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Avons-nous un monde en commun ?

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Par   •  8 Avril 2021  •  Dissertation  •  6 462 Mots (26 Pages)  •  1 411 Vues

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Avons-nous un monde commun ?

(Introduction)

Tout homme a conscience à la fois de faire partie de l’espèce humaine, et que cette même espèce occupe à sa manière une partie de l’univers, à savoir la planète terre. L’homme paraît avoir accès à un ensemble de ressources naturelles comme bien commun, mais qu’il divise en territoires ayant leurs lois et coutumes. Or, la cité Grecque n’est pas la cité Perse, et pire encore aujourd’hui, les Etats du tiers-monde ne sont pas les Etats du premier monde : les diverses frontières humaines semblent séparer ce que nous pensions être le monde, en plusieurs mondes (au sens métaphorique).

Qu’est-ce qui pourrait donc nous amener à penser que nous appartenons tout de même à une même cité, que nous avons un monde commun, qui serait celui d’un citoyen du monde ? Quelle serait la modalité du verbe « avoir » dans ce cas là ?

Penser la totalité des phénomènes de l’univers en tant que partie, bien qu’une partie qui serait citoyenne du monde, c’est toujours, puisqu’on ne rencontre jamais cette totalité que de manière partielle, d’un point de vue isolé et incomplet, la penser du point de vue de notre représentation subjective (que celle-ci soit psychologique, métaphysique ou même épistémologique). Mais alors, si on ne rencontre jamais d’autre monde que celui de notre propre représentation, comment penser que nous pourrions même partager le monde des autres représentations humaines, qui nous sont inaccessibles : comment pourrions nous même en ce sens avoir un monde commun?

D’un coté, le monde semble effectivement divisé en plusieurs mondes humains institués, nous éloignant d’un ordre naturel du monde qui serait celui de tout homme. D’un autre coté, n’ayant accès à aucun autre monde qu’à celui de notre propre représentation, comment pourrions-nous même espérer partager celui de la représentation des autres? Dès lors que nous aurions surmonté ces deux premières voies de questionnement, il semblerait qu’on aurait négligé un problème plus grand encore quant à savoir si nous avons un monde commun : il nous faut en effet considérer dans un troisième et dernier temps qu’un monde juridico-politique est à construire, dans la mesure où un ensemble de priorités vitales sur terre concernent l’humanité tout entière. Mais en tant que tous ne se sentent pas nécessairement concernés par les problèmes d’une autre partie du monde que la leur, comment peut-on encore prétendre que nous avons un monde commun ?

(I)

Si les hommes sont censés avoir un monde commun, on peut assez souvent être amenés à avoir cette image d’une planète terre qui nous aurait été léguée à la fois par la nature et par les générations précédentes. Mais ce monde que nous avons en commun est toujours un monde qui a la marque de l’homme, qui est si l’on veut, transformé ou en tout cas occupé par les divers territoires humains. Un territoire qui interdit la culture des OGM, et un autre qui les autorise, un territoire dans lequel la race bovine est sacrée et un autre dans lequel on l’élève en masse comme produit de consommation industrielle, un territoire où l’on vit de l’agriculture de ses propres terres et un autre plutôt de l’industrie et des hautes technologies qui importe plutôt l’agriculture des autres, chaque territoire implique une organisation si radicalement différente de leurs ressources naturelles et de leurs modes de vie qu’ils laissent penser que concrètement le monde n’est pas un bien commun, qu’on ne le partage pas comme quelque chose que nous aurions en commun. Les frontières sont aussi administratives et guerrières. Je ne vais pas dans un autre pays sans difficulté, en particulier si mon pays est ennemi de celui-ci, ou a des relations diplomatiques compromettantes. Pourtant en tant qu’homme on se sent appartenir au même genre humain que ceux qui dans un autre territoire que le notre organisent leur monde différemment, on se sent en ce sens habiter le même monde. Mais comment pourrions nous habiter le même monde comme une même cité sachant tout ce qui peut si radicalement séparer une cité d’une autre ? Qu’est-ce que cela signifie donc ? Sur quoi repose cette conception selon laquelle nous serions ou pourrions être citoyens du monde ? Ne pense-t-elle pas un monde utopique et infondé?

Nous nous sommes ici un peu trop limités à l’acception politique de la notion de monde, et avons un peu trop vite confondu monde et organisation géo-politique, voire symbolique. Il y aurait alors d’un coté le monde des institutions humaines, d’un autre coté le monde naturel que nous négligeons. Mais on voit bien qu’une telle distinction semble fragile. D’abord on voit mal ce que serait un tel monde en dehors de toute institution humaine en tant que tout ce que nous connaissons du monde comprend tout ce que l’homme a pu occuper d’une manière ou d’une autre, sans quoi on voit mal comment on pourrait même en parler. Mais ce que l’on ne peut négliger en tout cas, quand bien même on critiquerait ultérieurement ses présupposés métaphysiques, la réalité objective du monde physique et biologique : la totalité des phénomènes régis par les lois de l’univers, et sur terre en particulier un écosystème, une chaîne alimentaire, un ensemble d’interaction et de développements des vivants auquel nous appartenons en tant qu’hommes. Le monde que nous avons en commun, en tant qu’homme, partie de l’univers, et espèce vivante parmis les espèces vivantes, est un monde où règne la nécessité. Si le monde humain prétend jouir d’une certaine liberté, d’un certain contrôle et d’une certaine maîtrise par laquelle il peut transformer plus considérablement son environnement à sa guise, il n’en est pas moins toujours partie de cet univers, et espèce vivante parmi les espèces vivantes d’un même écosystème. Si donc un certain ordre naturel, un certain équilibre de l’écosystème a pu précéder sa venue, a-t-il eu alors le choix de respecter cet ordre et ses lois ou de les transgresser, comme un citoyen d’une cité a toujours le choix d’obéir aux lois de sa cité ou de les transgresser ? Peut-être l’homme a-t-il donc oublié qu’être citoyen du monde, ce n’est pas seulement être citoyen du genre humain, de ses affaires, de ses institutions, mais citoyen d’une totalité et d’un ordre total des vivants et des phénomènes dont il n’est qu’une partie. Sans pour autant verser dans l’anachronisme d’un écologisme militant avant l’heure, c’est

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