Autrui n'est-il qu'un objet de désir ?

Autrui n'est il qu'un objet de désir ?

Le film "les ailes du désir" narre l'histoire de deux anges immortels , contemplant la ville de Berlin. Lorsque

l'un d'entre eux s'entiche d'une trapéziste , il choisit de renoncer à son immortalité pour devenir mortel à son tour

pour pouvoir l'approcher , et ainsi ressentir les agréments sensoriels que procure le désir Humain.

Alors Autrui n'est - il qu'un objet de désir ?

Spontanément , on pense qu'Autrui est un objet de désir ou d'amour , car sans Autrui , nous ne pouvons être Homme

, et l'Homme est un être de désir. Cependant , désirer autrui est un procédé détourné visant à recevoir de la

reconnaissance de sa part. Dès lors , n'est-il pas primordial de revoir la considération que nous apportons à l'autre ?

En ce sens , Autrui ne serait plus réduit à un objet , mais bien à un sujet.

Premièrement nous verrons donc en quoi Autrui est bien l'objet de nos désirs , deuxsièmement nous contesterons

ceci en présisant que nous désirons Autrui car nous souhaitons être reconnus puis désirés à notre tour , et enfin

troisièmement nous tenterons d'apporter une solution morale au problème en revoyant la place d'Autrui dans la société.

Il semble qu'Autrui est donc d'abord et avant tout un objet de désir. Or , le désir , à distinguer du besoin

qui paraît plus naturel et nécessaire, c'est la quête d'un objet que l'on imagine être source de satisfaction ,

l'inclination première de l'

Homme. Autrui , un autre que moi , serait donc un objet que nous aimerions détenir. Pour quelles raisons ?

Tout d'abord , il y a le désir sexuel , qui est lié au besoin naturel de veiller à la survie de notre propre

espèce. L'exemple le plus parlant est celui du personnage de Dom Juan , qui ne vit qu'à travers sa recherche du plaisir et

de la jouissance. Se représentant la fidélité ou la constance comme une mort de l'esprit , il est en ce sens un hédoniste

maniaque. L'hédonisme , doctrine philosophique élevant le plaisir comme objectif de la vie humaine , pourrait donc dès

lors "expliquer" le désir inconditionel que voue Dom Juan à toutes les femmes , ou certains comportements déviants, comme

les hommes faisant appel aux services de prostitués : ils ne font qu'obéir à leur désirs et cherchent à les assouvir.

D'autre part , nous pourrions estimer que tous nos désirs , incluant le désir d'Autrui , ne seraient en réalité

qu'un échappatoire pour oublier nos conditions ,notre misère, la vanité de l'existence.. C'est ce que Pascal nomme le

divertissement. En effet , dans ses Pensées , il élève au même rang des activités que nous pourrions penser opposées :

la conversation des femmes (liée au désir érotique), le jeu, la guerre et les grands emplois. Ainsi , le message livré

est clair : toute activité ,et donc tout désir , noble ou frivole , n'est qu'une fuite , une fuite de nous mêmes.

Enfin , nous pouvons désirer Autrui dans le sens où celui ci nous aide à nous juger nous même , à prendre

du recul par rapport à nos actes ; la relation avec Autrui nous vide de nous même. En effet , c'est à travers le regard

de l'autre que nous existons réellement.

C'est d'ailleurs ainsi que Maurice Merleau Ponty explique la pudeur. Pour lui , lorsque nous dévoilons notre corps à un

autre, nous le faisons soit dans l'intention de susciter son désir , ou par crainte. Cette crainte que nous pouvons ressentir

s'explique par le fait que le regard d'Autrui nous "dérobe à nous mêmes" , et que nous nous sentons sans défense.Dès lors

s'installe une relation de maître ou d'esclave entre moi et Autrui.

Cette dernière théorie soulève la question de ce que nous désirons réellement en désirant Autrui.

Nous venons donc de voir que nous désirons Autrui pour ce qu'il peut nous apporter. Seulement , notre désir

prioritaire n'est-il pas celui d'être reconnus ? Ce désir de reconnaissance ne passe t'il pas à travers Autrui lui même ?

Désirons nous Autrui, ou désirons nous ce que désire Autrui ?

La réalité serait donc que nous désirons ce que désire Autrui , plus que nous désirons Autrui lui même.

D'une

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