Y a-t-il de l'incommunicable?
Dissertation : Y a-t-il de l'incommunicable?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Louna Dupont • 27 Janvier 2019 • Dissertation • 2 666 Mots (11 Pages) • 1 517 Vues
Intro :
Référence : début du monologue de Lucky, ce personnage déshumanisé dans la pièce En attendant Godot de Beckett
Le théâtre de l'absurde en particulier illustre bien cette notion de l'incommunicable, qui est le fait de ne pas pouvoir exprimer, transmettre, dans le sens de communicare, en latin qui signifie l'action de faire part, mettre en commun. C'est aussi une caractéristique que l'on établit à Dieu, qui ne peut pas communiquer. Ce monologue interroge sur la limite du langage chez l'Homme, en effet, ici, bien que Lucky s'exprime, son discours est t inopérant, n'a aucun sens et ne peut pas être compris par les personnages ni par le spectateur. L'incommunicable est inévitablement lié au langage, mais est-ce seulement la défaillance du langage qui rend nos pensées incommunicables ?
Si communiquer c'est matérialiser ses pensées dans un code perceptible et interprétable, c'est bien cette « matérialisation » qui pose problème . Comment matérialiser un sentiment très personnel et particulier, un traumatisme ou un événement qui nous dépasse en utilisant un langage du sens commun pour se faire comprendre de tous ? Ainsi, nous pourrions penser que notre fond particulier est incommunicable par le langage quotidien, celui dans lequel on est capables de se faire comprendre. Une nouvelle difficulté se pose à nous : communiquer veut-il dire se faire comprendre ? D'un côté non, si l'on restreint le champ de la communication à l'échange linguistique, et mm des personnes parlant la même langue peuvent avoir du mal à se faire comprendre. Mais d'un autre côté oui, si cela suppose l'engagement de toute la personne et que l'on fait référence aux mêmes codes.
L'incommunicable serait donc à la fois le fait que l'on ne puisse pas matérialiser par le langage ce que l'on pense mais également une défaillance de transmission à l'autre → même si je parviens à matérialiser par des mots, au autre forme d'expression d'ailleurs ne se fait pas comprendre → mais ne serait-ce pas un signe de nos pensées confuses, un fond obscur au final et pas un problème de langage en lui-même ?
Cela nous amène donc à nous demander si l'incommunicable est l'incarnation de la limite du langage ou est-ce une preuve de l'obscurité de notre fond qui préférerait alors communiquer par le silence et par l'art ?
I- L'incommunicable n'est-il qu'un problème de langage ?
1) Penser un langage universel pour supprimer l'incommunicable ?
2) Transmettre par le langage commun → limite singularité de chacun
3) L 'incommunicabilité signe de nos pensées confuses que nous n'arrivons pas à exprimer ?
II- Le silence est-il la réponse à l'incommunicable ?
1) Silence s'oppose à la communication
2) Forme qui dépasse le langage quotidien, commun
3) Au final volonté de communiquer coûte que coûte
III- Comment dépasser l'incommunicable par l'art ?
1) Subjectivité de l'art + art ne fait qu'exprimer cet incommunicable mais ne le rend pas communicable pour autant
2) Donner du sens à l'incommunicable et l'exprimer pour tendre à le communiquer
I) Incommunicable, seulement un pb de langage ?
1- Suffit-il de parler la même langue pour se comprendre/communiquer ? Cela facilite mais est-ce une condition nécessaire ?
• Nous pouvons nous demander si parler tous la même langue, en ayant la même richesse de vocabulaire permettrait de faciliter la communication... Pour cela, on peut penser à la langue universelle (langue artificielle destinée à un usage international) est pensée par de nbx philosophes, de Bacon, Descartes, Pascal ou « caractéristique universelle » chez Leibniz qui ira même jusqu'à concevoir précisément le projet d'une telle langue. Mais problème : une langue évolue et est relative à des conditions de vie, à des usages particuliers, donc il ne pourrait pas y avoir de langue universelle comme une logique formelle. Cela ruinerait la spécificité des langues parlées.
→ aussi une culture, un système de valeurs propre à la société dans laquelle la langue est parlée
→ enfants peuvent communiquer par le jeu sans forcément parler la même langue
• Mais, pour qu’ils puissent faire sens – voire sens commun – les mots doivent être compris et donc appartenir en même temps aux deux interlocuteurs. Rendre communicable un mot, une idée, cela désigne une sorte de troc dans lequel se retrouvent pour un partage et un compromis les deux interlocuteurs en présence. Pour que cet échange soit réalisable, il faut que le mot n’appartienne ni exclusivement à l’un ni totalement à l’Autre, et que son sens soit identifiable par chacun. Le mot doit appartenir à tout le monde en général, c’est-à-dire… à personne en particulier
2- Transmettre par le langage commun limite singularité de chacun
Il me semble qu’il y a en cet endroit précis un nœud qui pose problème : entre le langage, les mots communs à un groupe humain, et la singularité, le vécu de ceux qui portent et parlent ces mots, il existe un décalage.
Klossowski ¬appelle¬«¬notre ¬fond¬»¬–¬demeure ¬incommunicable.¬Or ¬toute pensée n’a-t-elle pas partie liée avec la raison et le langage ? si, comme le disait Wittgenstein, penser est « essentiellement une activité qui opère sur les ¬signes¬», que¬ signifie ¬penser¬ ce ¬qui¬ échappe¬ à ¬ces¬ derniers¬?¬ Peut-on penser l’incommunicable, le « fait vécu¬» ¬ou ¬l’«¬idée folle¬»¬?¬ En¬ aucun ¬cas défend Klossowski¬:¬«¬notre ¬fond-n’est¬ pas ¬échangeable,¬ parce¬¬ qu’il ne signifie rien¬». Les paroles permettent l’échange ou la communication entre¬ les ¬hommes ¬parce¬¬ qu’elles¬ sont ¬signifiantes,¬et¬ la¬ signification¬ est indissociable¬ de ¬la ¬généralité ¬sociale ¬qui¬ la ¬définit¬ et¬ en ¬règle ¬¬l’usage .Par conséquent, à se maintenir
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