévolat, le travail salarié, celle que l’on côtoie, et enfin, le travail forcé, que l’on pourrait comparer à de l’esclavage. Revenons maintenant sur le travail salarié. Pourquoi la notion de salaire existe-t-elle ? En quoi est-il juste de récompenser le travailleur ? Et bien, si l’on reçoit quelque chose en échange d’un labeur, c’est parce que ce dernier nécessite une certaine “compétence”. En effet, le travail est quelque chose de technique. Encore une fois, à l’instar de la notion de travail, la notion de technique est vague. Elle n’est évidemment pas la même chose selon si l’on est agriculteur, médecin, professeur, ou bien encore sportif de haut niveau. On associe souvent technique et savoir-faire. Effectivement, la technique peut-être considérée comme une sorte de méthode, spécifique à chaque activité. c’est pourquoi le travail est si important. On y consacre une grosse partie de notre temps et énergie, et même si parfois on aimerait ne pas le faire, on y est forcé, ne serait-ce que par notre conscience. Après tout cela, ce que l’on peut se demander, c’est donc si le travail n’est qu’une contrainte. En tant qu’il est destiné à satisfaire nos besoins, le travail n’est-il pas essentiellement une contrainte ? Le travail ne s’oppose-t-il pas, par nature, à notre liberté ? Peut-on cependant réellement envisager de ne plus travailler ? Le progrès technique nous conduit peut-être à un avenir sans travail, faut-il vouloir que les machines travaillent à notre place ? Le travail n’est-il pas ce qui permet de développer nos capacités, notre humanité, notre intégration également ? Le travail ne nous rend-il pas pourtant libre ? Mais comment comprendre alors que le travail soit vécu comme ce qui entrave notre liberté, comme un fardeau ? Est-ce le travail ou les conditions de travail qui nous aliènent ? Nous verrons, dans un premier temps, que le travail est capable de nous libérer, d’une certaine manière. Nous développerons ainsi la question de la technique, celle de l’humanité, ainsi que celle du devoir moral. Ensuite nous verrons en quoi le travail est une contrainte. Nous aborderons les divisions causées par le travail, ainsi que les inégalités qu’il provoque. Nous verrons enfin comment on peut dépasser cette idée de contrainte.
Premièrement, nous allons expliquer en quoi le travail, même s’il est une contrainte qu’il est, est également libérateur.
Pour commencer, nous expliquerons la perception qu’a la société du travail, à savoir comme une sorte de malédiction, tout du moins comme d’une mauvaise chose. Comme nous l’avons expliqué précédemment, le travail a souvent été considéré comme dégradant, presque indigne de l’homme. On pourrait presque penser au “Mythe des races” d’Hésiode, poète grec, qui disait vivre dans l’Âge de Fer, période historique durant laquelle les hommes sont tout juste supérieurs aux Bêtes et ne sont finalement qu’une race au service du panthéon. En effet, les hommes travaillent tellement qu’ils commencent à avoir des cheveux blancs dès leur extrême jeunesse, montrant la torture que représente ce labeur pour eux. On n’est peut-être pas rendu à ce point-là aujourd’hui, mais il faut avouer que ce texte montre la détresse des hommes par rapport à cet exercice. un autre bon exemple est celui du système de l’Antiquité grecque. Après tout, durant cette ère, le travail était exclusif aux classes dites “inférieures”, ainsi il était inimaginable de voir les classes “supérieures” travailler. Le loisir intellectuel, ou “lettré”, ainsi qu’il était appelé primait sur tout. Une des raisons de cette perception dégradante du travail pourrait être le fait qu’il soit comparable à un cycle infini, d’abord la production, puis la consommation, donc la destruction, et ainsi de suite, et que donc, l’homme, en travaillant, se plie aux lois de la nature. Hannah Arendt dit , dans son oeuvre La condition de l’Homme moderne, que le travail fait partie intégrante de la nature. Cependant, et c’est ce qui nous intéresse, elle explique également qu’il faut accepter “de se charger du fardeau, des labeurs et des peines de la vie” car “le “bonheur”, la “joie” du travail est la façon humaine de goûter la béatitude absolue d'être vivant” Ce qui nous permet de nous orienter vers un autre thème déjà abordé, la technique, car si le travail est donc naturel, la technique, elle est, par essence, humaine. À l’instar du travail, la technique a elle aussi été critiquée, notamment par les Grecs, qui, par exemple, méprisaient l’artisanat. L’image de la technique est pourtant bien meilleure que celle du travail, même dans la Grèce Antique. C’est bien Platon, qui le premier, dans son oeuvre Protagoras, connu comme le mythe de Prométhée, décrit la technique comme “un don providentiel permettant aux hommes de mieux affronter la nature”. La technique, tout comme le travail, a cependant besoin d’une certaine humanité pour être bien utilisée.
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