Le Rire Un Phénomène Sociale
Mémoire : Le Rire Un Phénomène Sociale. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar manu59 • 29 Janvier 2012 • 1 230 Mots (5 Pages) • 1 651 Vues
Pourquoi rit-on ? Plus qu'un phénomène physiologique et réflexe, le rire occupe une fonction sociale majeure dans l'appréhension de l'interculturel. Le corpus qui nous est présenté témoigne en effet, par l'objet même qu'il tente de circonscrire, des nombreux questionnements qu'a suscités le phénomène du rire. Le philosophe Bergson montre qu'en participant à une identité collective, le rire façonne la vie sociale. Dans un article récent, Laurence Consalvi rappelle également que le rire ouvre un espace socialisant de rencontres et d'échanges. Les deux autres documents, le prologue de Gargantua de Rabelais et l'affiche du Dictateur de Chaplin, nous amèneront à nous interroger plus fondamentalement sur les enjeux culturels du rire : en répondant à plusieurs exigences existentielles, n'a-t-il pas conséquemment une portée sociale et morale régulatrice ? Nous nous proposons d'aborder ces problématiques selon une triple perspective : la fonction sociale du rire, sa portée critique et enfin sa dimension symbolique.
En premier lieu, le rire a une valeur sociale : il constitue en effet l'une des formes essentielles par lesquelles s'expriment les rapports humains. C'est à une analyse de cette fonction sociale du rire que se livre le philosophe Henri Bergson dans un court traité demeuré célèbre depuis sa publication en 1924 : Le Rire. Essai sur la signification du comique. L'auteur fait tout d'abord remarquer que si le rire s'applique toujours à ce qui est proprement humain, il nécessite cependant un mouvement de mise à distance de l'affectif, de l'émotion et de la sensibilité. Bergson s'en explique en attirant l'attention sur le fait que le comique ne présuppose pas seulement ce qu'il appelle "une anesthésie momentanée du cœur", mais dans le même temps qu'il détermine la recherche d'une communication et d'une intelligence commune : en ce sens, comme Bergson le rappelle, le rire est rassembleur : "On ne goûterait pas le comique, fait-il remarquer, si l'on se sentait isolé. Il semble que le rire ait besoin d'un écho".
Laurence Consalvi nous rappelle également dans un article universitaire, mais intitulé sous forme de boutade "Des écla... boussures de rire", (in Deux mille ans de rire, permanence et modernité, Paris, Les Belles Lettres, 2002), que le rire, en tant que communication non verbale, instaure une rencontre. Par son rire, l'individu communique volontairement ou non, des intentions, des sentiments, des jugements. On pourrait aussi faire remarquer combien à travers l'Affiche du Dictateur (1940), le burlesque de Charlie Chaplin invite à un échange : il y a donc une sorte de réciprocité et de complicité dans la rencontre des rieurs. Cette fonction sociale du rire est superbement mise en évidence par Rabelais : rédigé en 1534, le « Prologue » de Gargantua, a immortalisé une expression restée célèbre : "rire est le propre de l'homme". En ce sens, il permet de désamorcer les manifestations agressives en amenant un "recul" que les gens trop sérieux n'ont pas. Mais le rire ne saurait se borner à cette seule fonction sociale. Il est aussi un mode d'interpellation et d'interrogation essentiel.
N'oublions pas que le rire est moins un divertissement qu'un avertissement : il revêt en effet une fonction critique qui l'associe à la liberté d'expression. Dans le prologue de Gargantua, texte largement provocateur et sacrilège, si Rabelais fait du rire "le propre de l'homme", c'est qu'il lui assigne des exigences avant tout éthiques : il ne suffit point de préférer le rire aux larmes, le rire doit avoir une légitimité morale. S'il permet, comme nous l'avons vu précédemment chez Bergson, de prendre du recul, c'est peut-être pour mieux combattre les préjugés. Ainsi constitue-t-il une arme redoutable pour dénoncer les tyrannies de toute sorte : cet aspect critique du rire
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