Levasseur à Descartes

Levasseur à Descartes – Boucherville, août 2017*****

Monsieur,

En tant que philosophe, mathématicien et scientifique de renom, vous n’êtes pas sans savoir que vos idées et votre doctrine s’inscrivent dans le pur courant de pensée de l’époque moderne; époque qui a vu émerger le capitalisme ainsi que de nombreux courants artistiques devenus des classiques au fil des époques, tel que le classicisme et le baroque pour n’en citer que quelques-uns. De plus, l’avènement de la révolution scientifique, entamée par des pionniers, tel que Copernic et Kepler, poursuivie plus tard par Galilée, vous a on ne peut plus fortement influencé dans votre cheminement et dans la naissance du rationalisme, courant philosophique dont vous êtes évidemment le père. Humblement, j’imagine que vous vous sentez très choyé d’être partie prenante de cette époque de changement et de révolution, tant sur le plan philosophique que sur le plan scientifique (découverte de l’héliocentrisme et apparition de la physique galileo-cartésienne).

Justement, entretenons-nous de ce fameux rationalisme. Je dois vous faire un aveu : votre capacité à remettre en question absolument tout, sauf évidemment que nous pensons, donc que nous existons et que Dieu existe, me fascine, car elle vous a amené à rejeter les anciennes conceptions que vos contemporains acceptaient pour la plupart sans broncher, mais pas seulement. En effet, vous doutez même de vos perceptions physiques et sensorielles ainsi que de la réalité matérialiste, et tout ceci constitue les fondements de votre mode de pensée idéaliste, que l’on appellera le doute systématique. Cependant, il faut être sot pour croire que votre philosophie se résume à si peu, même si selon votre dogme, l’être humain est totalement libre de ses actions et peut croire en ce qu’il désire. On peut notamment se pencher sur votre vision du corps, à contrario de votre vision de l’esprit, qui stipule que le corps ne peut accueillir la conscience et le sujet pensant d’un individu et que ces deux entités, à savoir le corps et l’esprit, s’opposent en tous points. Cette vision, toute en dualité, tend à définir le corps comme un objet de la pensée, un robot en quelque sorte, qui est le siège des émotions et de la passion, tandis qu’elle définit l’esprit comme le trône de la pensée ainsi que de la raison, et dissocie complètement ces deux concepts.

C’est d’ailleurs ce dualisme qui me hante, car, selon moi, il transforme la rationalité en un obstacle au sentiment amoureux. Je sais bien que vous ne vous êtes pas étendu sur celui-ci, mais je crois qu’il est maintenant temps de s’y pencher, car cette thèse est une entrave à l’amour, car si on divise nos sentiments de notre raison, alors nous ne pouvons les vivre dans toute leur splendeur et profiter au maximum de cette bénédiction de Dieu. En addition, si on doute de tout, alors on doit douter de cette même émotion, et lorsqu’on doute de notre amour, il peut être difficile de bâtir une relation amoureuse stable.

Au plaisir de vous réécrire,

Félix-Antoine Levasseur

Étudiant

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